Le Figaro 8 août 1894. Gallica.
COUR D’ASSISES DE LA SEINE Présidence de M. Dayras, conseiller. Audience du 6 août. AFFILIATION A UNE ASSOCIATION DE MALFAITEURS, (LOI DU 18 DÉCEMBRE 1893). — VOLS QUALIFIÉS ET COMPLICITÉ. — DÉTENTION D’ARMES PROHIBÉES. — DÉTENTION D’ENGINS EXPLOSIFS ET DE SUBSTANCES DESTINÉES A ENTRER DANS LA COMPOSITION D’UN EXPLOSIF.
Aujourd’hui commence, devant la Cour d’Assises, une grave et longue affaire, dans laquelle le ministère public demande la première application de la loi du 18 décembre 1893 relative aux associations de malfaiteurs.
Les précautions d’usage ont été prises, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du Palais. De nombreux gardes surveillent toutes les issues. A midi, les vingt-cinq accusés sont introduits dans la salle d’audience. C’est dans celle-ci que M. le président procède au tirage du jury de jugement, les accusés étant trop nombreux pour que cette opération puisse avoir lieu, comme d’habitude, en chambre du conseil.
Un assesseur est adjoint à la Cour et deux jurés supplémentaires sont tirés au sort en raison de la longueur présumée des débats. L’affaire est en effet indiquée pour toute la semaine.
Parmi les accusés, se trouvent des littérateurs, des journalistes, un peintre, des ouvriers, des employés; quatre femmes sont plus particulièrement compromises dans des vols reprochés à certains des accusés. Au premier rang on voit M. Jean Grave, dont on ne rappelle la comparution devant le jury et la : condamnation, le 24 février dernier, pour ses théories anarchistes. A côté de lui est assis M. Sébastien Faure, orateur disert, qu’on qualifie d’ordinaire d’avocat des anarchistes.
Plus loin, c’est M. Fénéon, grand, maigre aux traits durs et impassibles, les lèvres rasées, ne portant qu’une barbiche au menton; quand il a été arrêté, il était commis principal au ministère de la guerre. Cinq accusés sont en fuite : Paul Reclus, Constant Martin, Jean Pouget, Louis Duprat et Alexandre Cohen.
Les accusés occupent non seulement les places habituelles, mais aussi tous les bancs de la presse, à laquelle des tables ont été réservées dans la salle.
L’assistance est peu nombreuse et se compose en grande majorité d’avocats en robe.
Sur la table des pièces à conviction, on remarque un certain nombre d’objets provenant des vols reprochés à plusieurs accusés, de lettres et de brochures ; il y a aussi le flacon, à demi plein de mercure, qui a été saisi chez Fénéon.
Aux questions d’usage qui leur sont posées par M. le président, les accusés déclarent se nommer Grave (Jean), né le 16 octobre 1854 au Breuil (Puy-de-Dôme).
Faure (Sébastien), né le 6 janvier 1858 à Saint-Etienne.
Ledot (Julien), homme de lettres, né à Bourges, le 29 octobre 1852.
Chatel (Charles), homme de lettres, né à Paris, le 8 octobre 1868.
Aguelli (Gustave-Jean), né à Sala (Suède), le 24 mai 1869, élève des beaux-arts.
Bastard (Elisée-Joseph), né à Bornel (Oise), le 20 janvier 1871.
Bernard (Paul-Auguste), né à Crest (Drôme), le 26 octobre 1861, représentant de commerce.
Brunet (Georges), né à Paris, le 27 février 1868, menuisier.
Billon (Gabriel-André), né le 27 octobre 1872, à Boulogne-sur-Seine, compositeur-typographe. Soubrier (François), né à Livinhac-le-Haut (Aveyron), le 8 février 1855, brûleur de café.
Daressy (Pierre), né à Chenin (Haute-Garonne), le 23 juillet 1854.
Tramcourt (Albert), né à Creil (Oise), le 10 octobre 1866, mécanicien.
Chambon (Raoul), né à Valréas (Vaucluse), le 13 juillet 1873, lithographe.
Malmeret ou Malmaret (Joseph), né le 20 novembre 1865 à Lyon.
Fénéon (Louis Félix-Jules-Alexandre), employé au ministère de la guerre, né à Turin (Italie), le 29 juin 1861.
Matha (Armand), publiciste, né à Casteljaloux (Lot-et-Garonne), le 10 avril 1861.
Ortiz (Philippe-Léon), né à Paris, le 18 novembre 1868.
Chericotti (Paul), né à Milan (Italie), le 1er mars 1858.
Bertani (0rsini), né a Florence (Italie), le 26 juillet 1869.
Liégeois (François), né à Vilette (Meurthe-et-Moselle), le 14 octobre 1868.
Femme Milanaccio (Marie Gonini), née le 23 juin 1865, à Turin (Italie).
