Préfecture de police

2e brigade de recherches

Cabinet

1er bureau

Perquisitions chez des anarchistes

Paris le 22 avril 1892,

Rapport

J’ai l’honneur de rendre compte du résultat des perquisitions faites ce matin au domicile des anarchistes ci-après désignés.

1° Duprat :

Par M. Bernard, commissaire de police du quartier Gaillon :

Chez Duprat,François, Louis, restaurateur 6 rue Joquelet. On a saisi des brochures, des manuscrits, un revolver non chargé et un couteau-poignard.

Duprat a été incarcéré au Dépôt à la disposition de M. Anquetil, juge d’instruction.

2° Constant Martin :

Par M. Bureau, commissaire de police du quartier du Mail.

Chez constant Martin, crémier 3 rue Joquelet. On a rien trouvé et cet anarchiste a été laissé en liberté.

3° Cottée :

Par M. Dresde, commissaire de police du quartier de la Porte St Martin.

Chez Cottée Eugène, Edouard, artiste peintre, 5 rue d’Ormesson. On a trouvé un grand nombre de placards anarchistes, des journaux Le Père Peinard, Le Conscrit, l’Insurgé et des brochures.

On a pas trouvé d’explosifs, ni d’armes.

Cottée n’a opposé aucune résistance et n’a pas paru surpris de son arrestation.

4° Nikitine :

Par M. Dupouy, commissaire de police des quartiers de la Muette et de la Porte Dauphine.

Chez Nikitine, 68 rue (?). Sa femme a déclaré qu’il était parti à Londres dimanche dernier pour faire un travail en langue russe dans une imprimerie.

Elle était couchée avec l’anarchiste Carteron. On a rien trouvé de suspect. Plusieurs lettres ont été saisies, entre autres une de Nikitine que sa femme avait reçue dans la journée. On a trouvé aussi un exemplaire du journal Le Riflard.

Carteron et la femme Nikitine n’ont fait aucunerésistance. La femme Nikitine a dit que c’était la troisième fois qu’on venait faire cette opération chez elle et elle a signé le procès-verbal après en avoir entendu lecture.

5° Roy :

Par M. Duranton, commissaire de police du quartier de St Gervais.

Chez l’anarchiste Roy Auguste, 40 rue François Miron. On y a trouvé que son père. La perquisition n’a rien fait découvrir.

6° Ricois :

Par M. Charlier, commissaire du quartier de l’Arsenal.

Ce magistrat a arrêté l’anarchiste Ricois au Journal officiel où il travaille (?) quai Malaquais (à 6 heures du matin). Ricois Charles, Victor demeure 204 rue Saint-Antoine où il a été conduit.

Son arrestation est maintenue pour participation à une association de destruction envers les personnes et la propriété et il est au Dépôt.

On a saisi chez lui un billet de félicitations de Louise Michel lors de sa condamnation à 6 mois de prison et 3.000 francs comme gérant de la Révolution sociale et une lettre de remerciement de Clément Duval datée du 4 janvier 1887, pour un envoi d’argent.

Ricois a déclaré qu’il ne s’occupait plus des compagnons et qu’il ne fréquentait plus les réunions des groupes depuis 1884, époque à laquelle il est entré au Journal officiel.

7° L’imprimerie Guérin et Derenne :

Par M ; Brissaud, commissaire du quartier Bonne Nouvelle.

En exécution d’un mandat délivré par M. Dopffer, juge d’instruction, M. Brissard a perquisitionné l’imprimerie Guérin et Derenne, 26 rue des Petits Carreaux, à l’effet de saisir tous documents se rattachant à la publication du journal anarchiste Le Père Peinard.

MM. Guérin et Derenne n’étaient pas à leur imprimerie, la perquisition a été faite en présence du concierge le sieur Ducastel.

