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Archives Mensuelles: avril 2019

Les mouchards. 9 janvier 1885

30 mardi Avr 2019

Posted by fortunehenry2 in Non classé

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Entête de l’article du 18 août 1884 du Cri du peuple, premier d’une longue série dénonçant la Préfecture de police dite Police politique

La campagne du Cri du Peuple contre la police politique a décidément donné le branle ; on s’occupe de ces messieurs de la rousse un peu dans tous les journaux.

Hier, le Figaro, qui n’est pas rempli de tendresse pour le ministère, a publié un intéressant article dont nous reproduisons quelques extraits. On y trouvera une nouvelle confirmation des faits scandaleux que l’EX-AGENT SECRET a révélés.

Voici comment s’exprime notre confrère :

Sous la troisième République, l’organisation du service des mouchards est très complexe. Pour être plus explicite, disons tout de suite qu’il existe sept services de mouchards, parce qu’il y a sept fonctionnaires qui ont à leur disposition des fonds secrets pour gager des agents secrets.

Ces sept services d’information politique secrète, sont :

4. Au cabinet du ministre de l’intérieur.

2. Au cabinet du directeur de la sûreté générale au ministère de l’intérieur.

3. Au cabinet du préfet de police.

4. Au cabinet du contrôleur-général de la préfecture de police.

5. Au cabinet du chef de la police municipale de Paris.

6. Au cabinet du chef de la première brigade des recherches.

7. Au cabinet du chef de la deuxième brigade des recherches.

Tout le monde, dans le haut personnel du gouvernement, a donc ses agents : MM. Camescasse et Puybaraud, M. Caubet, M. Gaulier de Noyelles, M. Duranton, M. Girard, M. Waldeck-Rousseau peuvent faire épier des citoyens français. Si le gouvernement n’est pas bien renseigné, c’est qu’il est bien maladroit et que ses mouchards sont de bien mauvais mouchards et qu’ils volent qui les paie.

Ces divers services de police gagneraient à être réunis en deux services. Mais on ne fait pas renoncer un fonctionnaire à une prérogative aussi flatteuse pour la vanité que celle d’avoir à soi des agents secrets.

Les différents fonctionnaires qui paient des agents secrets n’acceptent pas toujours les consciences qui s’offrent. Certains individus font le honteux métier d’espion par contrainte. C’était le cas de Puissant, ancien rédacteur de la Lanterne et de la Révolution sociale. La préfecture de police le tenait par la menace de la divulgation d’un méfait dont il était l’auteur et qui n’avait pas été ébruité.

Un certain Valadier, rédacteur du Droit social de Lyon, qui fut compromis dans le procès du prince nihiliste Kropotkine, était dans un cas pareil à celui de Puissant. Valadier avait sur la conscience des peccadilles qui relevaient non seulement de la morale, mais encore du parquet.

Lors de l’exécution des décrets du 29 mars, un journaliste, aujourd’hui presque disparu, s’était introduit dans 1a confiance des membres du Comité de la défense de la liberté religieuse. Il donnait avis de tout ce qui se passait dans ce Comité à un autre journaliste très lié avec M. Constans et qui, lui, avertissait son compère des intentions du ministère de l’intérieur à l’égard des congrégations. C’est ainsi que le ministère de la place Beauvau et le Comité Mackau, grâce à deux mouchards, n’avaient pas de secrets l’un pour l’autre.

La surveillance des ennemis du gouvernement, des socialistes de toutes nuances est du domaine plus spécial de la Préfecture de police et de ses brigades de recherches.

Lorsqu’un chef de service politique, l’officier de paix d’une brigade de recherches ou le contrôleur général, par exemple, veulent engager un agent secret, ils en font la proposition au préfet. C’est le préfet de police seul qui choisit les mouchards. Il en connaît les noms. Mais quand les services d’un
individu ont été agréés, il lui est désigné un pseudonyme qui change presque tous les mois. Le préfet ne connaît pas les pseudonymes qui sont le secret du chef de la brigade avec qui correspond l’agent secret.
M. Camescasse sait donc que X… est un de ses indicateurs, mais il ignore sous quel nom « il travaille ».
(Il y a ici une double erreur de détail qu’il nous faut relever. Contrairement à ce qu’affirme notre confrère, le préfet de police ne choisit que les mouchards qui sont attachés à son cabinet. Pour les autres, c’est l’affaire des fonctionnaires intéressés. Quant aux pseudonymes, le préfet les connaît fort bien; ce qu’il ignore ce sont précisément les noms des agents qui restent le secret de l’officier de paix de la brigade, ou de Caubet ou de Gauthier de Noyelles, selon que les agents appartiennent à l’une des deux brigades politiques, ou au cabinet du chef de la police municipale, ou au contrôle général.
Tous les matins, les copies des rapports des agents secrets sont transmises au préfet, et chaque copie porte comme en tête, dans le coin du haut, à gauche de la feuille, le pseudonyme de l’agent secret.)
Les mouchards sont payés sur les fonds secrets, dont la Préfecture de police absorbe six cent mille francs par an. Le salaire d’un agent secret varie de 150 francs à 500 francs par mois. La police se paye mal au boulevard du Palais.