Fille Cazal (Antoinette), née au Falgoux (Cantal), âgée de vingt-huit ans.
Femme Chericotti, née le 30 août 1865 à Paris.
Femme Belotti (Victorine Turcano), née le 12 mai 1839, à Saint-Maurice (Italie).
Belotti, âgé de trente ans, fils de l’accusée précédente.
M. l’avocat général Bulot occupe le siège du ministère public.
Au banc de la défense sont assis : Mes de St-Auban, Desplas, Le Chapelain, Aubin Bouguereau, Lagasse, Ponthés, Paul Morel, Lévy-Alvarez, Albert Crémieux, Laureau, Oster, Kinon, Duroyaume, Démange, Justal, Careste, Deshayes, St-Mery, Gauthier-Rougeville, Blondout, de Dammartin, Gaye et Félicien Paris.
M. le greffier Wilmès donne lecture de l’acte d’accusation qui est ainsi conçu :
Les accusés appartiennent à une secte qui établit entre tous ses adeptes des liens de compagnonnage qui a pour but la destruction de toute société, et pour moyens d’action le vol, le pillage, l’incendie et l’assassinat. Dans cette secte, chacun concourt au but suivant ton tempérament et ses facultés, l’un en commettant le crime, les autres en amenant à le commettre par l’excitation et par l’assistance ; le criminel trouve l’une et l’autre chez des compagnons qui en relations habituelles les uns avec les autres, forment des groupes agissant sous l’influence d’une inspiration commune. Ces groupes constituent des centres de propagande, des refuges pour les compagnons étrangers, des appuis pour l’individu apte ou détermine au crime. Conférences, prédications, publications, moyens matériels d’action, cet individu y rencontre toutes les excitations et toutes les ressources qui le mettront en état de réaliser par un crime individuel le but auquel tend l’effort commun.
JEAN GRAVE
Jean Grave, dont les débuts ont été très humbles, est un homme de lettres d’une réelle valeur.
Il semble avoir conçu le plan selon lequel devait se développer le parti anarchiste ; il l’a, en tout cas, exposé le premier dans une brochure parue en 1883, sous le pseudonyme de Jehan Levagre, avec la mention « Publication du groupe des Ve et XIIIe arrondissements », qui révèle l’existence, dès cette époque, d’une association d’anarchistes.
Dans cet écrit, Jean Grave érige en principe « que la propagande ouverte doit servir de plastron à la propagande par les actes, secrète celle-là ; qu’elle doit lui fournir les moyens d’action qui sont les hommes, l’argent et les relations ; et qu’elle doit surtout contribuer à mettre en lumière les actes accomplis en les commentant, etc. »
Jean Grave préconise l’idée de la fondation de groupes d’études « qui doivent servir à nouer les relations partout où l’on pourra les établir. »
Ailleurs, il signale les inconvénients d’une caisse centrale, et engage les adhérents à se fréquenter continuellement, afin d’arriver à se connaître assez pour que l’anarchiste décidé à commettre un acte de propagande par le fait, et ayant, pour cet acte, besoin d’argent, puisse toujours en trouver chez d’autres compagnons, sans formalités, sans explications.
Jean Grave a toujours suivi fidèlement les règles qu’il avait tracées : directeur du journal la Révolte, il y a exalté les méfaits des anarchistes, l’attentat dirigé contre la Société de Carmaux, par Emile Henry, la tentative d’assassinat commise par Léauthier; il a fait l’éloge des voleurs Schouppe, Pini et Duval. Il s’est servi aussi de son journal pour provoquer dans une intention criminelle des souscriptions qui, centralisées par Paul Reclus, avaient un triple but : la propagande révolutionnaire, l’assistance des détenus et la distribution de brochures. — Jean Grave a fait ensuite paraître une seconde brochure intitulée : La Société mourante et l’anarchie, dans laquelle il a fait appel aux pires violences. Les excitations contenues dans cet ouvrage ont motivé contre lui, en 1894, une condamnation à deux ans d’emprisonnement.
Dans le journal la Révolte, Jean Grave continua, après le 19 décembre 1893, à fournir aux affiliés les moyens de correspondre à l’aide des articles intitulés «Petite correspondance » et «communications et correspondances », à provoquer des souscriptions dont la destination était bien connue, à mettre enfin lui-même, par sa correspondance personnelle, les anarchistes en rapport les uns avec les autres. Il est donc constant qu’il a existé entre Jean Grave et diverses personnes, pendant de longues années et jusqu’à son arrestation, une entente établie en vue de préparer et de favoriser les actes dits de propagande par le fait.
SÉBASTIEN FAURE
Sébastien Faure, qui appartient à une famille aisée, a reçu une instruction supérieure. Il est doué d’un véritable talent de parole ; il a été en quelque sorte le commis-voyageur des doctrines anarchistes en province, déterminant la création de groupes d’études formés sous l’inspiration de Jean Grave et servant activement d’intermédiaire entre les uns et les autres. S’il a fréquemment eu soin de prendre à témoin ses auditeurs de la modération de sa parole, il a été en réalité (des documents irréfutables l’établissent) en parfait accord avec ceux de ses amis qui recouraient à la propagande par le fait. Tout en s’abstenant d’écrire dans la Révolte et le Père Peinard, il faisait annoncer régulièrement dans ces journaux ses conférences, qui, en suscitant des vocations homicides, ont obtenu le succès qu’il avait rêvé. Le 12 novembre 1893, Léauthier, entraîné par ses discours et fier de se dire son élève, l’avise qu’il va se livrer à un acte de propagande par le fait, et Sébastien Faure ne dissimule pas la joie que lui causa l’attitude de son disciple.
Après l’attentat de Vaillant, Sébastien Faure lui envoie de Marseille un mandat de cinq francs, en témoignage de sympathie. En mars 1892, il fonde à Marseille, le journal L’Agitateur et y fait l’apologie des crimes récemment commis en France et à l’étranger.
Vers la même époque, il publie un almanach anarchiste dans lequel on lit : « Nous approuvons : 1° Pini volant, 2° Pini affectant à la propagande le produit de son vol, 3° Pini revendiquant fièrement en Cour d’Assises l’acte qui l’y a fait traduire ». Et Sébastien Faure commente sa triple proposition en déclarant que le vol, qui doit toujours être approuvé, est toujours méritoire « alors même que le voleur se sert du produit de son vol pour vivre en parasite ou en exploiteur. » I1 y a, d’autre part, des preuves certaines de l’affiliation de cet accusé a divers groupes tombant sous le coup de la loi. Un lettre adressée par lui le 26 novembre 1892, aux compagnons du Falot cherbourgeois démontre qu’il y avait dans la région lyonnaise une organisation anarchiste dont il avait été l’âme.
En relations suivies avec Paul Beclus, il a reçu de lui une série de lettres prouvant d’une manière irréfutable que, notamment, le 4 février 1892, tous deux conféraient avec diverses personnes, dans un but criminel. L’ensemble de cette correspondance atteste qu’il y avait entre Sébastien Faure et Reclus des comptes d’argent dont la provenance assez obscure établit que les individus composant les groupes anarchistes ont suffisamment mis en commun leurs idées et même leurs ressources pour que le mot d’entente caractérise leur concert coupable. Du reste, le contact des hommes d’action du parti n’effrayait pas Paul Reclus, qui écrivait de Nancy à Sébastien Faure « qu’il y avait dans cette ville des copains sérieux ». On sait d’ailleurs ce qu’il entend par cette expression, puisque Pauwels était au nombre de ces « copains sérieux ».
Les théoriciens, tels que Paul Reclus et Sébastien Faure, se reliaient ainsi directement aux agents d’exécution, voleurs ou assassins, suivant en cela une voie logique indiquée notamment par Fortuné Henry en ces termes : « Donc, cher Faure, toujours en avant. Espérons que bientôt une période d’action suivra cette période de parlote. »
Tous ces faits, antérieurs d’ailleurs à la loi du 18 décembre 1893, se rattachent sans interruption à des faits n’ayant précédé que de bien peu l’arrestation de Sébastien Faure, opérée le 19 février 1894 ; des uns et des autres, il résulte que l’entente criminelle n’a pas cessé d’exister. En décembre 1893 et en janvier 1894, Sébastien Faure a fait dans le Rhône, la Loire et les Bouches-du-Rhône, diverses conférences au cours des-quelles la modération voulue du langage n’excluait en rien les violences de la doctrine. A la même époque, il a pris part journellement à des conciliabules tenus chez l’accusé Duprat et il a correspondu avec l’accusé Paul Bernard, homme d’action très dangereux, à l’effet de tirer parti, au point de vue pécuniaire, des lettres de Vaillant.
PAUL RECLUS
Paul Reclus est un ingénieur des arts et manufactures, il compte parmi ses parents des hommes de
science et des penseurs éminents, dont le plus illustre, son oncle, Elisée Reclus, professe, comme lui, les doctrines anti-sociales les plus funestes. D’un tempérament actif, Paul Reclus est bientôt sorti de la spéculation pour pour se livrer au prosélytisme et a conquis presque immédiatement une des premières places parmi les anarchistes. Sa propagande était discrète et individuelle, mais elle savait inspirer une aveugle confiance; avant de commettre son crime, c’est de lui que Vaillant sollicite les fonds dont il a besoin ; c’est encore à lui qu’il s‘adresse au moment même d’agir, et c’est lui qu’il charge de ses suprêmes recommandations; c’est enfin chez lui que Pauwels se cache, en 1891, quand il est traqué par la police.
Paul Reclus s’était, en outre, donné pour mission particulière d’organiser les finances du parti; à cet
égard, il a lui-même défini son rôle dans une lettre qu’il a écrite le 28 décembre 1893 à M. le juge d’instruction Meyer. Il y explique les motifs de sa fuite en disant que pour se disculper « il aurait eu à divulguer la comptabilité des fonds confiés à sa garde et à fournir ainsi les noms de plusieurs braves amis, dont quelques-uns, étrangers, eussent été expulsés ». Les recherches faites pour découvrir le lieu de sa retraite ont été infructueuses.
CONSTANT MARTIN
Autour de Jean Grave, de Sébastien Faure et de Paul Reclus, que tous considéraient comme des maîtres, se groupaient des disciples, les uns lettrés comme Ledot, Agneli, Chatelet, Pouget ; les autres, hommes d’action,comme Bastard, Paul Bernard, Daressy, Soubrier, Brunet, Billon,Tramcourt,Chambon et Malmeret, tous avec des tendances diverses également dangereuses.
Deux individus, qui ont rempli un rôle tout spécial. Constant Martin et Duprat, leur servaient de
trait d’union. L’un et l’autre ont su être indispensables et rendre au parti anarchiste d’inappréciables services.
Constant Martin, ancien blanquiste, ayant évolué depuis 1883 vers l’anarchie, a été en relation directe et constante avec Sébastien Faure et a été préposé, sous la direction de Paul Reclus, à ce qui, dans une société régulière, s’appellerait la « comptabilité espèces ».Trésorier des compagnons, il a de plus utilisé ses nombreux séjours à l’étranger pour mettre en rapport les anarchistes français avec ceux de Londres, de Bruxelles, de Milan, etc. La crémerie qu’il tenait rue Joquelet était en quelque sorte un lieu d’asile et un centre de renseignements pour tous les malfaiteurs internationaux se réclamant de l’anarchie.
DUPRAT
Duprat, ancien ouvrier tailleur, devenu marchand de vin, s’est signalé, vers 1883, dans les réunions anarchistes, par la violence de son langage. Rédacteur de l’Indicateur anarchiste, il était affilié aux groupes les plus remuants, passait pour un militant des plus énergiques, s’occupait activement de propagande et avait noué des relations avec l’étranger. A partir de 1890, son établissement, sis rue Ramey, 11, a été un des centres principaux où les anarchistes de tous lespays tenaient leurs conciliabules ; un dépôt pour les brochures de propagande y avait été établi.
LEDOT
Ledot a fait en novembre 1893 un voyage à Bruxelles pour se mettre en communication avec des anarchistes belges. Rédacteur de la Révolte, il y était chargé de l’article périodique intitulé «Mouvement social ». A partir de l’arrestation de Jean Grave, il l’a remplacé comme administrateur du journal. Il a continué, en cette qualité, après la promulgation de la loi du 18 décembre 1893, à faire ouvertement la propagande par écrit et à recueillir des fonds pour son extension. Un article inséré par lui dans la Révolte, à la date des 13 et 20 janvier 1894, est un appel non dissimulé à l’emploi des explosifs.
Un article publié peu après dans le numéro des
17 au 24 février, quelques jours avant l’attentat qui a été commis à Liège, signale les « bonnes nouvelles » qui arrivent de cette ville, « où les camarades paraissent sortir de l’indifférence et où un nouvel essor va être donné à la propagande… »
CHATEL ET AGUELLI
Chatel et Aguelli.qui habitaient ensemble, font profession de se livrer exclusivement à des occupations philosophiques, littéraires et artistiques, et d’admirer seulement en « dillettanti », à qui l’action ne saurait convenir, ce qu’ils trouvent « d’esthétique dans les beaux gestes de l’anarchie ». En réalité, il n’y a là qu’une attitude destinée à voiler une coopération très active à l’oeuvre de l’anarchie. Chatel a fondé la Revue anarchiste. Après avoir été gérant de L’En Dehors, il a collaboré à la Revue libertaire et y a fait paraître des articles mettant en relief, pour les exalter, tous les crimes des compagnons.
On a saisi en la possession d’Aguelli une lettre, non signée, datée du 5 février 1894 et dont l’auteur, paraissant s’exprimer au nom d’un groupe anarchiste de Bruxelles, se lamente au sujet de la disparition de la Révolte et demande des renseignements afin de reprendre en Belgique la publication de ce journal. Les termes de cet écrit établissent surabondamment l’affiliation de son auteur, comme de son destinataire, à l’entente anarchiste.
POUGET
Pouget, ancien employé de commerce, ayant reçu une instruction complète, a créé et rédigé le Père
Peinard, l’un des organes les plus violents du parti. Il a préconisé à maintes reprises, dans les réunions, l’emploi des explosifs. La correspondance versée au dossier révèle qu’une entente s’était établie entre lui et divers anarchistes de province. Pouget est en fuite.
BASTARD
Bastard fait partie du groupe des hommes d’action, peu capables de propagande écrite, mais prêts à tous les crimes ; c’était un ami intime de Pauwels. Au moment de son arrestation, il a tenu ce propos : « Cette fois-ci je monterai la butte de monte-à-regret, j’embrasserai la veuve ! » Connu comme l’un des orateurs les plus virulents des réunions anarchistes et des conciliabules tenus chez Duprat, il n’a jamais cessé, depuis 1891, de se livrer à une propagande active.
PAUL BERNARD
Paul Bernard était à Barcelone au moment de l’explosion du théâtre de cette ville. Il a été arrêté et longtemps détenu, puis relâché, faute de preuves suffisantes.
Il est toujours en rapport avec les anarchistes espagnols. Sébastien Faure a en lui une grande confiance; c’est à lui qu’il a remis les lettres de Vaillant et c’est lui qu’il a chargé d’en faire argent.
BRUNET
Brunet, ouvrier menuisier, a fréquemment soutenu, dans les réunions, la doctrine du droit au vol ; il y a l’ait l’éloge de Ravachol et de Duval, etc. Il résulte d’une lettre du 30 janvier 1892, signée «Guillaume » et saisie chez Sébastien Faure, que Brunet était considéré dans le parti comme faisant autorité à l’égal de Malato, Pouget, Courtelier, Emile Henry, Malha, Tresse, etc., etc. Jusqu’au jour de son arrestation, il a continué son oeuvre de propagande et a assisté « aux soirées familiales » de Duprat.
BILLON
Billon, ouvrier typographe, est à peine majeur. Il a parcouru les campagnes pour répandre les théories anarchistes, jusqu’au jour où il a été poursuivi comme vagabond. Il résulte d’une lettre sans date et sans signature, qu’un compagnon de province lui demande de l’initier « afin qu’il puisse travailler pour la cause dans l’endroit où il se trouve, voulant se tenir à la hauteur de Vaillant et autres, qui, jusqu’au bout de la culbute, ont affirmé et défendu vaillamment l’idée pour la réussite de laquelle nous vivons ». Un brouillon de lettre, écrit par Billon, fait connaître qu’ultérieurement à la loi du 18 décembre 1893, « il a fait de la propagande de toutes les manières possibles, jetant la graine à tous les vents ».
SOUBRIER
Soubrier, qui était mineur à Decazeville, lors de l’assassinat de l’ingénieur Watrin, s’est lancé dans le
mouvement anarchiste. On a trouvé chez lui un cahier donnant le compte rendu de plusieurs réunions anarchistes du Cercle international. Au cours de la réunion du 1er août 1892, à laquelle Soubrier a assisté, l’un des orateurs faisant allusion à la saisie faite par la police d’un dépôt de matières explosives a dit « que si rien n’avait été découvert, on aurait eu à bref délai de joyeuses surprises. » Ces paroles ne laissent aucun doute sur les sentiments des affiliés du « Cercle international » et sur le but qu’ils visaient.
DARESSY
Daressy, ouvrier cordonnier, a centralisé les correspondances des anarchistes qui, isolés dans les campagnes, demandaient qu’on leur envoyât des journaux et des brochures pour la propagande. Une note insérée dans le numéro de la Révolte, en date des 28 octobre et 3 novembre 1893, avise les intéressés de cette organisation et indique l’adresse de Daressy. Certains compagnons le considéraient, d’ailleurs, comme un homme d’action capable de se livrer à la propagande par le fait ; ainsi, le 15 janvier dernier, un inconnu lui a expédié par la poste un écrit contenant la formule de divers explosifs et des dessins donnant très exactement les plans d’une bombe à mèche chargée à la
poudre chloratée, et de l’amorçage d’un engin quelconque avec une amorce électrique au fulminate de mercure.
TRAMCOURT
Tramcourt, qui est un repris de justice, a pendant quelque temps habité l’Angleterre. Il a entretenu une correspondance active avec des compagnons réfugiés dans ce pays. On a saisi chez lui une lettre, datée de Londres, le 26 décembre 1893, dans laquelle un anarchiste anonyme, qui paraît être en étroite relation d’amitié avec Tramcourt, l’informe que « la guerre est déclarée, qu’il n’y a plus qu’à se défendre » et l’invite à dire à son « oncle qu’il est encore plus résolu qu’avant ».
CHAMBON
Chambon, originaire de Valréas (Vaucluse), s’est fait connaître comme affilié militant à Lyon, où, sous un faux nom, il avait loué une chambre pour donner asile aux anarchistes de passage. Il s’est maintenu constamment en rapport avec les compagnons fixés à Londres, dont le quartier général est établi 30, Fitzroy-Square. Au moment de son arrestation, Chambon a essayé de faire disparaître, en l’avalant, un écrit contenant un appel adressé aux anarchistes en vue d’une action immédiate. Un autre écrit, émanant de lui, intitulé : « Recette culinaire », annonçait la publication prochaine d’une sorte de manuel pour la confection des engins explosifs.
