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Archives anarchistes

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Archives Mensuelles: octobre 2019

La Chambre syndicale des travailleurs réunis de Bessèges (Gard) expose une petite guillotine le 14 juillet 1887

31 jeudi Oct 2019

Posted by fortunehenry2 in Documents

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La Chambre syndicale des travailleurs réunis se trouvait 62 rue du Travers.

15e légion, compagnie du Gard

Section de Bessèges

Brigade de Bessèges

N° de brigade : 174

du 15 juillet 1887

Exhiblition d’un objet représentant une guillotine à l’intérieur de la fenêtre de la Chambre syndicale de Bessèges.

Cejourd’hui quinze juillet 1887 à dix heures du matin.

Nous, soussignés Pellegrin Arnaud, gendarme à pied à la résidence de Bessèges département du Gard, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, rapportons qu’hier 14 courant, étant de service à la gare et passant vers les neuf heures du matin devant l’hôtel Costerrieste à Bessèges, étant en face de la fenêtre de la chambre syndicale qui donne sur la rue du Travers, située au 1er étage de la maison portant le n° 62, les nommés Duffés, Boucher et Coseriaste Antonin, tous deux demeurant à Bessèges, me firent remarquer qu’à l’extérieur de la dite fenêtre, il y avait un petit objet en bois blanc, qui représentait une guillotine, j’ai alors fixé cet objet, et j’ai remarqué qu’il y avait deux montants de 30 à 40 centimètres de long qui m’ont paru avoir la forme d’une règle carrée ordinaire, ils étaient supportés par un petit morceau de bois qui pouvait avoir 15 centimètres de long sur dix de large environ, il m’a paru qu’il y avait quelque chose de suspendu que j’ai pris pour un jouet d’enfant représentant un petit bonhomme. Après l’avoir examiné, je dis aux deux personnes susnommées si c’était cela qui représentait la guillotine, ils me dirent que oui ; dans ladite chambre il y avait le nommé Dejours que j’ai vu à la fenêtre à ce moment là.

En foi de quoi nous avons rédigé le présent procès-verbal en deux expéditions destinées la première à Monsieur le procureur de la république à Allais et la 2e à Monsieur le lieutenant, commandant la la gendarmerie de la section, conformément à l’article 495 du décret du 1er mars 1854.

Fait et clos à Bessèges.

Source : Archives départementales du Gard 1 M 791

La Chambre syndicale des travailleurs réunis de Bessèges (Gard) et la propagande par le fait. 3 juillet 1886

30 mercredi Oct 2019

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Statuts de la Chambre syndicale de Bessèges.

Préfecture du Gard

Cabinet du préfet

A Ministère de l’intérieur (Sûreté générale)

Nîmes, le 3 juillet 1886

Monsieur le ministre,

Monsieur Chalmeton, de la Compagnie des houillères de Bessèges, est venu ces jours-ci à la préfecture m’entretenir personnellement au sujet de la situation ouvrière à Bessèges. Il m’a exprimé les plus vives appréhensions sur l’état des esprits et les dispositions de certains groupes ouvriers. Il a pensé devoir me répéter à diverses reprises que était venu me faire une semblable communication, c’est qu’il jugeait, à son point de vue la situation grave, inquiétante. Il croit à de mauvaises intentions et ne serait pas étonné que l’on cherchât à très bref délai à passer des intentions aux actes.

Il a particulièrement signalé à mon attention une « chambre syndicale » qui d’après ses renseignements fonctionnerait d’une façon contraire à la loi en ce sens que d’une part les formalités exigées n’avaient pas été remplies et que d’autre part elle serait composée de personnes appartenant à des professions tout à fait différentes ou même de personnes n’appartenant à aucune profession. Cette chambre syndicale aurait été organisée par un anarchiste nommé Raynaud me dit-il (Il s’agit du nommé Renaud qui a fait l’objet de mon télégramme du 25 juin et de mon rapport du 26 qui aurait été appelé à Bessèges en qualité de contremaître, par le directeur de l’usine de produits chimiques M. Paul Reclus, neveu d’Elisée Reclus.

M. Jouget, maire de Bessèges aurait obtenu son éloignement mais les membres de la chambre syndicale resteraient en communication constante avec les groupes anarchistes et révolutionnaires de Paris. La « chambre » se réunirait très souvent et l’on débattrait dans ces réunions d’après les renseignements de M. Chalmeton, tout autre chose que les intérêts professionnels des ouvriers.

M. Chalmeton considère cette « chambre » comme une société secrète anarchiste et paraît persuadé qu’elle prépare quelque coup de violence.

Voici les renseignements qui m’ont été fournis par le sous-préfet d’Alais. Une chambre syndicale professionnelle est établie à Bessèges 66 rue Travens. Les membres de cette chambre se réunissent tous les samedis depuis le 7 juin, jour où ont été déposés à la mairie de Bessèges, les statuts et une liste faisant connaître les administrateurs de la chambre [passage non recopié reprenant intégralement le rapport du Commissariat de police de Bessèges du 26 juin 1886].

Les statuts de cette chambre syndicale n’ont pas été communiqués à la préfecture lors de sa constitution (le parquet d’Alais les a eu en sa possession). J’en ai réclamé copie pour mes bureaux et dès qu’ils me parviendront, je les examinerai et je vous en transmettrai un exemplaire. De toute manière et pour qu’une semblable omission ne se reproduise plus à l’avenir, je fais insérer au bulletin des actes administratifs de mon département un rappel aux maires leur recommandant de ne pas négliger de me transmettre régulièrement les statuts de toute chambre syndicale qui viendrait à se former dans leur commune, indépendamment des exemplaires fournis au parquet, par l’application de la loi du 21 mars 1884.

De mes informations sur la situation générale dans la bassin houiller de Bessèges, il résulte qu’une réelle excitation règne au fond parmi les ouvriers et est entretenue par les propos des révolutionnaires, contre les Compagnies. La Compagnie des houillères, dirigée par M. Chalmeton est plus particulièrement visée. On lui reproche et on reproche plus spécialement à certains de ses ingénieurs, notamment au principal d’entre eux, M. Marsaut des excède de sévérité. On se plaint vivement de ce que plusieurs ouvriers ont été renvoyés uniquement parce qu’ils sont républicains ou parce qu’ils ont été délégués par leurs camarades [illisible] ou parce qu’ils font partie d’une chambre syndicale.

Ces griefs seraient tous fondés ou non, il est vrai que le mécontentement est vif dans certains [illisible]ouvriers et qu’il est exploité par les meneurs révolutionnaires ou anarchistes de Bessèges ou d’ailleurs [illisible] et même d’ouvriers connus pour leurs opinions républicaines plus ou moins avancées. J’ai ordonné une enquête sur ces derniers faits et je vous en rendrai compte dès que les résultats m’en parviendront.

Faut-il en tirer la conclusion qu’une grève proprement dite est imminente ? Non, quoique [illisible] il faille toujours compter sur l’imprévu en pareille [illisible] dans le bassin d’Alès. Je dis non, sous cette réserve parce que la situation économique générale et les conditions particulières du travail à Bessèges sont telles que les ouvriers de cette localité n’auraient rien à gagner et qu’ils auraient beaucoup à perdre, à se mettre en ce moment en grève.

Mais on peut craindre d’autres manifestations d’hostilité contre les Compagnies, celles de M. Chalmeton, surtout.

Manifestations plus violentes qu’une grève. Je vous parle comme de [illisible], de coups de force plus ou moins graves contre les propriétés et même contre certaines personnes, d’actes de propagande par le fait et qui seraient, à un moment donné commis ou tentés par des révolutionnaires ou des anarchistes ou sous leur inspiration, les mécontentements que j’ai signalé plus haut, paraissent à ceux-ci une condition favorable. Je crois [illisible] que les anarchistes sont moins nombreux à Bessèges qu’on ne le pense, ils ne sont dans tous les cas qu’une faible minorité ; mais vous n’ignorez pas que pour les coups de violences à la façon des anarchistes, le nombre importe peu, il constituerait plutôt une gêne à leur [illisible].

J’ai considéré comme mon devoir d’appeler très sérieusement l’attention de M. Chalmeton, directeur de la Compagnie des houillères de Bessèges que j’ai revu hier, sur les mécontentements qui m’étaient signalés, sur les griefs qui étaient formulés contre l’administration dont il est le chef, sur les animosités de plus en plus aiguës qui paraissent s’accumuler dans certains [illisible] contre l’ingénieur Marsault [illisible] parce qu’ils sont républicains mais parce qu’ils ont commis des actes d’indiscipline grave dans la mine ou parce qu’ils sont notoirement des meneurs anarchistes ou révolutionnaires.

M. le sous-préfet d’Alais procède en ce moment à une information confidentielle sur ces réunions d’ouvriers.

J’en connaîtrai incessamment le résultat.

Pourra-t-elle aboutir à des preuves suffisamment décisives dans un sens ou dans un autre ? Il y a vraisemblablement de l’exagération dans les griefs ; mais je me garde de perdre de vue non plus que le personnel dirigeant de la Compagnie des houillères de Bessèges est réactionnaire, que M. Marsault spécialement doit être considéré comme un adversaire déterminé de la république, qu’on a vu le 18 octobre, le fils de M. Chalmeton était [illisible] la coalition monarchiste, et que des faits de pression électorale ont été relevés alors contre la Compagnie ; seulement ils n’ont pas été suffisamment précis ou suffisamment prouvés pour justifier des poursuites.