Ces appointements sont payés sans reçu, mais chaque chef de service en dresse un état qui est remis au préfet. Ces états forment les archives secrètes du cabinet. Le payement des appointements n’a pas lieu à la caisse de la Préfecture. Le mouchard reçoit son argent de la main à la main. C’est un employé de confiance qui est chargé de ces payements. Il s’en acquitte chaque mois, à une date, à une heure et à un endroit qui ne sont jamais les mêmes.
Le mois dernier, c’est à Vincennes que les agents secrets de la première brigade des recherches ont été payés.

Toutes les précautions sont prises pour que les mouchards ne puissent pas être « brûlés». Leurs rapports sont copiés puis jetés au feu. Malgré cela, on en découvre quelquefois. Les gens que le « jury l’évolutionnaire » a exécutés en sont la preuve.

Maintenant , combien sont-ils ? Moins nombreux qu’on pourrait le penser. A la Préfecture de police, il existe environ une centaine de mouchards et autant à la Sûreté générale du ministère de l’intérieur; ces deux cents individus coûtent environ 500,000 francs au Trésor.

Le Cri du peuple 9 janvier 1885

La dynamite à Lavaveix-les-Mines (Creuse). 13 mars 1884 (2)

29 lundi Avr 2019

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L’explosion s’est produite dans le quartier de la gare.

Lavaveix
Voici quelques détails sur l’attentat à la dynamite commis dans la nuit de jeudi à vendredi dernier :
Les misérables auteurs de cet attentat ont placé sur l’appui d’une fenêtre du rez de chaussée de la maison occupée par M. Gilbert Berthier, maître mineur et sa famille, trois cartouches de dynamite auxquelles ils ont mis le feu à l’aide d’une mèche longue de 8 mètres, contournant la palissade et venant se dissimuler dans un amas de cendres.
L’explosion a été formidable. L’appui de la fenêtre et le cadre ont été projetés dans l’intérieur de l’appartement, endommageant plusieurs meubles qui s’y trouvaient. La fenêtre correspondante a eu ses vitres brisées, ses rideaux lacérés. Mais ces dégâts sont purement matériels : personne ne couchait dans la chambre qui servait de salle à manger.
Dans la maison en face, située à 15 mètres environ du lieu où l’explosion s’est produite, les vitres ont volé en éclats.
On a lieu de croire que les auteurs de cet attentat connaissent parfaitement l’emploi de la dynamite.
Deux ouvriers sont partis précipitamment pour Albi. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs de l’attentat.
L’Abeille de la Creuse 18 mars 1884

La dynamite en France.
On nous écrit de Layaveix-Ies-Mines (Creuse) :
” Notre colonie houillère vient d’être choisie par les anarchistes, pour théâtre de leurs exploits. Dans la nuit de jeudi à vendredi une formidable détonation a éveillé tout 1e quartier de la gare; plusieurs cartouches de dynamite avaient été placées contre l’une des fenêtres de la maison d’un chef mineur, M. Berthier, ainsi que sa nombreuse famille, n’a échappé que par miracle à cet odieux attentat. Cet excellent homme n’a pas d’ennemis et passe pour être très paternel envers les ouvriers.
Le sous-préfet d’Aubusson, M. Léopold Gravier, s’est immédiatement transporté à Lavaveix, accompagné de M. Giacobbi, procureur de la République et du capitaine de gendarmerie. Une enquête a été commencée et plusieurs témoins ont été entendus.
Personne heureusement n’a été atteint, mais une pièce du rez-de-chaussée a été complètement abîmée, non seulement toutes les vitres de la maison ont été brisées, mais il en a été de même pour des maisons situées à quinze mètres de distance. On ignore complètement les auteurs de cette coupable tentative. Notre population ouvrière est extrêmement calme et il faut le dire, réprouve hautement de pareils méfaits.
Samedi, le sous-préfet est revenu à Lavaveix et a parcouru la mine au moment de la sortie des ouvriers ; la situation est aussi bonne que possible après toutes les excitations dont les mineurs sont l’objet depuis plusieurs mois.
Le Français 29 mars 1884

La dynamite à Lavaveix-les-Mines (Creuse). 13 mars 1884 (1)

28 dimanche Avr 2019

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LA DYNAMITE DANS LA CREUSE

Jeudi, dans la nuit, à Lavaveix-les-Mines (Creuse) trois cartouches de dynamite ont été placées sur l’appui de la fenêtre d’une maison appartenant à un chef mineur. L’explosion a été très forte ; il n’y a eu cependant que des dégâts matériels. Le sous-préfet de l’arrondissement s’est immédiatement rendu sur les lieux.

Le Cri du peuple 17 mars 1884

L’AGITATION DANS LE BERRY

M. Gravier, sous-préfet d’Aubusson, s’est rendu hier à Levaveix pour suivre les premières opérations d’une enquête ouverte sur une explosion qui s’est produite dans cette localité pendant la nuit du 13 au 14.
Un inconnu avait placé sur la fenêtre de l’habitation du chef de puits Berthier une cartouche de dynamite communiquant avec une mèche d’une dizaine de mètres de longueur. Les dégâts sont purement matériels.

Le Cri du peuple 18 mars 1884

LA DYNAMITE DANS LA CREUSE

De nouvelles cartouches de dynamite, placées pendant la nuit sous les fenêtres d’un chef mineur de Lavaveix-les-Mines, M. Berthier, ont éclaté avec une détonation formidable, brisant toutes les vitres de la maison et des habitations voisines.

Une des pièces du rez -de-chaussée a été fort endommagée. Il est inexplicable que M. Berthier et sa nombreuse famille n’aient pas été blessés.

Le Cri du peuple 26 mars 1884

La dynamite à Doyet (Allier). 22 janvier 1884

27 samedi Avr 2019

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LA DYNAMITE EN PROVINCE

Des cartouches de dynamite ont été placées, la nuit dernière, près la porte d’entrée de la maison habitée par le sieur Caillot, chef mineur aux Marceaux, commune de Doyet (Allier).
Le feu y ayant été mis, une violente explosion s’est produite. La porte a été brisée en morceaux, tous les carreaux des fenêtres ont été cassés, ainsi que ceux des maisons voisines.
Personne à l’intérieur n’a été atteint : une panique s’en est suivie parmi les habitants.
La gendarmerie fait de nombreuses patrouilles pour rassurer le pays.

Le Cri du peuple 23 janvier 1884
LA DYNAMITE EN PROVINCE

On nous adresse de l’Allier des renseignements complémentaires sur l’explosion de Doyet.

C’est vers onze heures du matin que l ‘explosion s’est produite. Elle a fait un bruit effrayant et qui a été entendu à 4 kilomètres du bourg.

L’attentat était dirigé contre le contremaître de la mine de Doyet, le sieur Caillaux père, demeurant au village des Marceaux.

Cet individu a 3 ou 400 ouvriers a conduire. Il est d’une sévérité excessive et brutalise les ouvriers avec une grossièreté révoltante.

Malheureusement, la cartouche, insuffisamment comprimée n’a agi qu’incomplètement.

Le Cri du peuple 26 janvier 1884

Fortuné Henry, le commis-voyageur de l’anarchie : Fortuné détenu politique à Clairvaux. La construction d’un réseau militant dans les Ardennes

26 vendredi Avr 2019

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Quinzième épisode. Lire l’ensemble des épisodes.

Fortuné détenu politique à Clairvaux. La construction d’un réseau militant dans les Ardennes

Fortuné Henry. Album Bertillon septembre 1894. CIRA de Lausanne.

Après avoir séjourné dans plusieurs prisons depuis le 8 novembre 1892, jour de son arrestation, au gré de ses pérégrinations devant les divers tribunaux, Fortuné se trouve incarcéré à la maison centrale de Clairvaux pour y purger sa peine de 2 ans de prison.

Jusqu’à une date récente, les détenus politiques étaient emprisonnés à Sainte-Pélagie, prison parisienne au régime assez libéral. Le Père Peinard1 analyse ce changement dans les conditions de détention : « Autrefois les condamnés pour délit de presse faisaient toujours leur temps à Pélago. Maintenant on ne les y laisse que s’ils n’ont qu’un an. Au-dessus, on les embarque pour Claivaux, où se trouvent actuellement : Berthault qui tire deux ans comme gérant du Père Peinard, Couret, condamné à 15 mois pour un article de l’Egalité, et Bourguer, condamné à deux ans pour un discours prononcé en réunion à Reims. ». Le régime des visites aux détenus a également été modifié à Sainte-Pélagie mais aussi à Clairvaux : « Autrefois, les amis des prisonniers entraient à Pélago à toutes heures de la journée ; ils montaient dans les cellules et pouvaient boulotter ensemble.

Maintenant y a un parloir où vont les amis, et la famille a seule autorisation d’aller dans la cellule du détenu. ». Les détenus anarchistes pouvaient lire la Révolte ou le Père Peinard, en prison, « maintenant le Père Peinard y est interdit et on ne laisse passer que le supplément de la Révolte ».

Lors de son arrivée à Claivaux, Fortuné ne se retrouve pas seul au quartier des détenus politiques. Il y a là aussi Sébastien Faure condamné le 23 avril 1892 à 18 mois de prison, par la cour d’assises du Rhône, pour provocation au meurtre, au pillage, à l’incendie et à la guerre civile (non suivie d’effet).

Se trouve là, également, Jean-Joseph Bourguer qui purge une peine de 2 ans de prison, par jugement du 25 mai 1892 de la cours d’assises de la Marne, pour avoir incité les soldats à tirer sur leurs chefs. Quant à Georges Berthault, imprimeur, ancien gérant du Père Peinard, la cour d’assises de la Seine l’a condamné le 22 mai 1891 à 2ans de prison, pour provocation directe adressée à des militaires, dans le but de les détourner de leurs devoirs, provocation directes au meurtre, au pillage et à l’incendie (non suivis d’effets).

Emile Couret a été condamné le 8 avril 1890 par la cours d’assises de la Seine à 15 mois de prison, pour complicité de provocation au meurtre (non suivie d’effet).

Le fait de se retrouver avec d’autres compagnons au quartier des politiques a certainement contribué à adoucir le séjour de Fortuné à Clairvaux et à rendre moins pénibles les mois d’emprisonnement. Dans une interview2 parue à sa sortie de prison, il déclare : « Nous vivions en bons camarades, paisiblement, en parfaite entente. On nous laissait faire ce que nous voulions, flâner ou travailler à notre guise. Personne ne nous dérangeait d’ailleurs. Pendant mes deux années de détention, je n’ai aperçu que deux visages, toujours les mêmes, ceux de mes deux gardiens. Le matin, nous nous levions à huit heures, rarement plus tard, après avoir pris le café – un café exquis – que l’un de nous préparait. Puis nous descendions au jardin et l’on faisait une partie de quilles. A neuf heures, nous remontions pour déjeuner. Notre menu ne variait jamais, la soupe et le bœuf, – quatre cent grammes de viande, ni plus, ni moins. – C’est parait-il, nourriture suffisante pour un homme lorsqu’il est en prison. Nous faisions notre courrier, nous lisions. Parfois on jouait au parquet jusqu’à quatre heures, heure de la soupe. Après, nouvelle partie de quilles et enfin jusqu’à deux heures du matin souvent, on travaillait ou, nos petits lits rapprochés de la table, on lisait à la lueur du gaz, car nous étions éclairés au gaz ! Quelques fois, je chantais des chansons anarchistes : Au temps d’anarchie, l’Antipatriote, les Iconoclastes. Alors de la route, on m’entendait. En somme, je n’ai souffert ni physiquement, ni moralement. Le temps à coulé rapide grâce au travail. »

Ce récit du séjour à Claivaux, est confirmé par Jean Grave3  qui se trouve emprisonné au même moment que Fortuné: « Le quartier politique à Clairvaux était un bâtiment qui, autrefois avait servi d’infirmerie, puis de lieu de détention pour des condamnés militaires. Entouré de murs avec des bâtiments sur un côté, il y avait une cour plantée de tilleuls.

Au rez de chaussée étaient installés des bureaux de comptabilité où travaillent des détenus. Leur entrée était en dehors, mais leurs fenêtres y prenaient jour. Parfois, on faisait la causette avec les « Bureaucrates », leur passant du tabac de temps à autre.

Le reste du bâtiment, un étage et des greniers, était à notre disposition. Trois grandes pièces tenaient tout le premier étage.

La première, la plus grande, avait été abandonnée par Fortuné et Breton. Ils avaient fait leur salle à manger de la deuxième, et leur dortoir de la troisième, de beaucoup la plus petite. Un troisième lit fut mis dans la chambre à coucher, et rien ne fut changé à la disposition du local.

Il y avait une petite pièce que Breton avait choisie pour en faire un petit atelier. Il avait même fait venir un tour. Mais [comme il était fainéant comme trente-six couleuvres et vingt-six prêtres] je ne l’y ai jamais vu travailler.

Nous fîmes connaissance, car c’était la première fois que je me rencontrais avec eux. Ils me mirent au courant des petits potins de la maison.

Ils m’apprirent que j’étais privilégié. Tous ceux qui étaient passés avant moi à Clairvaux avaient dû faire un stage d’un mois au quartier des détenus [de droit commun] avant de passer aux politiques…

Fortuné était le frère d’Emile Henry. Il était un peu hâbleur. Pour passer le temps il barbouilla un tableau ou deux, se taillant des toiles dans les torchons de l’administration ».

Au mois de mars 1893, Fortuné demande à bénéficier du régime des détenus politiques. Le 12 avril 1893, la Direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la justice lui accorde ce statut au régime très libéral. Les détenus politiques sont très peu nombreux au moment du séjour de Fortuné, variant au gré des entrées et sorties de 3 à 5 personnes. Ils ne portent pas l’uniforme comme les 1.200 à 1.300 détenus de droit commun.

Durant son séjour à Clairvaux, Fortuné entretient, grâce à ce statut de prisonnier politique, une correspondance importante avec les militants anarchistes des Ardennes. Le courrier est peu ou pas filtré.

Le 24 août 1893, il adresse une lettre à Malicet de Nouzon4 :

Mon cher Malicet,

Depuis longtemps, je désirais t’écrire, mais quoique ta bonne figure et ta conviction m’aient frappé dès notre connaissance, je ne pouvais me souvenir de ton nom. Je viens de recevoir une lettre du brave Bouillard qui me l’indique et je ne puis moins faire que de joindre un mot à ton adresse, dans la babillarde que je lui écris aujourd’hui.

Un mot de toi me fera plaisir.
Donne-moi des renseignements sur Nouzon, Bouillard et Thomassin m’en donneront sur toute la contrée.

Sois sans inquiétude à mon égard car la foi dans une société où les prisons et les geôliers n’existeraient plus, me fait subir les unes et les autres avec résignation.

J’utilise les heures dont je dispose à étudier et à m’instruire, c’est le devoir de celui qui veut éclairer autrui.

Mes sympathies à tous et à toi mon cher Figaro, ma meilleure poignée de mains ».

Le 22 septembre 1893, c’est à Bouillard de Nouzon, qu’il s’adresse :

Mon cher Bouillard,

J’ai reçu ta lettre du 29 août en son temps et malgré que je sois en prison, ce n’est qu’aujourd’hui que je trouve le temps de te répondre.

J’ai été bien content de l’échec de Clément, mais ce qui m’inquiète le plus, c’est de voir le nombre de voix qu’il a obtenu à Nouzon.

Vous devriez vous démener un peu plus et secouer les prunes à tous ces gredins qui jouent au palet sur le ventre du prolétariat.

Le charlatan Basile Guesde. Nous donne déjà la mesure de ce qu’il vaut. Avant d’être au palais Bourbon, il a déjà changé, rien que sur le sujet patrie, trois fois en quinze jours, que seras-ce, lorsqu’il aura quelques mois de présence sur les chaises percées de la Chambre.

Ma santé est excellente, ainsi que celle de nos amis, mes codétenus.

Je suis chagrin de savoir qu’il n’en est pas de même pour toi, mais que veux-tu, une machine, même un peu déclenchée peut aller quelque fois longtemps.

L’ami Cornet de Revin est-il toujours à la Bouverie, je n’ai pas reçu de ses nouvelles quoiqu’une lettre de lui m’eut bien fait plaisir.

Présente à tous ma meilleure poignée de main et sois assuré de ma sincère camaraderie.

Bien à toi et à l’anarchie

Fortuné Henry »

Le 21 novembre 1893, il écrit à Nicolas Thomassin du groupe Les Sans Patrie de Charleville5 : « J’ai reçu avec un vif plaisir ta lettre du 3 courant.

Sébastien qui en effet nous a quitté, il y a quinze jours, m’a chargé de te remercier vivement de ton offre pour le logement que tu mets à sa disposition.

Tu as dû recevoir de lui une circulaire qui t’a montré que son activité se trouve actuellement accaparée et qu’il ne peut, pour le moment, du moins, se rendre dans les Ardennes.

Je souhaite que ton nouveau petit commerce te permette de vivre un peu mieux à ton aise et de passer convenablement l’hiver.

J’ai été très sensible au souvenir de M. et de Mme Dupont, ainsi qu’à celui de M. Thierry, présente leur, je te prie, avec mes remerciements, mes amitiés…

S’il t’es possible de nous envoyer de temps à autre un canard, tu me feras plaisir.

J’ai appris avec peine la position du pauvre Bouillard qui me dis-tu est encore malade. Assure-le de mon amitié et présente lui mes souhaits de santé. De même, une bonne poignée de main à Malicet, le Figaro de Nouzon.

Je suis heureux d’apprendre que la propagande va bien dans les Ardennes et que les camarades, malgré les persécutions dont on les gratifie, ne sont pas abandonnés par le courage.

Donne leur un bon bonjour à tous et reçois, cher ami, ma meilleure poignée de mains.

Embrasse pour moi ta femme et tes enfants.

Fortuné Henry »

Le 21 décembre 1893, Fortuné écrit une lettre à Thomassin : « Mon cher Thomassin,

Ta lettre du 20 novembre à laquelle je réponds s’est croisée avec la mienne du 21.

J’ai été très heureux de recevoir des nouvelles de tous les amis qui s’intéressent à moi et j’ai été très sensible à votre cotisation.

Ta lettre contient avec les vérités que je puis apprécier (sic) une pointe d’indignation légitime, du reste, qui n’a pas été du goût de l’administration.

Aussi par ce temps de persécution à outrance, je te conseillerai aussi bien pour toi, que pour moi, c’est à dire pour qu’on n’interrompe pas notre correspondance, de mettre une sourdine à ta plume et un peu de sucre dans ton encrier.

Nous sommes bien isolés, nous voici encore trois et c’est moi qui partirai le dernier, puisque j’ai encore un an à faire.

C’est te dire que je serai heureux de pouvoir t’écrire et de ne pas voir entraver nos relations.

Je te serai reconnaissant de me donner des nouvelles de Bouillard.

Le Père Peinard parait-il toujours et peux-tu en faire la vente sans être inquiété ?

Je ne me souviens pas de Lalagel (?) et de sa compagne, il est bien possible que je les connaisse mais je ne me rappelle pas d’eux.

Où les ai-je connus ?

Je profite ainsi que Bourguer de l’approche de 1894, pour offrir à toi, à ta femme, à tes enfants, à nos bons amis des Ardennes, avec nos souhaits de santé et de courage, notre meilleure poignée de main.

Bien à toi et à la cause.

Fortuné Henry ».

Le 6 janvier, Fortuné adresse une nouvelle lettre à Thomassin :

« Mon cher ami,

J’ai reçu ta bonne lettre du 3 janvier, m’apportant tes souhaits et ceux des camarades.

J’ai été très sensible au petit envoi que tu m’as fait et nous avons joyeusement trinqué à la vôtre.

Je suis au courant de tout ce qui se passe susceptible de nous intéresser, aussi j’approuve la tournure de ta lettre qui sait ne rien dire de trop.

Je te prierai chaque fois que tu m’écris de bien vouloir rappeler la date de la dernière lettre que tu as reçue de moi, ainsi que je le fais en tête de la présente.

As-tu reçu la mienne du 21 décembre ? J’ai vu que l’on prétend avoir saisi des papiers chez bien des compagnons.

Ou les journaux mentent, ce qui n’aurait rien d’étonnant ou alors les compagnons sont bien naïfs et imprudents.