MALMERET
Malmeret, graveur-lithographe, a fondé à Valréas un groupe d’études ; à Paris, il se cachait sous de faux noms. Quoiqu’il prétende s’être retiré complètement du mouvement anarchiste, il résulte des renseignements recueillis sur lui, qu’il se proposait de faire paraître un opuscule fournissant des formules chimiques pour la fabrication des bombes.
Tous ces accusés sont poursuivis à raison de l’entente établie dans le but de préparer ou de commettre des attentats contre les personnes ou les propriétés.
D’autres accusés ont, de plus, passé de la préparation à l’action. Leur chef est Ortiz, qui se relie aux anarchistes sus-désignés par l’intermédiaire de Constant Martin. Les principaux auxiliaires ont été la fille Cazal, sa maîtresse, Bertini, Chericotti, Liégeois, la veuve Milanaccio, qui a pour amant Bertini, la femme Chericotti, la veuve Belloti et son fils Louis Belloti. Le caractère de cette bande est le cosmopolitisme, non seulement par tendance, mais par origine et par habitude.
La plupart des sus-nommés, en effet, étrangers de naissance, séjournaient fréquemment à Londres, où ils trafiquaient du produit de leurs vols. Ortiz et Chericotti ont notamment fait partie d’un groupe secret d’action ayant son siège dans cette ville et qui avait pour but le cambriolage sur le continent.
ORTIZ
Ortiz, fils d’un Mexicain et d’une Polonaise, a terminé ses études au collège Chaptal comme boursier de la ville de Paris. Entré en 1887 à la Révolution cosmopolite, il a publié immédiatement un article de provocation au pillage en même temps qu’un rédacteur de cette revue y insérait un article invitant à l’action individuelle et à la propagande par le fait.
Lorsque l’anarchiste Schouppe, condamné aux travaux forcés, revint en France, après son évasion, et commit au préjudice du sieur Flandrin le vol relaté plus loin, ce fut Ortiz qui lui donna asile et qui, pour lui créer un alibi, écrivit de sa main à la femme Schouppe une lettre qu’il signa Schouppe et qu’il fit mettre à la poste à Brooklyn (New-York), le 15 août 1892. Son entente avec Schouppe est donc certaine.
Ortiz était intimement lié avec Emile Henry.
Dans la nuit du 13 au 14 août 1892 à Abbeville, plusieurs malfaiteurs ont pénétré, à l’aide de fausses clefs, dans la maison de M. Flandrin; après avoir fracturé plusieurs portes, ils ont brisé un coffre-fort et ont fait main-basse sur des titres représentant une valeur d’environ quatre cent mille francs, une certaine quantité de couverts et de pièces d’argenterie, etc.
Schouppe a été condamné comme auteur principal de cette soustraction frauduleuse. Manheim et Crespin l’ont été comme complices par recel. Tous deux, directeurs à Paris d’une sorte d’agence interlope pour la négociation en Angleterre des titres dérobés, ont révélé à la justice, après le verdict du jury, que Ortiz, l’un des coupables, lui avait échappé. En effet, en septembre 1892, Manheim s’était rendu à Londres pour s’entendre au sujet de la vente de certaines des valeurs volées, avec Marocco, anarchiste bien connu, qui s’occupe spécialement en Angleterre des affaires de ce genre. Il s’y rencontra avec Ortiz, parti de France immédiatement après le crime, pour céder à Marocco divers des titres dont il n’ignorait aucunement l’origine frauduleuse.
Le vol de Ficquefleur.
Pendant la nuit du 7 au 8 janvier 1893, à Ficquefleur-Equanville (Eure), trois individus masqués et armés de stylets se sont introduits par effraction dans l’habitation des dames Postel et Moulin pendant qu’un quatrième faisait le guet au dehors. Ils se firent, par menaces, remettre les clefs et s’emparèrent de la somme de 1,100 francs en billets et en espèces métalliques, de divers bijoux et d’une liasse de récépissés constatant le dépôt dans un établissement de crédit de valeurs représentant un capital de 800,000 francs. Cela fait, ils lièrent leurs victimes et assurèrent ainsi leur fuite. Ces malfaiteurs étaient vêtus bourgeoisement et s’exprimaient avec correction ; l’un d’eux répondait au signalement d’Ortiz et un autre à celui d’Emile Henry. Or, du 21 décembre 1892 au commencement
de janvier 1893, trois hommes, parmi lesquels deux répondaient aux mêmes signalements, avaient séjourné dans la région et particulièrement à la Bivière-Saint-Sauveur, sous le prétexte de chercher une usine pour y monter une grande industrie. L’un d’eux, sous le nom de Jean Nicole, se donnait comme ingénieur; l’autre, sous celui de Robert Philpott, comme le fils d’un riche négociant anglais, bailleur de fonds de la future affaire. Le troisième se faisait appeler Marlin Alexandre.
