Je me nomme Mercier Henri, déjà interrogé.
Q. Veuillez nous faire connaître vos antécédents.
R. J’ai habité Angers de 1888 à 1893. Je suis entré chez M. Hamard le 20 septembre 1889 et sorti le le 23 juillet 1893 pour aller habiter Trélazé.
Q. Vous avez connu à cette époque à Angers Riemer et Tennevin ?
R. Je les ai entendu dans des réunions publiques ; mais je n’assistais pas à la réunion de Riemer à Trélazé, réunion pour laquelle il a été condamné par contumace à Angers, à 2 ans de prison.
Riemer doit actuellement être arrêté, quant à Tennevin, je ne sais pas où il est en ce moment-ci.
Q. Vous n’êtes pas marié ?
R. Non, monsieur. Je vis en concubinage avec une jeune fille d’Angers qui s’appelle Célestine Béthoré.
Q. Vous êtes désigné, ainsi que je vous l’ai déjà fait connaître et connu par les anarchistes des autres régions. C’est vous qui, avec Chevry avez reçu au cours du mois de décembre dernier, le placard « Les dynamitards aux panamitards », placard qui ne vous est pas parvenu uniquement parce qu’il a été saisi à cette époque ?
R. Je n’ai jamais reçu ce placard. Il est probable qu’il m’a été adressé à Angers et non à Trélazé où j’habite.
Q. En effet, vous avez également reçu le placard « A Carnot, le tueur » ? On a saisi chez vous l’Almanach du Père Peinard pour 1894, le journal du Père Peinard du 1er au 8 octobre 1893. Des chansons anarchistes très dangereuses, notamment une chanson, au dos de laquelle est écrit cette phrase : « Mais on feint ? Toujours à [illisible] pour l’extermination de cette race de parasites » (pièce à conviction lettre G) ?
R. En réalité je n’ai jamais reçu les placards puisqu’ils ont été arrêtés. En outre je n’habite plus Angers et l’adresse était fausse.
Quant aux autres publications qu’on a saisis chez moi, je les avais achetées au marchand de journaux. Enfin, je ne peux pas dire comment la chanson, au dos de laquelle se trouve la phrase que vous venez de me citer, a pu être chez moi. Je crois qu’on me l’a prêtée pour la copier.
Q. Avez vous toujours assisté aux réunions données par Philippe à Angers ?
R. J’ai assisté à une, celle du 15 octobre et encore je ne suis pas resté jusqu’à la fin.
Q. Vous avez connu à Trélazé, Hamelin et Sèvre ?
R. J’ai connu Hamelin, il y a 3 ou 4 ans, très peu. Je ne connais pas Sevre.
Q. Vous n’avez jamais été de la Fédération socialiste de l’Ouest ?
R. Non, monsieur, elle n’existait plus quand je suis revenu du régiment.
Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.
2 U 2-142 Archives départementales du Maine-et-Loire
Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates