Commissaire spécial près la Préfecture du Rhône
Fédération nationale des syndicats ouvriers
Réunion privée de la Commission exécutive du Congrès, tenue au siège social, cours Lafayette, 8, le 18 avril 1887
La séance a été ouverte à 8 heures et demie du soir et levée à 10 heures, sous la présidence du nommé Sartarin.
Etaient présents les nommés Chavrier, Blondet, Gorsse et Farjat.
Chavrier a demandé :
1° D’adresser une circulaire à tous les syndicats les engageant à se préparer pour le prochain congrès ;
2° Si la ville de Bourges (Cher) devait être définitivement choisie pour être le siège de ce Congrès ;
3° Et si à ce nouveau Congrès on ne s’occuperait que de l’organisation définitive de la Fédération nationale et du règlement général.
Sartarin a répondu :
« A mon avis la Commission exécutive n’a pas exécuté son mandat. A l’heure actuelle il vaudrait mieux organiser définitivement la Fédération nationale. Celà fait, on se rendrait alors au Congrès avec un travail tout fait.
C’est au nom de mon syndicat, qui m’en a donné la mandat, que je fais ces observations ».
Chavrier :
« Le citoyen Sartarin n’a pas de mandat à recevoir de son syndicat, ayant été nommé par le Congrès, membre de la Commission exécutive.
Sartarin :
« Avant tout j’appartiens à mon syndicat et je me retirerais de la Commission s’il me disait de le faire.
L’argent qui est en caisse doit servir à organiser la Fédération nationale et non le futur Congrès.
Je crois aussi qu’on ferait bien de demander, soit aux syndicats d’augmenter le nombre des membres de la Commission exécutive, soit au Conseil local de collaborer avec celle-ci ».
Chavrier :
« La Commission doit rester ce qu’elle est et chacun doit garder ses attributions.
En fait, la formation d’une Fédération nationale est acquise, puisque nous avons l’adhésion de 180 chambres syndicales environ qui, toutes seront représentées au prochain Congrès.
Il nous faut donc nous mettre à préparer de suite un travail que nous présenterons aux syndicats, car nous n’avons guère que quatre mois pour le faire ».
Sartarin :
« Je maintiens ce que j’ai dit.
Il faut pour le prochain Congrès que les syndicats qui enverront des délégués soient fédérés ; les régions doivent donc être organisées et les caisses contenir l’argent nécessaire. C’est pourquoi je ne voterai pas la proposition Chavrier ».
Farjat :
« Pour les grands centres la Fédération nationale existe déjà, il n’y a donc plus qu’à inviter les syndicats épars dans les petites villes à s’y rallier.
La circulaire engagera donc les syndicats, et à venir à la Fédération et à se préparer pour le prochain Congrès.
Il est indispensable que le délégué de la Commission exécutive présente un travail sérieux au Congrès, aussi faut-il s’y mettre tout de suite ».
Sartarin :
« En ma qualité de Président je vais mettre aux voix la proposition d’adresser une circulaire aus syndicats mais je déclare que je ne prendrai point part au vote »
La proposition, mise aux voix, a été adoptée par les nommés Blondet, Gorsse, Farjat, Chavrier et ces deux derniers ont été chargés de la rédaction de ladite circulaire.
Lyon le 20 avril 1887.
Le commissaire spécial
Archives départementales du Rhône 10 M 340