Le 7 janvier, jour du vol, quatre individus, qui ont été évidemment les auteurs, passèrent la soirée à
Honfleur, chez le sieur Bacignol, cafetier. Le lendemain de grand matin, on les revit venant de Ficquefleur et regagnant Honfleur à pied. Plusieurs habitants de la Rivière-Saint-Sauveur, et notamment le maire de cette commune, ont formellement reconnu, Ortiz, comme étant le faux Nicole et, Emile Henry comme étant le faux Philpott. Emile Henry a d’ailleurs fourni une preuve matérielle de sa culpabilité, n’ayant pu tirer parti des récépissés soustraits à la dame Postel, il les lui a retournés de Londres, en joignant une lettre dans laquelle il invitait sa victime à lui faire parvenir en échange une somme de 30.000 francs. Cet écrit n’est pas .signé d’Emile Henry, mais son authenticité a été vérifiée et est indiscutable.
Vol Demagnez
Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1893, à Nogent-les-Vierges (Oise), plusieurs cambrioleurs, dont les procédés dénotaient une habileté consommée et un outillage très perfectionné, out pénétré dans la demeure du sieur Demagnez, après s’être introduits dans le parc en escaladant une petite porte en fer grillagé. Ils ont ouvert, à l’aide d’effraction, une armoire à glace et se sont approprié une certaine quantité de linge, de vêtements et d’argenterie. Ils ont emporté notamment un couvre-pieds en soie rose, deux réveille-matin, dont un émaillé, et plusieurs fusils. Les auteurs de cette soustraction frauduleuse étaient encore vainement recherchés, lorsqu’en mars 1894, la police fut avisée qu’il existait au numéro 1 du boulevard Brune un véritable repaire d’anarchistes, d’origine italienne, se
livrant au vol. Dans cet immeuble très petit et composé d’un rez-de-chaussée et d’un seul étage desservi par une passerelle, résidaient, depuis le mois d’octobre 1893, la veuve Belotti, la veuve Milanaccio et son amant Bertini, tous anarchistes militants, Louis Belotti y vint rejoindre sa mère un peu plus tard.
Bertini est intimement lié avec Ortiz ; ils étaient d’ailleurs ensemble lors de leur arrestation, opérée sur la voie publique le 19 mars 1894, Ortiz était à ce moment porteur d’un revolver et Bertini d’un pistolet.
Chéricotti, expulsé de France comme anarchiste dangereux, y était indûment rentré et, sous le faux nom de Laurent, s’était réfugié, lui aussi, boulevard Brune, n° 1. Quant à Ortiz, qui est son ami, il dissimulait son identité ; il logeait route de Flandre, 66, à Pantin avec la fille Cazal, sa maîtresse, dont il avait pris le nom. Une perquisition faite dans la maison du boulevard Brune fit découvrir un nombre considérable d’objets volés. Une perquisition faite peu après chez Liégeois, qui professe les doctrines anarchistes les plus avancées, démontra que cet homme détenait notamment une grande partie du linge dérobé chez le sieur Demagnez. Le couvre-pieds en soie rose susmentionné et un réveille-matin en émail ont été retrouvés dans la chambre occupée par Bertini et la veuve Milanaccio ; deux des fusils soustraits avaient été engagés par Ortiz lui-même chez le sieur Giroux.
La femme Chericotti avait en sa possession un certain nombre de bijoux et objets de prix dont elle n’a pu indiquer la provenance légitime. Enfin, il est avéré que la veuve Belotti a aidé la veuve Milanaccio, huit jours avant son arrestation, à transporter, sur l’ordre d’Ortiz, dans un endroit encore ignoré, une malle et un sac de voyage contenant des objets soustraits frauduleusement.
Les divers logements existant boulevard Brune, n° 1, étaient communs à tous les habitants de la maison, de même que tous les objets volés, qui y étaient entreposés par Ortiz, appartenaient à la collectivité, sauf à chacun à en faire l’emploi ou à leur donner la destination déterminée par les chefs de la bande. A cet égard, Louis Belloti doit encourir la même responsabilité que sa mère. Divers écrits trouvés chez lui prouvent d’ailleurs son affiliation aux groupes anarchistes.