Quoiqu’il en soit, j’ai insisté vivement auprès de M. Chalmeton sur la nécessité dans les circonstances actuelles d’une grande modération, d’une grande prudence sur le danger qu’il y aurait à fournir une occasion ou un prétexte aux fauteurs de désordre par des mesures [illisible], par des excès de zèle de subordonnés qui fourniraient aux agitateurs [illisible]

Source : Archives départementales du Gard 1 M 791

La Chambre syndicale des travailleurs réunis de Bessèges (Gard), un syndicat anarchiste. 26 juin 1886

29 mardi Oct 2019

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Tampon de la Chambre syndicale des travailleurs réunis de Bessèges

Sûreté publique

Ville de Bessèges (Gard)

Commissariat de police

Bessèges le 26 juin 1886

Monsieur le sous-préfet,

J’ai l’honneur de vous retourner la lettre urgente et très confidentielle qui vous a été adressé par monsieur le préfet du Gard le 24 de ce mois, en portant à votre connaissance les renseignements suivants :

1° La chambre syndicale professionnelle établie à Bessèges, 66 grand rue du Travers, fonctionne régulièrement, chaque samedi, depuis le 7 juin courant, jour où elle a déposé conformément à l’article 4 de la loi du 21 mars 1884, ses statuts à la mairie de Bessèges, ainsi que les noms de ceux qui, à un titre quelconque, sont chargés de l’administration ou de la direction.

Ces noms sont les suivants :

1° Chanal Denis, âgé de 21 ans, ajusteur……. secrétaire ;

2° Henri Marius, âgé de 35 ans, ouvrier mineur…..secrétaire adjoint

3° Ginestière Barthélémy, âgé de 55, ouvrier mineur, …..trésorier

4° Deloule Louis Félix Constantin, âgé de 28 ans, maçon, …. trésorier adjoint

Il n’y a pas de président titulaire et à chaque réunion, l’assemblée délègue un membre pour présider la séance.

2° Cette chambre syndicale qui a pris le titre de « Chambre syndicale des travailleurs réunis » a été fondée, parait-il, à l’instigation du sieur Rondet, secrétaire général des chambres syndicales de la Loire, qui avait insisté, d’une façon toute particulière sur ce point, auprès des délégués mineurs de notre bassin industriel, qui se sont rendus à Paris, auprès de la commission parlementaire chargée de l’élaboration de la loi sur les pensions de retraites et a été organisé à Bessèges par le nommé Renaud Jean Célestin, alors mécanicien attaché à l’usine de produits chimiques et matières colorantes de Saint-Denis, anarchiste-révolutionnaire, impliqué naguère dans les affaires Cyvoct à Lyon à l’occasion desquelles il a été condamné à 18 mois de prison, et qui a été renvoyé par sa compagnie, à Bessèges, le 17 mai 1886. Cet individu est parti de notre ville le 18 mai dans la direction de Marseille et n’a plus reparu depuis ; je ne crois pas qu’il entretienne encore des correspondances à Bessèges avec les groupes anarchistes, mais je ne puis toutefois l’affirmer.

3° La chambre syndicale en question est composée d’environs 170 à 180 ouvriers, m’assure-t-on, appartenant aux diverses catégories de professions, soit ouvriers-mineurs-métallurgistes-maçons- menuisiers-boulangers et il y aurait même des cordonniers, des épiciers. Jourdan Casimir, ancien épicier failli, actuellement écrivain public, en fait et donne ses conseils, s’il ne la dirige pas officiellement.

4° Il n’est pas douteux que cette constitution ne soit faite contre les compagnies et que les cotisations ne soient centralisées en vue d’une grève ultérieure dans laquelle on viserait principalement la compagnie houillère de Bessèges, vis à vis de laquelle les esprits sont actuellement surexcités par suite du renvoi de quelques ouvriers appartenant au parti Républicain et en particulier des délégués mineurs à Paris. Il est également vrai que la grande majorité de ceux qui en font partie doit être considérée comme anarchiste-révolutionnaire, cependant, il n’est pas exact, malgré les mauvaises intentions dont les membres sont animés, que la situation soit grave, inquiétante et que l’on cherche, à bref délai, de passer à des actes de violence, attendu que la majeure partie des ouvriers n’ignorant pas que Bessèges est peut-être le seul point de la France où les travaux se maintiennent dans des conditions relativement satisfaisantes et qu’ils ne veulent pas de la grève en ce moment ; les craintes qui peuvent avoir été formulées à ce sujet ne paraissent donc pas susceptibles de réalisation quant à présent et s’il se produisait quelque chose, vous en seriez rapidement informé.

5° Il est bien certain qu’on ne s’occupe pas seulement des intérêts professionnels au sein des réunions de cette chambre et que l’on débat des affaires politiques, attendu qu’on y reçoit le journal communiste-anarchiste Le Révolté, La Tribune, le Cri du peuple et l’Intransigeant.

Ce sont, pour la plupart des socialistes-collectivistes qui sont considérés comme dangereux et entretenant des communications avec les comités centraux de Paris. L’agitateur Jourdan est à leur tête et vous voyez ce qu’il veut.

Quant à M. Paul Reclus, neveu d’Elisée Reclus, cet ingénieur a quitté Bessèges le 22 juin courant, pour rentrer à Paris, à l’usine des produits chimiques de Saint-Denis.

Enfin, en ce qui concerne les moyens d’information, je pense que des agents de la Sûreté n’obtiendraient probablement pas grands renseignements dans cette ville qui leur serait totalement inconnue et où l’on se méfie des étrangers. Je crois qu’avec des fonds secrets dont il serait rendu rigoureusement compte, on arriverait plutôt à gagner quelqu’un qui aurait besoin d’argent.

Le commissaire de police.

Source : Archives départementales du Gard 1 M 791

LE TOURNEUR Charles, François, André

28 lundi Oct 2019

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Né le 6 avril 1886 à Paris (17ème), décédé le 17 décembre 1932 à Bourges (Cher), dessinateur industriel, peintre en bâtiment, artiste peintre, musicien, marié, sans enfant. Anarchiste parisien.

Le 31 décembre 1903, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Caen à 50 francs d’amende pour blessures par imprudence et le 23 juin 1904, par cette même juridiction et par défaut, à 50 francs d’amende, pour dégradation d’objets d’utilité publique.
Le 13 septembre 1919, il épousa à Paris (18ème) Emilienne Grosjean, née le 10 avril 1883 à Epernay (Marne), mère de l’anarchiste Eugène Godchaux. Elle était employée au Ministère des finances.
Il fit partie de la classe 1905, avec le matricule 136.
Engagé volontaire pour 4 ans le 6 janvier 1906, au 5e régiment d’infanterie et versé dans la musique, Le Tourneur fut libéré le 6 janvier 1910.
Il s’engagea de nouveau pour 5 ans le 12 juillet 1912 au 23e régiment d’infanterie coloniale et fut mis en congé et démobilisé le 22 septembre 1919.
Il s’installa alors au n°13 du passage Ramey où il y demeura jusqu’en décembre 1924.
Le Tourneur fréquenta le milieu libertaire à partir de mars 1923.
Le 13 mars 1923, au cours d’une réunion du comité d’initiative de l’Union anarchiste, il accepta les fonctions de gérant du journal Le Flambeau, organe libertaire de l’Afrique du Nord, publié et édité en Algérie, en remplacement de Lopez résidant à Alger.
Dès le 13 avril 1923, il collabora au Libertaire. Dans ses premiers articles, il commenta l’assassinat de Marius Plateau et écrivit que le véritable assassin était « l’honorable Léon Daudet ».
Dans le Libertaire du 20 juillet 1923, il fit le compte rendu du procès des anarchistes Loréal et Lentengre devant la cour d’appel et prétendit que le verdict était dicté par les camelots du roi.
Lors du congrès de l’Union Anarchiste (UA) tenu à Paris les 12-13 août 1923, Letourneur avait été nommé au conseil de rédaction du Libertaire quotidien mais il ne remplit jamais ses fonctions et depuis lors sa présence ne fut plus constatée dans le milieu libertaire.
A partir de juillet 1926, il demeurait 7 passage Ramey où il avait fait construire un petit atelier de peinture dans la cour de l’immeuble. Comme musicien, il effectuait quelques cachets dans les bals.
Il se disait artiste dramatique mais exerçait en réalité la profession de peintre en bâtiment.
Le 19 février 1927, Le Tourneur figurait encore sur la liste des anarchistes, transmise deux fois par mois au Cabinet du préfet de police.

SOURCES :
Préfecture de police Ba 1657 — Archives de Paris, Registres matricules de recrutement D4R1 1385 — Etude de presse : le Libertaire quotidien, 4 décembre 1923-26 mars 1925 par Josianne Garnotel, Mémoire. Paris I, 1970. 135 p. — Notes Rolf Dupuy

 

MOREAU Berthe (ALIX Berthe, Marie, veuve Moreau)

27 dimanche Oct 2019

Posted by fortunehenry2 in Biographies

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Née le 19 janvier 1854 à Domfront (Orne), morte en novembre 1895, cuisinière, débitante de tabac, femme de ménage, ménagère ; anarchiste à Levallois-Perret.

