8e interrogatoire de Régis Meunier par le juge d’instruction d’Angers le 3 mars 1894

Je me nomme Régis, Auguste Meunier déjà interrogé.

Q. Dans un de ses interrogatoires, le sieur Dubois, cordonnier à Angers, a déclaré qu’il vous connaissait et qu’il vous avait reçu chez lui. Ce fait est-il exact ?

R. En effet, j’ai travaillé chez Dubois comme ouvrier, avant d’avoir fini mon apprentissage, au cours de l’année 1893. Ce devait être vers le mois de mai, peu de temps avant la grève des tisseurs.

Je suis resté chez Dubois environ deux mois. Je faisais des réparations à mon compte et en même temps, Dubois m’apprenait la réforme.

Quand j’ai vu que la grève n’en finissait pas à Angers et qu’on m’interdisait l’entrée de la Bourse du travail, j’ai quitté Angers.

Ni Dubois, ni sa femme n’étant anarchistes, bien au contraire.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

9e interrogatoire de Régis Meunier par le juge d’instruction d’Angers le 7 mars 1894

Je me nomme Régis, Auguste Meunier déjà interrogé.

Q. Veuillez nous faire connaître quel est le but que vous poursuiviez en faisant à la date du 21 janvier 1892, un factum dans lequel vous poussez à l’emploi de la force et vous menacez les prêtres de mort ?

R. J’ai fait cela en subissant à Nantes une détention de 14 mois du 2 juillet 1891 au 30 août 1892.

La preuve que j’ai fait cela en prison, c’est que le factum est écrit sur du papier jaune avec lequel on fait des sacs dans les prisons.

Il a été vu avec tous mes papiers à ma sortie de prison, à cette époque, personne ne m’en a rien dit.

Q. Savez-vois ce qu’est devenu le sieur Sèvre chez lequel vous logiez à Lambézellec ?

R. Sèvre était dessinateur au port. On m’a dit qu’en partant de Brest, il avait été au Havre. Je ne l’ai jamais vu, ni connu.

Q. Savez-vous également ce qu’est devenu le sieur Mallégol* ?

R. Mallégol est un jeune homme de 16 ou 17 ans, fils d’un anarchiste de Brest qui est mort, je crois, en 1893.

Le jeune homme a habité, après la mort de son père, pendant quelques semaines à Keranfurus.

Puis il est parti pour St Nazaire, chercher de l’ouvrage et il avait écrit au gérant de la maison où j’habitais de lui envoyer ses affaires. C’est comme cela que j’ai eu l’occasion de lui écrire, pour lui annoncer l’envoi qu’il demandait. J’avais une lettre toute faite sur moi quand j’ai été arrêté.

Je lui écrivais alors chez Vince rue des Chantiers. C’est un café où tous les ouvriers descendaient.

Lecture faite, l’inculpé signe avec nous et le greffier.

*Alfred, Jean-Marie Mallégol, né le 7 octobre 1877 à Brest (Finistère). Mort le 8 août 1895 à Brest.

2 U 2-142 Archives départementales du Maine et Loire

Lire le dossier : Les anarchistes à Angers : premières victimes des lois scélérates