MATHA
Matha, ancien coiffeur à Casteljalôux (Lot-et-Garonne) s’est fixé à Paris il y a trois ans environ. Mis
par Constant Martin en rapport avec les compagnons les plus résolus, il a fondé en décembre 1891 le Falot cherbourgeois, puis est devenu gérant du journal l’En Dehors qui, par ses insultes à l’armée, a joué un rôle à part dans la presse anarchiste. Ayant été condamné par défaut pour délit de presse à dix-huit mois et à deux ans d’emprisonnement, il a passé en Angleterre en juin 1892, pour se soustraire à l’exécution des peines prononcées contre lui. Matha était étroitement lié avec Ortiz, Fortuné (Henry), Marocco et Chericotti.
C’est chez Matha, réfugié à Londres, qu’Emile Henry a donné à son patron, le sieur Dupuy, son adresse lorsqu’il s’est enfui en Angleterre après l’explosion de la rue des Bons-Enfants. Quoiqu’il fût sans ressources personnelles, qu’il se sût activement recherché par la police, Matha est rentré en France en janvier 1894, quelques jours avant l’attentat de l’hôtel Terminus.
Le motif de son retour a dû être des plus graves : car, sans but justifiable, il s’est rendu à Paris au péril de sa liberté. Son séjour dans cette ville a été favorisé par Fénéon et Cohen.
FÉNÉON ET COHEN
Fénéon est intelligent et érudit. Commis principal au ministère de la guerre, il était noté comme un excellent employé; il était, dans son existence officielle, d’une correction extérieure ne laissant rien soupçonner de ses sentiments intimes. C’était un homme à double face ; fonctionnaire muet et solennel dans le jour, il recevait le soir, chez lui, Ortiz et Emile Henry.
Il écrivait dans les journaux anarchistes et avait acquis dans quelques feuilles décadentes une sérieuse autorité sur certains jeunes gens aux préoccupations maladives et curieuses d’étrangeté en matière littéraire.
Il était dans les meilleurs termes avec Cohen, Hollandais d’origine, partageant ses principes et ses vues, les exposant comme lui dans les mêmes milieux, jouissant d’une véritable réputation dans le monde intellectuel et ami particulier d Emile Henry.
A la suite d’incidents retentissants et notamment d’un discours d’une violence inouïe contre le général Dodds, qualifié de massacreur, et contre la patrie en général, Cohen, qui, en
fait, est un agent des groupes étrangers, avait été expulsé. Il avait rencontré à Londres, où il avait trouvé asile, Matha qui projetait de rentrer en France, il lui avait fait connaître que Kampfmeyer,
anarchiste allemand, ayant habité Paris, rue Lepic, 69, était retourné dans son pays, laissant à Fénéon la clef de son logement. A la faveur de ce renseignement, Matha, dès son arrivée à Paris, s’aboucha avec Fénéon qui, conformément au désir de Cohen, le mit en possession de l’appartement de Kamptmeyer.
Là, des conciliabules ont eu lieu journellement entre Matha et Fénéon. L’attentat de l’hôtel Terminus
venait de se produire, Emile Henry était arrêté et son domicile avait été découvert.
C’est dans ces circonstances, que des compagnons, devançant la police, s’étaient précipités à la villa Faucheur, en avaient enfoncé la porte et s‘étaient emparés des engins et produits chimiques et notamment d’un flacon en verre jaune contenant du mercure, qu’Emile Henry avait laissé dans sa chambre. Leur mobile était de conserver des substances explosives pouvant servir à de nouveaux attentats. Or, au cours dune perquisition faite au ministère de la guerre, le 26 avril 1894 dans une annexe du bureau de Fénéon, on a saisi un flacon en verre jaune contenant du mercure jusqu à un tiers de sa hauteur, et une boîte d’allumettes de fabrication belge ou anglaise renfermant douze détonateurs chargés au fulminate de mercure, absolument semblables à ceux dont Emile Henry
s’était servi pour fabriquer sa bombe et à ceux que Pauwels portait sur lui lors de l’attentat de l’église de la Madeleine.
L’identité du flacon de mercure enlevé villa Faucheur avec celui que possédait Fénéon n’est pas
manifestement établie, quoiqu’elle soit très probable, d’après les déclarations mêmes d’Emile Henry. En refusant de fournir aucune explication, Fénéon a laissé le champ libre à toutes les hypothèses. Malgré que son attitude constitue à sa charge une lourde présomption de complicité, la justice, s’en tenant à ce qui est matériellement et légalement prouvé, ne retient contre lui, de ce chef, que le délit de détention, sans motifs légitimes, d’engins explosifs.
Les accusés Grave, Faure (Sébastien), Duprat, Ledot, Pouget,Chatel, Bastard, Bernard, Brunet, Billon,Tramcourt et Matha ont des antécédents. Ont été condamnés : Ledot, Bastard et Tramcourt, pour vols; Chatel, pour outrages aux bonnes moeurs; Grave (Jean), Sébastien Faure, Matha et Bernard pour provocation au meurtre ; Brunet pour infraction à la loi sur les attroupements, et Pouget pour pillage en bande.
La Gazette des tribunaux 6 et 7 août 1894