Berthe Alix se maria le 22 décembre 1873 avec Victor André Moreau, né le 6 février 1849, commis principal des contributions indirectes et décédé le 5 janvier 1881. Elle eut avec lui trois enfants qui a la mort de leur père furent élevés par les parents de Moreau.
Le 1er août 1882, elle fut nommée titulaire d’un bureau de tabac de 2e ordre, situé à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine ).
Elle fit la connaissance d’un brocanteur Jean-Baptiste Vizier et vécu avec lui plusieurs années. Ils prirent la gérance d’un bureau de tabac, 26 rue des Chasses à Clichy.
Ils furent expulsés vers la fin 1889, pour ne pas avoir payé leur loyer.
Ils installèrent alors leur débit de tabac dans « un endroit si infect », selon un rapport de police que le ministère des finances leur enleva la gérance.
Ils s’installèrent alors 15 route d’Asnière à Clichy où Vizier repris son métier de brocanteur.
A partir du mois d’octobre 1892, elle rencontra Léveillé et allait fréquemment chez lui, 137 route de Chatou au Vésinet.
Depuis le début de l’année 1893, elle vivait maritalement avec Léveillé qu’elle avait connu dans le restaurant où elle était cuisinière et où Léveillé prenait ses repas : « il avait trouvé enfin femme à son goût. Il s’était mis avec une dame Moreau que la tombée de ses charmes avait reléguée dans la banlieue. Et au numéro 25 de la rue Deguinguand, à Levallois-Perret, ils vivaient paisibles, lui travaillant à Nanterre, dans une forge, elle faisant des ménages. »
Le soir elle travaillait dans le débit Destrez, un marchand de vin, 150 rue du Bois à Levallois, fréquenté par des prostituées, des souteneurs et des vagabonds, selon un rapport de police.
La journée elle était cuisinière dans une petite crémerie située en face de chez Destrez.
Le 16 mai 1893, un indicateur lui ayant signalé l’existence d’un dépôt d’engins explosifs, la police débarqua en force chez le compagnon Bondon de Levallois-Perret, demeurant rue Deguingant. La police découvrit dans une cabane du jardin, des éléments servant à la confection de dynamite. Cette cabane servait aussi de local de réunion pour un groupe dont faisait partie Leveillé. Tous furent arrêtés mais seul Vinchon fut condamné.
Un journaliste de l’Echo de Paris interrogea Berthe Moreau au sujet de cette affaire : « Madame Moreau exaspérée bien entendu, qu’on lui ait pris son homme. Elle nous invite à l’aider à noyer son chagrin dans une boisson quelconque. Et nous y consentons volontiers. Dieu quelle luronne ! Voilà comme elles sont toutes dans l’anarchie, prêtes à se cogner avec les agents au besoin. », selon lui elle lui aurait déclaré : « Mais ils étaient douze pour arrêter Léveillé. Ah bien ! que je leur ai dit ; faut-il être lâches tout de même. »
Le 19 mai, Berthe Moreau reçut une lettre de Leveillé depuis sa prison qui lui disait son espoir d’être bientôt libre. Il soupçonnait Gustave Bondon de les avoir dénoncés, « soit intentionnellement, soit par bêtise. ». L’Echo de Paris publia à l’occasion de cette affaire, un article intitulé Au pays d’anarchie, qui déplut à Berthe Moreau. Avec le compagnon Jourdan, ils se rendirent au siège du journal pour faire rectifier l’article.
Le 1er juin 1893, l’indicateur X n°10, la soupçonna d’avoir signalé aux anarchistes des cartouches de dynamite dans le jardin de Bondon, que ceux-ci firent disparaître avant l’intervention de la police. Il prétendit que ces cartouches étaient enterrées à Nanterre et que Berthe Moreau devait les employer entre le 10 et le 14 juillet, mais aucun élément ne vint confirmer ces propos.
Le 30 novembre 1893, salle Crosatier, 73 rue du Bois, elle assistait à une réunion du groupe anarchiste de Levallois
En janvier 1895, Léveillé se serait caché chez elle suite à une affaire de vol où il était soupçonné. Un agent de la préfecture pénétra même chez elle « sous un prétexte futile » mais ne trouva pas le fugitif. Ayant un gros besoin d’argent, qu’elle n’avait pu emprunter, elle tenta alors de vendre un bateau appartenant à Léveillé, mais sans succès.
Le 24 janvier 1895, Louis Moreau, briqueteur et fils de Berthe Moreau, constata la disparition de sa mère et trouva dans une commode de son logement 259 rue du Bois à Levallois-Perret, ce billet :
« Etant incapable d’un lâcheté et ne voulant pas passer pour cela, je me donne volontairement la mort.
Berthe Moreau
Mon camarade me pardonnera, si jamais il le sait, car lui me comprend.
Je l’ai trop aimé pour lui faire du mal et je ne veux pas passer pour cela ».
Il déclara à la police : « Depuis le départ de Léveillé, dont elle s’était fait la maîtresse, ma mère paraît avoir un peu perdu la tête et si elle n’est pas allée le rejoindre, en masquant sa fuite par la comédie du suicide, j’ai tout lieu de craindre qu’elle n’ai mis à exécution la résolution qu’elle a annoncée. »
Au moment de sa disparition, elle portait une robe en pilou fourré, gris à raies noires et grises.
Le 26 janvier 1895, elle se jetait dans la Seine au pont d’Argenteuil. Retirée presque aussitôt par les mariniers, elle fut conduite au commissariat. Elle avoua qu’elle avait voulu se suicider, par désespoir d’amour à la suite de la disparition de Léveillé. Manifestant des signes de confusion mentale, elle fut hospitalisée à l’infirmerie du Dépôt.
A la fin du mois de juin 1895, Berthe Moreau sortit de l’asile de Villejuif et alla habiter chez son fils, 150 rue du Bois. A la fin du mois de novembre 1895, elle fut retrouvée noyée.

SOURCES : Archives de la Préfecture de police Ba 1192 — L’Echo de Paris 18 mai 1893

La colonie d’Aiglemont, centre de propagande par les brochures et le journal Le Cubilot

25 vendredi Oct 2019

Posted by fortunehenry2 in Fortuné Henry

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Saison 3 : Fortuné Henry, le syndicaliste CGT, fondateur du journal Le Cubilot. Lire l’ensemble des épisodes.
Deuxième épisode. La colonie d’Aiglemont, centre de propagande par les brochures et le journal Le Cubilot.

Fortuné Henry. Album Bertillon septembre 1894. CIRA de Lausanne.

En ce début d’année 1906, on peut constater un véritable changement d’orientation pour l’Essai. Certes l’expérience collective continue mais Fortuné y consacre beaucoup moins de temps, c’est à la propagande par l’écrit qu’il consacre l’essentiel de son activité, laissant les colons vivre leur vie (et y exerçant probablement moins une autorité dont il ne peut se départir, même si elle est contraire à l’esprit libertaire).

Au mois de février 1906 paraît le premier numéro d’une série de brochures intitulée Publications périodiques de la colonie communiste d’Aiglemont (Ardennes).

Dans la préface, la colonie expose les objectifs qui l’ont amené à publier ces opuscules : « Les idées libertaires sont peu connues ou faussées à dessin par ceux contre lesquels nous luttons et dont l’égoïste intérêt maintient l’erreur et l’ignorance au prix des pires mensonges.

La série de publications que nous commençons aujourd’hui avec l’aide de camarades qui trouvent tout naturel d’exprimer ce qui leur semble juste et vrai est un complément à l’œuvre que nous avons commencé à Aiglemont.

Nous estimons que la diffusion des principes anarchistes, que le libre examen et la juste critique de ce qui est autour de nous ne peuvent que favoriser le développement intégral de ceux qui nous liront.

Montrer combien l’autorité est irrationnelle et immorale, la combattre sous toutes ses formes, lutter contre les préjugés, faire penser. Permettre aux hommes de s’affranchir d’eux-mêmes d’abord, des autres ensuite ; faire que ceux qui s’ignorent naissent à nouveau, préparer pour tous ce qui est déjà possible pour les quelques uns que nous sommes, une société harmonieuse d’hommes conscients, prélude d’un monde de liberté d’amour.

Voilà notre œuvre ; elle sera l’œuvre de tous si tous veulent, animés de l’esprit de vérité et de justice, marcher à la conquête d’un meilleur devenir.

La colonie d’Aiglemont »

Un bulletin d’abonnement figure dans la brochure, il est annoncé une brochure de 32 pages tous les mois. Neuf brochures seront publiées. La page de couverture est illustrée d’une gravure de Steinlen. L’abonnement pour un an est de deux francs. Chaque brochure est vendue par la poste pour 10 centimes. Fortuné est le gérant des publications. La mention « imprimerie spéciale de la colonie d’Aiglemont » ne permet pas de savoir où les brochures sont imprimées, puisque l’Essai ne dispose pas encore de matériel d’impression.

Document CIRA de Lausanne. Cliquer sur l’image pour lire la brochure.

Ce n°1 est intitulé : L’ABC du libertaire par Jules Lermina, c’est loin d’être un inconnu, ami de Fortuné, il est le chroniqueur du Radical qui a plus contribué à la popularité de la colonie.

Le Libertaire du 11 février 1906, annonce la parution de la brochure mais sans donner de détails.

Document CIRA de Lausanne. Cliquer sur l’image pour lire la brochure.

Dès le 1er mars 1906, la deuxième brochure est publiée, intitulée La question sociale (position de la question) de Sébastien Faure. Une note à la page 3 indique que Sébastien Faure, très absorbé par sa tournée de conférences et son oeuvre de la Ruche à Rambouillet s’est trouvé dans l’impossibilité de donner à temps sa brochure sur l’enseignement. La brochure publiée, en remplacement, est donc un chapitre de son livre la Douleur universelle, publié chez Stock.

Selon le Libertaire1, elle est vendue chez tous les libraires et à toutes les gares.

Document CIRA de Lausanne. Cliquer sur l’image pour lire la brochure.

La troisième brochure sort en mars 1906, intitulée En communisme. La colonie libertaire d’Aiglemont par André Mounier. Le Libertaire2 en annonce la sortie : « Dans un style sobre, notre camarade André Mounier, vient, dans les publications de la colonie d’Aiglemont, sous le tire En Communisme, de faire paraître une brochure dans laquelle il nous met au courant des résultats obtenus à Aiglemont pendant ces trois dernières années.

Nous en conseillons la lecture à tous nos amis, et à ceux qui par la brochure veulent répandre l’idée dans une de ses manifestations les plus concrètes. »

Document Musée social. Cliquer sur l’image pour lire la brochures.

En mai 1906, est publiée la quatrième brochure : Lettres de Pioupious par Fortuné Henry : « Armes naïves et droites, ces pioupious s’épanchent en phrases simples de toute la surprise, de l’étonnement, de la stupéfaction même que leur causent l’armée, la patrie, la caserne.

Chacune de ces lettres, littéraires quoique sans prétention, est un petit tableau saisissant, caractéristique.

Le bon sens du fils de paysan que n’ont perverti ni le curé, ni le candidat y fait plus de besogne, y renverse plus d’idoles, y déchire plus d’oripeaux que bien des livres où s’entassent de pseudo-sciences.

Lettre de Pioupious, vous serez lues et vous ferez de bonne propagande.3 »

Mais cette brochure, si elle plaît au Libertaire, n’est pas appréciée par le procureur général de Nancy qui la signale par lettre du 28 mai 1906, au garde des Sceaux, estimant que des passages sont injurieux pour l’armée, mais « il me paraît cependant qu’il n’y a pas lieu d’exercer des poursuites. En effet, la publication dont il s’agit ne paraît avoir produit aucune émotion. Elle ne paraît pas avoir été mise en vente, elle sera peu lue. »

Le procureur est sans doute un peu optimiste quand à la diffusion du document.

Document Archives départementales des Ardennes. PERH320 1. Collection privée Philippe Decobert. Cliquer sur l’image pour lire le journal.

Le 10 juin 1906, sort le premier numéro du Cubilot. Journal international d’éducation, d’organisation et de lutte ouvrière, paraissant tous les quinze jours, portant en épigraphe la formule : « Les politiciens sont usés, c’est pourquoi nous apparaissons. »

Le journal est vendu 5 centimes le numéro. Le gérant est André Mounier, mais comme tous les gérants de journaux anarchistes de l’époque, il ne joue qu’un rôle d’homme de paille, servant de fusible en cas de poursuites judiciaires, au véritable réacteur du journal : Fortuné Henry. Les correspondances doivent d’ailleurs être adressées à Jean Prolo, qui est le pseudonyme de Fortuné, dont il se servira même dans les réunions publiques. Le Cubilot est imprimé à Charleroi (Belgique) à l’imprimerie Ledoux.

Le choix du titre est expliqué en première page : « Depuis plusieurs mois déjà, le principe d’un journal exclusivement économique avait été accepté et d’un commun accord tous nos camarades avaient été d’avis d’attendre la fin des élections4 pour paraître.

La question du titre avait été agitée, sans être résolue et l’Essai avait mis été en avant.

Mais désireux de donner dans le titre lui-même la formule ouvrière que nous voulons établir, nous avons décidé de nous arrêter au Cubilot5 qui, instrument de travail, indique mieux que n’importe quel titre l’œuvre à atteindre.

Donc l’Essai, c’est le Cubilot et le Cubilot qui est l’Essai sera bientôt le Réussi. Le choix du Cubilot plutôt que l’Essai démontre que l’objectif donné au journal n’est pas de rendre compte de l’activité de la colonie d’Aiglemont mais de servir de caisse de résonance au mouvement syndical devenu orphelin d’une tribune où s’exprimer.

C’est la constat que fait G. Narrat dans sa thèse sur la colonie : « cette publication n’eut pas, du moins à notre point de vue, tout l’intérêt qu’on pouvait en attendre ; le journal se jeta, dès le début, dans la lutte ouvrière et syndicale, perdant complètement de vue l’expérience communiste des colons d’Aiglemont.6 » En effet, on serait bien en peine de trouver dans le Cubilot, la moindre information sur la vie de la colonie d’Aiglemont. Ce n’est pas sa fonction. C’est ce qui est défini dans l’article Le but rédigé par Jean Prolo, c’est à dire Fortuné Henry lui-même : « Dans notre région si industrieuse des Ardennes, un organe exclusivement économique manque. Loin de toutes les luttes politiques dans lesquelles s’épuisent les énergies du prolétariat, il est temps de rassembler les forces ouvrières, de savoir exactement ce qui se passe partout, dans les boutiques7 comme dans les grands établissements.

Ne rien ignorer des exactions commises, savoir discerner où se trouve la solution des problèmes que la concurrence ou la férocité patronale posent, coordonner toutes les virilités pour en faire sinon un faisceau de révolte ouverte, au moins un levier d’émancipation, telle est la besogne à accomplir.

C’est à cette œuvre que nous appelons tous les travailleurs. Les dissensions de toutes sortes, politiques et philosophiques, doivent tomber devant la réalité des intérêts de ceux qui produisent.

Nous ne sommes à craindre que pour les ennemis naturels des travailleurs : les exploitants, appuyés par l’autorité.

Le Cubilot restera étranger aux luttes politiques, persuadé de leur stérilité dans le domaine du travail ; mais il peut dès maintenant déclarer qu’il aura bec et ongles pour défendre la cause ouvrière et la ligne de conduite qu’il s’est tracée.

Il ne sera pas l’œuvre de plumitifs ni de journalistes en mal d’arriver, mais la collaboration simple de tous ceux qui voudront l’être, ardemment désireux de participer à la besogne urgente d’éducation et d’organisation qui s’impose.

Un programme ? Est-il nécessaire d’en indiquer un. Nous ne le croyons pas. Il suffira de montrer le but poursuivi. Il est simple : développer les syndicats et les sortir du rôle étroit de cercles d’études qu’ils ont trop pris dans notre région. En faire l’instrument puissant de lutte qu’ils devraient être et que le vieux Clément voulait qu’ils soient.

En créer partout où il n’y en a pas.

Pousser l’éducation à ses plus extrêmes limites en lui enlevant le caractère sectaire qu’elle revêt si souvent.

Réaliser l’ouverture de sérieuses bibliothèques puissantes aux points de vue technique et philosophique.

Provoquer la constitution d’Universités populaires où seront soulevées et éclaircies le plus possible les questions qui nous intéressent tous et relatives à l’hygiène, à l’éducation, aux soins domestiques, aux récréations de l’esprit.

Préparer enfin et surtout les forces prolétariennes contre la réaction économique qui se prépare et qui, si nous n’y prenons garde, va nous trouver désarmés et impuissants.

L’or patronal que nous avons produit veut nous écraser et le lok-out s’organise, demain il sera un fait.

Il faut que la vallée réponde par sa force de cohésion aux légitimes espoirs qu’elle a éveillés.

Et loin du pouvoir qui s’en moque, des comédies et des intrigues, qui vivent d’elle, qu’elle soit prête à défendre ses droits et à imposer ce que le développement de notre époque lui donne le droit d’exiger.

Le Cubilot sera donc un organe ouvrier, de collaboration ouvrière, ne s’occupant ni de politique ni de questions personnelles, soucieux seulement de participer à faire des Ardennes le foyer ouvrier et conscient qu’elles peuvent et doivent être.

Jean Prolo »

Les objectifs sont ambitieux et l’on peut dire qu’ils seront atteints en ce qui concerne le journal, par contre la volonté de créer des bibliothèques et des Universités populaires restera lettre morte.

Il faut dire que l’animation d’un journal comme le Cubilot est une occupation à plein temps pour son animateur, le modèle étant le Père Peinard tenu par Pouget et qui connut dans les Ardennes un diffusion assez spectaculaire.

Fortuné tient également une rubrique Coups de boutoir qu’il signe « F. », sans parler d’articles anonymes.

Le journal comprend une autre rubrique Nos fiches, analysant la situation dans chaque entreprise, sous le pseudonyme de « La Sentinelle rouge », on peut supposer que se cache Théophile Sauvage, le syndicaliste de Monthermé (Ardennes), ayant participé à la sortie des syndicats de la Fédération socialiste.

Le premier numéro voit également la publication d’un roman de Charles Malato Léon Martin ou la misère, ses causes et se remèdes. Ce roman est publié en feuilleton, forme littéraire très en vogue à l’époque dans les milieux populaires.

Il ne semble pas que d’autres colons8 d’Aiglemont se soient réellement investis dans le Cubilot, Fortuné ne peut donc être partout, d’autant qu’il va reprendre en même temps, une fonction qu’il connaît bien et qu’il a mis de côté depuis la mort de son frère, celle de conférencier anarchiste.

La parution du Cubilot ralentit la publication des brochures qui perdent leur caractère mensuel.

Mais à la colonie la vie continue, sans que l’on en trouve de trace nette dans les archives, toutefois l’Essai reste un centre de rayonnement attractif.