M. Brissaud a saisi 10 feuilles manuscrites ayant servi à la composition du journal le Père Peinard n°162, portant la date du 24 avril au 1er mai 1892, cinq exemplaires du dit n°, neuf exemplaires du même journal n°161, quarante et une épreuves d’articles du Père Peinard et une affiche intitulée Le Père Peinard au populo et une affiche relative aux élections municipales du 1er mai.

M. Brissaud a constaté que le journal Le Père Peinard se composait dans la dite imprimerie, mais n’a rien découvert qui puisse prouver qu’il s’y tire et à la dernière page du dernier n° paru, on trouve toujours : Imprimerie spéciale du Père Peinard 4 bis rue d’Orsel. Paris.

8° Leboucher :

Par M. Benezech, commissaire de police.

Chez Leboucher Edouard, Léon, 75 bld de la Villette. On n’a rien trouvé mais cet anarchiste a été mis en état d’arrestation sur mandat décerné par M. Dopfer, juge d’instruction.

Leboucher est au Dépôt.

9° Gilles :

Par M. Allard, commissaire de police du quartier de l’Hôpital St Louis.

Chez l’anarchiste Gilles Jean-Baptiste, domicilié chez sa maîtresse la femme Lefèvre, 9 rue Vic d’Azir. On a saisi 4 volumes sur l’anarchie. Gilles a été arrêté. Il est au Dépôt.

10° Fauvet :

Par M. Brougnard, commissaire de police du quartier des Invalides.

Chez Fauvet Richard, Eugène, logeant 24 rue Ramey. On n’a rien trouvé. Cet anarchiste a été arrêté. Il est au Dépôt.

11° Louvet :

Par M. Cazaneuve, commissaire du quartier de la Madeleine.

Ce magistrat était chargé de perquisitionner chez l’anarchiste Louvet qu’on avait signalé comme étant domicilié chez un sieur Galvani, 22 rue (?).

Ce sieur Galvani a déclaré que Louvet avait effectivement logé et travaillé comme ouvrier chez lui, mais qu’il en était parti depuis un mois et demi et qu’il ne pouvait donner aucun renseignement sur son sort actuel. Aucune opération n’a donc été faite.

12° Moucherand :

Par M. Busschère, commissaire de police du quartier Notre dame des Champs.

Chez Moucherand Adrien, Eugène, lithographe, demeurant 43 boulevard St Germain. On a trouvé que des brochures et des manifestes anarchistes qui ont été saisis.

Moucherand contre lequel on avait un mandat décerné parM. Dopfer, juge d’instruction, est arrêté et au Dépôt.

13° Carattoni :

Par M. Tremblier de Chauvigny du quartier du Lac St Fargeau.

Chez Carattini Francesco, demeurant 94 rue de Belleville. Différents papiers et brochures ont été saisis.

Le sieur Carattoni a été arrêté et est au Dépôt.

L’officier de paix.

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Préfecture de police

Police municipale

XIe arrondissement

M. Chapel

Officier de paix

Anarchistes

Paris le 22 avril 1892

Rapport spécial

A 6h25 du matin, M. Leygomé, commissaire de police a consigné à sa disposition au poste de la Roquette, comme anarchiste le nommé Ridou Paul, 24 ans, né à Paris, ébéniste, demeurant 25 rue de la Roquette.

A 7h du matin, M. Hannon, commissaire de police a consigné à sa disposition au poste St Ambroise le nommé Cabot Gabriel, 32 ans, né au Charolais (Seine-et-Loire), typographe, demeurant 33 rue des Trois Bornes, comme anarchiste.

A 5h du matin, M. Vérillion, commissaire de police a arrêté à domicile, 5 porte de la Reuss, le nommé Guillet Hyppolyte, 32 ans, né à Ruillet (Mayenne) se disant garçon boulanger, anarchiste. Ce magistrat l’a consigné à sa disposition au poste de Folie Méricourt.

L’officier de paix

SOURCE : Archives de la Préfecture de police Ba 77

Lire aussi : Avant les lois scélérates, 66 anarchistes arrêtés, en région parisienne, le 22 avril 1892, par 50 commissaires de police