Le début du mois de juin 1906, voit l’arrivée de visiteurs belges. L’Insurgé9 diffuse le communique suivant : « Les compagnons de l’agglomération de Charleroi sont informés que le cercle L’Excursion, crée il y a un an, dans le but d’organiser des voyages d’instruction à prix réduits, organise le 3 juin, jour de la Pentecôte, un voyage pour aller visiter la colonie communiste d’Aiglemont.

Les camarades désireux de participer à cette excursion profiteront de tous les avantages des membres du cercle et de la réduction du prix du parcours en chemin de fer : prix du voyage : 6 F »
Notes :

1 Le Libertaire 4 mars 1906

2 Le Libertaire 22 avril 1906

3 Le Libertaire 20 mai 1906

4 Les élections législatives de 1906 ont eu lieu les 6 et 20 mai 1906

5 Le cubilot est un four vertical de fusion des métaux. Cet appareil n’est pas choisi au hasard, puisque la métallurgie est l’industrie prédominante de la Vallée de la Meuse et les fonderies sont le secteur amblématique de cette industrie.

6 Milieux libres par G. Narrat, p. 146

7 Nom donné dans les Ardennes à de petites entreprises de métallurgie, très nombreuses dans la Vallée de la Meuse.

8 Hormis Mounier dont les écrits antimilitaristes seront poursuivis par la justice.

9 L’Insurgé 5 mai 1906

©

Une interview de Louis Léveillé dans L’Echo de Paris. 23 avril 1892

24 jeudi Oct 2019

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Document Metmuseum New-York

Dans l’anarchie

J’ai voulu connaître les anarchiste, causer avec eux, être le confident de leurs rancœurs, m’initier à leurs espérances et surtout, suivant à reculons la marche de leur esprit, me faire expliquer par quels événements, quelles influences ils avaient été amenés à se révéler anarchistes, d’inoffensifs qu’ils étaient auparavant, comme vous et moi.

Aucun interview de révolutionnaire en vue, d’orateur notoire des divers partis socialistes ne m’aurait fourni ces notions. Il m’a paru plus intéressant de m’adresser aux anonymes et de les surprendre dans l’abandon de leurs colloques habituels.

Tâche difficile. A toutes les portes d’anarchistes ou j’ai frappé, sauf une, j’ai d’abord été pris pour un mouchard. Cette suspicion à même failli me coûter cher.

C’était avant-hier à Saint-Ouen, derrière la raffinerie, dans un entrecroisement de chemins bordés de hangars contre lesquels s’adossent de sordides et basses maisonnettes toutes retentissantes d’un bruit de marmaille. Dans l’une d’elles habite le forgeron Gallot, anarchiste qui, lors des explosions, a été arrêté, puis relâché. Un anarchiste de Puteaux, nommé Jourdan, m’avait dit la veille :

  • «Si le compagnon Lévéillé, — celui que je cherchais, — n’a pas été embauché à Neuilly, il passera la journée chez Gallot, avec d’autres anarchistes qui y ont pris rendez-vous pour aujourd’hui.»

Je tombe en effet dans un conciliabule.

Par dessus la porte à claire-voie, je reconnais Mme Decamps, Caty avec une femme et trois compagnons.

Une voisine qui étendait, à la lisière du chemin, du linge à sécher, crie :

  • Gallot, on vous demande !

Tout aussitôt, Gallot, menaçant d’aspect, avec son énorme moustache, ses cheveux drus et son front bas à rides nombreuses, m’ouvre la porte, abat sa lourde main sur ma poitrine, m’accule au mur de sa demeure, pendant que la compagnie ferait le cercle :

  • « Qui êtes-vous, crie-t-il, que venez-vous faire ici? Venez-vous pour me moucharder ? Vous méritez qu’on vous chatouille les côtes!…»

— « Je haussai les épaules et regardai Caty qui d’un ton plus doux dit à Gallot qu’effectivement j’étais journaliste et que, dans la conversation que j’avais eue dernièrement avec lui il ne m’avait entendu rien dire contre l’anarchie. »

—Si Monsieur est un ami, qu’il se fasse anarchiste. Vous avez un rédacteur en chef, n’est-ce pas ?

  • Oui.
  • Et vous ne l’étranglez pas, vous ne lui tordez pas le cou?
  • Et après? Je serais bien avancé !

— Alors, c’est que vous n’êtes pas un homme

Le sort de Ravachol ne vous fait pas peur ?

— Peur ! Mais nous sommes tous prêts à nous faire couper le cou pour l’anarchie, en tendez-vous ?»

J’entendais très bien. Ils vociféraient en frémissant de la tête aux pieds. A les écouter, j’en oubliais la secousse que j’avais reçue tout à l’heure ; lorsque Mme Decamps se mit à m’invectiver, disant que la semaine dernière on était venu de la part de la police lui offrir mille francs pour trahir l’anarchie, que j’en étais sans doute, et se tournant vers Gallot : « Vous vous rappelez cet article que je vous ai montré ? »

— «C’est lui !» fit Gallot, et il se précipita sur moi. Si j’avais fait mine de me défendre, je n’en sortais pas intact. Ma tranquillité me sauva. Les compagnons s’interposèrent. Quand je fus dans le chemin, Gallot, exaspéré, me cria : « On vous fera votre compte », en me montrant le poing. Je le saluai pour me mettre en quête d’anarchistes moins farouches.

Je me transportai de Saint-Ouen à Saint-Denis, de Saint-Denis à Clichy, de Clichy à Levallois, de Levallois à Neuilly, de Neuilly à Puteaux. Là, finit la géographie parisienne de l’anarchie. Le foyer en est circonscrit dans ces communes où elle se donne du large à travers les terrains vagues, les vastes usines et les routes le long desquelles les comptoirs de marchands de vins l’échelonnent à perte de vue.

Rue Boulard, à Neuilly, à deux pas de l’a venue de Madrid, il y a un débit de vin qui, chaque soir, de six à huit heures, entend discourir des anarchistes à leur sortie de l’atelier. Ce sont presque tous des mécaniciens employés dans des fabriques de vélocipèdes très nombreuses à Neuilly où cette industrie tend à se localiser.

J’ai dîné avec eux en cet endroit avec Léveillé, sorti de prison depuis peu. Je lui avais été recommandé par Jourdan, de qui il partage la chambre depuis sa mise en liberté, aucun propriétaire ne consentant à le loger; à Levallois, où il demeurait avant son arrestation, on lui a donné congé. Même difficulté pour lui à trouver de l’ouvrage si les cama rades n’étaient pas là.

  • C’est un principe parmi nous, m’explique un de mes commensaux, que ce qui appartient à l’un appartient à tous. Quand l’un de nous chôme, il ne manque de rien. Nous nous relayons pour le loger et pour le nourrir et chacun s’occupe de lui chercher du travail. Nous constituons en petit la société que nous rêvons en grand.
  • Pourquoi mangez-vous si peu, lui demandai-je.
  • Pourquoi? me répond son voisin, parce que l’anarchisme le nourrit. Tel que vous le voyez ce compagnon consacre à la propagande le temps qu’il ne passe pas à gagner son pain. Il ne mange pas, il ne dort pas, il n’a pas de maîtresse. Quand il a amassé quelques économies, il s’interrompt de travailler et passe la journée à payer des demi-setiers aux ouvriers qui chôment pour les endoctriner et les acquérir à l’anarchisme. Aussi ce qu’il nous en amène de compagnons ! Chez nous on lit très peu. C’est par la parole qu’on « se raisonne.» Quelques brochures et c’est tout. Entrez dans nos taudis, vous n’y trouverez pas de livres, parce que dans les livres il y a toujours de la morale et que de la morale nous n’en voulons plus. Nous nous défions même de Kropotkine et de Reclus, parce que, ne vivant pas avec nous, enfermés dans leur cabinet, ils arrivent à ne pas voir le monde du même œil que nous qui peinons. Ce ne sont pas des gens à mettre la main à la pâte. Ils ne sont pas hommes à faire sauter les maisons. Ravachol qui sait à peine lire a plus fait pour répandre l’anarchie que tous leurs bouquins.
  • J’entends bien qu’étant hommes d’action vous avez du mépris pour les hommes de pensée. Mais Kropotkine et Reclus sont des gens de travail, des hommes doux, tandis que Ravachol a tué un ermite.
  • Qu’est-ce que cela nous fait ? Mais au contraire, plus l’anarchiste fait de mal et plus de titres il a pour être des nôtres. Car s’il a tué, volé, c’est qu’il n’avait pas le nécessaire, c’est donc qu’il avait été plus maltraité par la société. Aussi, incendiaires, assassins, voleurs n’ont qu’à venir à nous. Nous ne refusons personne. C’est dans ce qu’on est convenu d’appeler le rebut de la société que dorment les plus grandes forces intellectuelles et physiques. Seulement elles sont déviées, parce que la Société est mal faite. Si je vous disais que je ne vais pas à Paris parce que la vue de tout ce luxe est une souffrance pour moi. Je vois des hôtels magnifiques et je songe à mon taudis, si étroit; que lorsqu’on est venu pour m’arrêter, trois agents sur six ont seulement pu pénétrer. Nous ferons donc sauter un de ces hôtels. Seulement il faut attendre que la policé se soit relâchée. Pour l’heure, toute la rousse est à nos trousses. Léveillé sera suivi ce soir en rentrant à Puteaux. Et même on a fait exprès de le lâcher, avant le 1er mai : s’il se prépare quelque chose ce jour-là, on espère découvrir nos projets en surveillant ses allées et venues. Mais pas mèche qu’on sache rien!… .
  • Cependant Ravachol s’est fait prendre bien maladroitement…
  • Comment, vous croyez vous aussi à ce racontar ! Ravachol était trop prudent pour faire de la propagande aussi légèrement. J’ai dîné avec lui chez les Chaumartin, sans savoir qui il était. Ne me connaissant pas, il n’a pas dit un mot de l’anarchie. La vérité, c’est que Lhérot est de la police en qualité d’indicateur et que Ravachol était filé déjà. Notre avis est que Mme Chaumartin a parlé.
  • Mais, enfin, ces explosions, à quoi vous serviront-elles ?
  • Encore deux ou trois dynamites et les bourgeois effrayés quittent Paris. Pour quelques portes à bas, vous avez vu quelle frousse. Que sera-ce donc dans quelques mois? En 1789, les nobles ont émigré parce que les paysans brûlaient les châteaux. Nous voulons déterminer une panique pareille chez les bourgeois. Nous verrons ensuite… »

C’était, un beau parleur que j’avais devant moi. Il était écouté avec un admiratif ébahissement, par un Italien récemment expulsé. Singulière, l’histoire de cet Italien. La police le fourre dans un wagon à destination de Belgique. Il arrive à Bruxelles où un fonctionnaire quelconque lui remet vingt francs et l’introduit dans un wagon à destination de Paris. Il rentre en son logement. Deux jours après il reçoit l’ordre de se présenter devant le commissaire de police qui lui tient ce langage :

« Je sais que vous n’avez rien fait. Aussi je vous laisse tranquille. Mais à une condition, c’est que vous ne fréquenterez plus d’anarchistes. » Naïf, le commissaire; Au dernier mot du récit, tout le monde se mit à rire, Car on rit aussi dans l’anarchie. Et je pris congé de mes révolutionnaires jus qu’à la prochaine explosion.

EDOUARD CONTE

L’Echo de Paris 23 avril 1892

Marie Delange et Fernand Bricout, un couple anarchiste. 18 juin 1892

23 mercredi Oct 2019

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La Cocarde enquête sur le couple Bricout-Delange parmi leurs voisins.

LES ANARCHISTES. NOTRE ENQUÊTE SUR LES ÉPOUX BRICOUT

Rue des Gravilliers. — Un bon ménage. — Dettes de quartier. — Les impressions d’une rue.

Comme actuellement on s’occupe beaucoup dans toute la presse du ménage Bricout, que l’on soupçonne, non sans raison, d’avoir participé a l’attentat commis boulevard Magenta, nous avons pensé qu’une enquête faite sur ce ménage anarchiste intéresserait les lecteurs de la Cocarde.

Nous nous sommes rendu ce matin rue des Gravilliers où habitaient en dernier lieu les Bricout, et nous avons recueilli les renseignements suivants :

Comme ils avaient l’air d’honnêtes gens, et qu’ils possédaient quelques meubles, on leur loua sans difficulté un petit appartement de 400 francs au sixième étage. Bricou; qui de son état était menuisier, quittait son logement le matin à six heures où il ne rentrait que pour déjeuner, et le soir à sept heures.

Pendant la journée sa femme — ou sa maîtresse; à ce sujet les avis sont partagés dans le quartier — recevait un assez grand nombre de visites, des hommes surtout et, c’était durant l’après-midi un bruit de voix continuel dont les locataires voisins se plaignaient même assez vivement.

On ne peut, au sujet des gens que recevait la femme Bricou, donner des détails précis, mais il résulte des quelques signalements que nous avons pu recueillir que Drouet était un habitué de ces five o clock anarchistes.

Les voisins ont fréquemment entendu des discussions politiques, où revenaient ces mots: « cochons de bourgeois ». Les noms de Ravachol et de Gustave Mathieu étaient également prononcés.

Mais n’étaient ces colloques, et ce va-et-vient de visiteurs, rien dans l’allure des Bricou ne pouvait faire prévoir qu’ils étaient affiliés aux anarchistes. Aucune de ces allures mystérieuses qui attirent l’attention, aucune sortie nocturne. On se couchait tranquillement à neuf heures; aucune discussion surtout entre ces époux assortis.

Bricou est âgé d’environ trente ans; c’est, paraît il, un beau gaillard, solide, portant retroussée une moustache brune. Les yeux sont clairs bien qu’enfoncés sous l’arcade sourcilière. Il a également le teint un peu rouge.

On prétend unanimement que c’était un ouvrier laborieux.

La femme Bricou – Mme Bricou, comme on dit dans le quartier — est une petite boulotte au teint laiteux des rousses, avec beaucoup de taches de rousseur sur la peau. Ses cheveux sont complètement rouges, l’œil est petit et malicieux.

Elle parle vite et d’abondance. Une bonne femme du quartier nous dit qu’elle avait un air égaré « de femme pas comme les autres ».

Une autre nous déclare « qu’elle avait toujours l’air de parler pour les autres ».

A cette question que nous posons : — Buvait elle ?

On répond qu’elle était d’une sobriété extrême ainsi que Bricou.

Les époux Bricou étaient plutôt gênés. Au moment de leur arrestation ils devaient encore 95 francs à la propriétaire de l’immeuble qu’ils habitaient et une somme de dix-sept francs à un charbonnier marchand de vin demeurant au n° 8 de la rue des Gravilliers.

Ajoutons, pour être complet, que la première arrestation des époux Bricou n’avait pas produit dans le quartier une vive émotion.

La deuxième arrestation de la femme Bricou a préoccupé davantage l’opinion publique. Contrairement à ce qu’on a dit, elle ne s’est pas débattue quand on l’a arrêtée ; elle s’est contentée de protester avec énergie contre la brutalité des policiers de M. Lozé.

Ajoutons que la femme Bricou a été de nouveau interrogée ce matin par M. Atthalin, et que Bricou sera ramené du Havre à Paris incessamment, son état s’améliorant chaque jour.

La Cocarde 18 juin 1892

Le mariage de Fernand Bricout et Marie Delange sous la haute bienveillance de la Préfecture de police. 17 juillet 1893

22 mardi Oct 2019

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Le mariage de Bricout et Delange dans le bureau du directeur de la prison de la Santé. Le Journal illustré 30 juillet 1893.

Le mariage d’un forçat

Un de mes amis, qui a des intelligences dans la prison de la Santé (côté des fonctionnaires, bien entendu) m’écrivait l’autre jour: « Si tu veux assister, au mariage d’un des prisonniers; l’anarchiste Bricout, avec sa maîtresse Mlle Delange c’est pour lundi, à neuf heures. Je t’attendrai à la porte. »

A l’heure dite nous entrons nous traversons une cour carrée dont les murs cachent sous un feuillage de lierre le plâtre bruni dont-ils sont recouverts, murs de vieille et poétique demeure si: du grillage aux portes, du grillage aux fenêtres n’évoquait à mes yeux, les prisonniers que je ne vois pas. Cette cour n’est pas pour eux. Leur captivité commence derrière le bâtiment qui fait face à rentrée.

Ce bâtiment loge le directeur, renferme ses bureaux, le personnel écrivaillant. De la cour on y accède par quelques marches. Elles mènent à un couloir s’allongeant en rectitude devant soi, bouché par une porte, coupé à angle droit par un autre couloir. Nous le prenons par la droite ayant soin de marcher les pieds bien à plat sur le parquet pour éviter de glisser, tant la surface en est frottée et polie.

Nous, passons devant trois portes fermées. La quatrième est ouverte. Nous y voilà sans doute. Elle donne dans une vaste pièce peinte en blanc, ornée de photographies, qui sont des vues de la prison, meublée d’une longue et large table et de chaises bois et cuir. C’est le cabinet du directeur, C’est ici que Bricout va venir pour se marier. Voici M. Demay, adjoint au maire du quatorzième arrondissement, accompagné de M. Baruel, employé à la mairie. Celui-là est ceinturé d’une écharpe, celui-ci porte sans solennité de gros livres qu’il dépose ensuite sur la table. Ils sont suivis de deux employés du greffe désignés pour servir de témoins à la mariée. Mais, retranché derrière la table, un homme de mine pleine et bonasse, à uniforme pareil à celui des officiers de paix, les regarde s’apprêter, puis invite maire et employés de mairie à prendre place à côté de lui; C’est le directeur. Lentement, processionnellement arrivent Mlle Delange, une puissante paysanne de vingt-cinq- ans à l’œil doux, aux cheveux carotte, le visage constellé détachés de rousseur; puis son père, un petit brun renfrogné ! Puis sa mère, le nez en l’air, point honteuse. La future supporte entre ses bras un enfant qui tète.

Tiens, M. Fédée en bourgeois ! Pourquoi ici ? Il salue, s’écarte et attend. Enfin voici Bricout : pour un prisonnier, une figure bien réjouissante de santé. On en oublie la grisaille de sa veste et de son pantalon de prisonnier, le burlesque de sa tête rasée et l’attitude lamentablement respectueuse que lui imprime la consigne de tenir de sa main droite à la hauteur des reins ses deux sabots qu’il a déchaussés tout à l’heure avant d’entrer. Après avoir convenablement souri, à tout le monde et embrassé sa maîtresse qui le lui rend bien, il se poste, fixe devant le directeur, ses deux gardiens debout derrière lui; ce sont ses témoins.

Du ton dont un professeur admonesterait un élève pour qui il a un faible, le directeur adresse à Bricout quelques mots préliminaires à la cérémonie: Bricout c’était votre vœu d’être marié et père selon la loi. Le voilà., exaucé. Vous le voyez, tout est prêt.

Devant Bricout, Mlle Delange et les parents de celle-ci, rangés sur quatre sièges, chacun devant la table, se passa cela comme à l’ordinaire sauf que de la part de l’adjoint il n’y eut pas de discours. Il était réservé à M. Fédée de le débiter. Discours paternel quoi que militairement jeté, discours encourageant pour Bricout que son sermonneur assurait de la bienveillance de l’administration. Elle ne le perdrait pas de vue, l’administration, sachant que dans l’anarchie il avait été un égaré. Qu’il persévérât à se bien tenir, qu’une fois en Calédonie il évitât de fréquenter. : « Vous savez qui, n’est ce pas Bricout, vous savez qui ? » il lui en serait tenu compte. « Le plus pénible c’est la traversée ; mais elle vous sera allégée par quelque argent que m’a remis pour vous une généreuse personne. Et voilà trente francs pour aujourd’hui.» Pauvre Bricout ! Ces libéralités-là, c’est comme si on te demandait pardon de n’avoir pas réussi à te faire acquitter en échange de tes aveux.

La cérémonie, comme dit le directeur de la Santé, est terminée. Mais on ne peut pas se séparer comme ça. On l’allonge donc d’un second acte qui se passe à quelques pas plus loin dans le greffe, pièce identique, verdie de cartons entassés dans des casiers dont l’ombre est heureusement combattue par des aperçus sur un jardin, le jardin du directeur.

Que faire pour marquer une noce ? C’est la question que muettement se firent tous les assistants. Mais M. Fédée y veille. Je le vois tirer de son porte-monnaie une pièce de cinq francs, la donner à Mme Bricout; avec un mot à l’oreille. Elle confié son enfant à son mari, s’éloigne et cinq minutes après, nous la voyons revenir les mains, embarrassées de jambon, de pain et d’une bouteille de vin. — Voilà deux verres, dit un des gardiens.

—Rien que deux dit Bricou. Vous garderez ce que vous ne boirez point.

« Mangez,mangez», fait vivement la mère de la mariée. » Triste repas de noce direz-vous. Non. Pas triste du tout: » Les mariés sont tout aises, sans plus d’émotion que s’ils s’étaient attablés chez un troquet. Bien plus curieuse à observer est l’affectation des assistants à ne pas les gêner de leurs regards. En attendant qu’ils aient fini leur sommaire déjeuner, on cause entre soi.

« Je voudrais bien fumer », fait Bricout. Il n’avait pas sitôt dit qu’un des gardiens le contentait, de tabac. A la première bouffée, ah ! quel ravissement le saisit. Bon homme, le directeur tirait sa montre, de moment en moment, allongeant le temps qu’il avait mesuré au prisonnier. Et la réflexion égrillarde ? me dis-je, celle que doit provoquer l’impossibilité pour les mariés de se prouver leur amour ; elle ne vient donc pas. Elle vient et c’est un gardien qui la chuchote avec un rire étouffé. Chez les nouveaux mariés, aucun geste ne révèle le même regret, non, pas même lorsque le directeur, s’ébranlant enfin, fait un geste de séparation. Un sonore baiser, puis un autre. Le départ en procession de Mme Bricout et de ses parents effectué, Bricout assujettit sous son bras gauche le pain restant, de la main droite saisit la bouteille au quart pleine, et une dernière fois souriant, se retire, talonné par ses gardiens, désormais impassibles.

L’Écho de Paris 19 juillet 1893

Un démenti en l’air

Le Temps publiait hier la note suivante : « Plusieurs journaux, en racontant le mariage de Bricout avec Marie Delange, ont ajouté que M. Fédée, officier de paix, avait remis à Bricou, aux nom de la préfecture de police et d’un anonyme, une certaine somme d’argent. M. Fédée n’a fait aucune libéralité de cette nature et il n’est pas exact davantage qu’il ait adressé une allocution aux mariés. » Cette note a été reproduite hier par d’autres journaux. J’ai raconté ce mariage. J’y assistais. J’ai vu, de mes yeux vu, M. Fédée donner de l’argent aux mariés. Je l’ai entendu, leur débiter un petit discours. Je n’admets pas que qui que ce soit me donne un démenti, surtout le Temps qui n’a rien vu rien entendu, dont aucun rédacteur n’était là présent.

E. C
L’Écho de Paris 21 juillet 1893

LES NOCES D’UN ANARCHISTE

A la prison de la Santé. Le mariage de Bricout. La cérémonie. Projets d’avenir.

Une curieuse- cérémonie a eu lieu hier matin à la prison de la Santé. Fernand Bricout, l’anarchiste condamné par la cour d’assises de la Seine à vingt ans de travaux forcés pour sa participation à l’explosion du restaurant Véry, y a épousé sa maîtresse, Marie Delange, voulant avant son départ pour la Nouvelle-Calédonie, légitimer un enfant qu’il avait eu de cette dernière, une petite fille née à Saint-Lazare.

A neuf heures et demie arrivaient à la prison le troisième adjoint du maire du quatorzième arrondissement, M. Demay, accompagné d’un employé de l’état civil, M. de Baruel. La future était déjà là avec ses parents et son enfant. Elle était fort simplement vêtue d’une robe noire ornée tout en blanc, le cou orné de quelques médailles de sainteté; la belle-mère, en noir, avec la traditionnelle chaîne en or à coulant ; le beau-père revêtu d’un complet éblouissant, tous très joyeux d’assister à la petite fête, comme si.la noce devait se terminer par une promenade au bois et une forte brèche dans les caves, d’un restaurateur des environs.

M. Patin, directeur de la Santé, attendait tout ce monde dans son cabinet, où se trouvait M. Fédée, officier de paix des brigades de recherches, son secrétaire et quatre gardiens de la prison, désignés pour servir de témoins aux époux.

Devant l’adjoint.

Quand l’adjoint, l’écharpe à la ceinture, eut pris place au bureau directorial, Bricout fut extrait de la cellule 39 qu’il occupe dans la deuxième division de la prison; puis, vêtu du costume pénitentiaire complet de bure marron, béret gris sur la tête et sabots aux pieds; il fut amené par un gardien devant sa fiancée.

Il y eut d’abord une embrassade générale, entre ceux que l’anarchiste ne voyait depuis quatre mois qu’à travers la grille du parloir, puis, le calme rétabli, l’adjoint lut aux futurs les articles du Code par lesquels ils se devaient réciproquement aide et protection. Après le oui sacramentel prononcé par tous deux sans la moindre hésitation, il les déclara unis au nom de la loi.

Aussitôt, M. Fédée s’avança, et, rompant le silence, adressa à Bricout le petit speech que voici presque mot à mot :

« Bricou, vous avez été un grand coupable, mais personne ne doute de votre repentir et de la ferme intention que vous avez de rendre un jour, par une conduite exemplaire, un nom intact à l’enfant que vous venez de légitimer.

Quand vous serez là-bas, évitez les mauvaises fréquentations, oubliez dans le travail les théories qui ont fait votre perte et l’administration, qui est disposée à se montrer bienveillante envers vous, ne vous perdra pas de vue.

Si vous ne donnez lieu à aucune plainte, dans trois ans votre femme ira vous rejoindre à nos frais, puis viendront les faveurs, et, plus tôt que vous ne le pensez, la liberté. Ne l’oubliez jamais.

En attendant je vous remets, pour votre pécule, une somme de 35 francs de la part de la préfecture de police; je vous annonce en outre qu’un anonyme nous a remis pour vous une assez forte somme, qui servira à adoucir les rigueurs de votre transport et à assurer l’entretien de votre enfant. Maintenant, au moment de nous quitter sans doute pour jamais, je vous souhaite bon courage et à votre femme et à votre enfant bonheur et bonne santé. »

« Merci, monsieur, répondit humblement Bricou, déguisant mal son émotion, je vous promets de bien me conduire. »

Sa femme et sa belle-mère pleuraient franchement, tandis que la petite fille, insensible aux paroles de M. Fédée réclamait à grands cris un peu du lait maternel.

Le verre en main.

La cérémonie terminée, les époux et leurs parents ont été autorisés à passer une heure ensemble dans le greffe de la prison. Puis M. Patin, qui a bon cœur, trouvant les noces de son pensionnaire un peu sèches, a permis aux époux de trinquer ensemble. La femme Bricout est rapidement allée chercher un litre de vin, une livre de pain et un jambonneau et, le verre en main, les nouveaux mariés ont repris leurs projets d’avenir.

Bricout fumait avec délices quelques cigarettes que M. Patin lui avait données pour que la noce fût complète. A onze heures, le moment de la séparation ayant sonné, Bricout a été réintégré dans sa cellule pour y reprendre la fabrication des sacs en papier qui constitue son occupation journalière, tandis que la nouvelle Mme Bricout regagnait, toujours très joyeuse, Levallois-Perret en compagnie de ses parents.

Jeudi prochain, un nouveau mariage aura lieu à la Santé, celui d’un charretier de la Villette nommé Albrecht; mais, pour celui-ci, il y aura une cérémonie religieuse que Bricout avait déclinée.

Le Matin 18 juillet 1893

Procès des complices de l’attentat du restaurant Véry. Audience du 13 avril 1893

21 lundi Oct 2019

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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COUR D’ASSISES DE LA SEINE

Audience du 13 avril.

Présidence de M. le conseiller Feuilloley.

EXPLOSION DU RESTAURANT VÉRY ET DE LA CASERNE LOBAU. — ASSASSINAT ET TENTATIVE. — DESTRUCTION D’ÉDIFICES A L’AIDE DE MATIÈRES EXPLOSIELES.

(Voir la Gazette des Tribunaux des 12 et 13 avril).

L’audience est ouverte à midi un quart.

On devait entendre au début de l’audience les docteurs Brouardel et Vibert, mais le docteur

Brouardel étant au congrès de Dresde et le docteur Vibert se trouvant malade, on introduit M. Vielle, l’inventeur de la poudre sans fumée, qui a été désigné comme expert dans cette affaire.

Paul Vielle, ingénieur des poudres et salpêtres : Mes constatations ont été faites deux jours après l’explosion. Toutes les fois que des explosifs violents sont employés, ils laissent dans une zone très étroite des traces significatives de leur action.

Les débris du comptoir avaient été mis en charpie absolument. Cette première constatation et l’existence d’un trou énorme indiquaient qu’une charge d’explosif avait été posée tout près du comptoir. La charge n’avait pu être placée dans la cave, où, au contraire, des objets très fragiles étaient intacts.

Les projections étaient très nombreuses. Nous n’avons pu relever, sur aucune de ces projections, le moindre objet étranger au comptoir ou au sol et nous en avons conclu que l’explosif était placé sous une enveloppe légère, non métallique. Nous n’avons retrouvé qu’une toute petite pièce eu cuivre. Il est possible que cette pièce ait appartenu à la fermeture d’une valise, mais je ne puis rien affirmer.

Nous avons cherché à préciser la nature de l’explosif employé. Nous avons examiné des poussières qui se trouvaient au-dessus du centre de l’explosion, et nous y avons trouvé des matières siliceuses employées généralement dans la confection de dynamite à base de nitroglycérine. Il en résultait, avec une très grande probabilité, que l’explosion avait été causée par la dynamite.

Girard, directeur du Laboratoire municipal : J’ai été commis pour examiner avec M. Vielle le théâtre de l’explosion. Je suis arrivé sur les lieux à 11 heures du soir. J’ai dû chercher l’endroit où l’explosion s’était produite. En cherchant, j’ai trouvé un trou béant qui me paraissait produit par la dynamite. Cependant je n’osais rien affirmer, parce qu’on m’avait dit que les blessés étaient tout noirs. J’allai les voir a Saint-Louis et je constatai que ce noir provenait d’un commencement d’incendie, déterminé par des bonbonnes de kirsch qui avaient pris feu.

Nous avons cherché partout les traces d’une enveloppe métallique : nous n’avons rien trouvé. L’analyse des débris métalliques que nous avons recueillis nous a en effet prouvé qu’ils provenaient du comptoir. Nous en avons tiré cette conviction que l’engin n’était pas dans une enveloppe métallique. Nous avons alors recherché quelle était la nature de l’explosif employé.

Nous avons trouvé, en analysant des poussières grattées au plafond, que c’était certainement de la dynamite.

Me Aliés : Est-ce qu’un retard quelconque apporté à la découverte de la dynamite, au pont de Flandre, ne pouvait pas amener de très grands malheurs?

Le témoin : Parfaitement. Nous avons dû prendre de très grandes précautions pour détruire cet amas de dynamite, dont la composition chimique s’était modifiée.

Une explosion spontanée aurait très bien pu se produire. Si cette explosion s’était produite, il ne serait rien resté du pont de Flandre.

Me Allés : Est-ce que la découverte de cet amas de dynamite n’a pas amené un profond soulagement dans le monde administratif et judiciaire, auquel le témoin est mêlé?

M. le président : Oh. je vous répondrai, si vous voulez, à la place du témoin. Ce soulagement s’est produit, non seulement dans le monde administratif et judiciaire, mais dans le public tout entier.

On appelle le témoin Soulage, déjà entendu à l’audience d’hier. Il ne répond pas et, sur la demande du défenseur de Francis, M. l’avocat général envoie un inspecteur de police le chercher à son domicile.

M. le président annonce qu’il posera, comme résultant des débats, la question aggravante de maison habitée, qui a été omise dans l’arrêt de renvoi.

La parole est donnée à M. l’avocat général Laffon pour soutenir l’accusation.

M. l’avocat général est interrompu, presque dès Je début, avec beaucoup de violence par l’accusé Francis.

M. le président : N’interrompez pas. Vous aurez la parole tout à l’heure et vous direz tout ce que vous voudrez pour votre défense. Mais je ne souffrirai pas que, M. l’avocat-général soit interrompu. Ainsi ne recommencez pas.

Francis : Qu’on dise la vérité et je ne dirai rien. Mai je ne veux pas qu’on dise des mensonges.

A ce moment le témoin Soulage arrive et remet à la Cour le gilet semblable au veston saisi et qu’il prétend avoir été donné par lui à la femme Francis.

La fille Delange (après avoir examiné le gilet) : Il me semble que c’est bien celui que j’ai été chercher chez Mme Francis.

M. le président : Nous n’avions pas le gilet. Le voici retrouvé : c’est tout ce qui résulte de l’incident.

Me Desplas : Puisque Soulage est là, voudriez-vous lui demander si, le 25, Francis a dit devant lui à la fille Delange, au café du Progrès, comme le prétend celle-ci, que Meunier était allé à la foire au pain d’épices et que l’explosion aurait lieu le soir.

Le témoin : Je n’ai rien entendu de cela.

La fille Delange : Francis m’a dit cela tout bas. On ne dit pas ces choses-là tout haut dans un café où il y a du monde.

M. le président : Appelez M. Passenot.

M. Passenot est appelé et se présente à la barre.

M. le président : J’ai prié M. le directeur de la Belle-Jardinière de nous envoyer un de ses meilleurs essayeurs. Il a envoyé M. Passenot. Je le désigne comme expert et on va procéder à l’essayage du gilet et du veston sur Soulage et sur Francis.

M. Passenot prête le serment prescrit par la loi et procède à l’essayage.

L’expert Passenot : Le veston et le gilet sont un peu justes pour M. Soulage et un peu larges pour M. Francis. On peut les avoir vendus aussi bien pour l’un que pour l’autre. Dans certaines maisons, si le vêtement est un peu juste, on dit au client qu’il va très bien et, s’il est un peu large, on lui dit encore qu’il va très bien. (Hilarité).

M. le président : Ainsi il peut aussi bien avoir été vendu pour l’un que pour l’autre.

L’expert : Oh ! certainement.

M. le président : Veuillez examiner la doublure du veston. Est-ce la doublure originaire ou une doublure rapportée ?

L’expert : C’est la doublure originaire, il y a simplement une pièce rapportée.

M. le président : Eh bien, quand M. le commissaire de police, a fait observer à Soulage que la doublure du veston ne répondait pas à ce qu’il avait décrite, Soulage a répondu qu’on l’avait changée. M. l’expert déclare que c’est la doublure originaire. Messieurs les jurés apprécieront,

Francis : J’avais demandé, dès le mois de juillet, un supplément d’information. Et c’est seulement huit jours avant le jugement que le commissaire de police a fait cette enquête. C’est une manœuvre de la dernière heure.

M. le président : Si je n’avais la volonté très arrêtée de laisser à la défense toute sa liberté, je ne tolérerai pas un pareil langage Vous avez en effet demandé un supplément d’instruction aussitôt que j’ai été désigné pour présider les assises, M. le Procureur général m’a transmis cette demande et immédiatement j’ai fait procéder à l’enquête que vous sollicitiez. Il faut que MM. les jurés sachent comment les choses se sont passées.

M. l’avocat général, vous avez la parole pour continuer votre réquisitoire.

M. l’avocat général Laffon reprend son réquisitoire.

M. l’avocat général demande contre Francis un verdict exemplaire, mais il ne s’oppose pas à l’admission des circonstances atténuantes en ce qui concerne Bricout et la fille Delange.

Me Ledu présente la défense de la fille Delange et Me Aliès celle de Bricout.

Après leurs plaidoiries, l’audience est suspendue de cinq heures à sept heures.

A la reprise, Me Desplas prend la parole pour présenter la défense de Francis.

M. le président demande aux accusés s’ils ont quelque chose à ajouter à leur défense.

Sur leur réponse négative les débats sont clos.

Le jury entre à 9 h. dans la salle de ses délibérations.

M. le président autorise Bricout à communiquer, pendant la suspension, avec la fille Delange, et Francis à recevoir la visite de sa femme.

Le jury revient à 10 heures et demie, avec un verdict négatif, en ce qui concerne la fille Delange et Francis, affirmatif avec circonstances atténuantes en ce qui concerne Bricout.

M. le président prononce l’acquittement de la fille Delange et de Francis.

Francis : Messieurs les jurés, je vous remercie.

Après délibération en chambre du conseil, la Cour condamne Bricout à vingt ans de travaux forcés et dit qu’il n’y a lieu de réduire en sa faveur l’interdiction de séjour.

Bricout : C’est malheureux parce que je suis innocent.

L’audience est levée à onze heures.

La Gazette des tribunaux 14 avril 1893

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