Depuis trois semaines une menace de perquisitions, sinon d’arrestations est suspendue sur leur tête et on dégote encore chez eux des babillardes qui peut-être ne disent rien mais qui aux yeux de ceux qui veulent y voir quelque chose, sont quelques fois compromettantes. C’est tout simplement idiot.

Sans autre chose à te dire, je te serre bien cordialement la main.

Sympathiquement à tous.

Fortuné Henry »

Thomassin ne tient aucun compte des conseils de prudence que lui donne Fortuné, puisque ces lettres sont saisies chez lui, lors d’une perquisition 6, le 19 février 1894.

En mars 1894, à l’occasion d’une procédure judiciaire contre Malicet à Nouzon, le procureur général de Nancy découvre la correspondance que celui-ci entretient avec Fortuné à Claivaux et s’en étonne auprès du directeur de la prison.

Celui-ci lui répond que les règles de la correspondance des détenus politiques sont déterminées par l’arrêté du 4 janvier 1890 qui laisse aux inspecteurs chargés de surveiller la correspondance, une très grande latitude. Mais à Clairvaux, la surveillance serait plus stricte qu’à Paris ou les détenus politiques peuvent continuer à écrire dans leurs journaux.

Le 19 mars 1894, le procureur général s’en inquiète auprès du ministre de la justice : « Il en résulte que la plus grande facilité est laissée au détenu pour correspondre au dehors et continuer son œuvre de propagande par le fait. Car je suis touché de savoir qu’un service d’inspection, plus ou moins indulgent, vérifie ce que peut écrire le condamné. Une lettre, quelle qu’elle soit, émanant de Fortuné Henry « martyr de la bonne cause » est le meilleur stimulant que puisse recevoir le groupe anarchiste des Ardennes». Le procureur en conclut que le condamné ne devrait être autorisé à écrire qu’à sa famille7.

Le ministre de l’intérieur qui exerce à cette époque la tutelle des maisons centrales, répond au ministre de la justice qu’une surveillance plus efficace sera exercée sur Fortuné Henry mais lui rappelle : « c’est sur l’avis de votre prédécesseur, avis exprimé dans une dépêche du 12 avril 1893, que Fortuné Henry a été soumis au régime des condamnés politiques. Or, jusqu’à ces derniers temps, de très grandes facilités de correspondances avaient été laissées aux détenus de cette catégorie »8.

Quant au procureur général de Nancy, cette correspondance entretenue par Fortuné avec les militants anarchistes des Ardennes lui fait rejeter une demande de libération conditionnelle pour le 27 juin 1894.9

Tous ces liens d’amitié et de solidarité entre les anarchistes de Nouzon et Charleville entretenus par Fortuné vont avoir une importance cruciale pour l’avenir mais un événement dramatique va bouleverser sa vie et modifier son militantisme.

Notes :

1 Le Père Peinard 20 novembre 1892

2 L’Echo de Paris 10 novembre 1894

3 Quarante ans de propagande anarchiste par Jean Grave. Flammarion 1973, p. 328 et suite

4 Archives nationales BB 18 6461

5 Archives nationales F7 12508

6 Archives nationales F7 12508, rapport du commissaire de police de Mézières.

7 Archives nationales BB 18 6461, lettre du 19 mars 1894

8 Archives nationales BB 18 6461. Lettre du 13 avril 1894

9 Archives nationales BB 18 6461. Lettre du 11 août 1894

Document :

L’arrêté régissant le régime de détention des détenus politiques

Le ministre de l’Intérieur,

Vu le décret du 11 novembre .1885, portant règlement du service et du régime des prisons de courtes peines, affectées à l’emprisonnement en commun ;

Vu la délibération du conseil supérieur des prisons en date du 9 juillet 1889 ;

Sur la proposition du conseiller d’État, directeur de l’administration pénitentiaire,

Arrête :

Article premier. — Jusqu’à ce qu’il ait été statué, par règlement général sur le régime applicable dans les établissements pénitentiaires, aux personnes condamnées pour faits politiques ou pour faits qui seraient admis comme assimilables aux faits politiques, notamment en matière de presse, la situation de ces détenus sera réglée d’après les dispositions contenues au présent arrêté.

Art. 2. — D’une manière générale, sous réserve des dérogations qu’exigeraient les nécessités d’ordre et de service et qui seraient fixées par décision ministérielle, ces détenus bénéficieront dut régime déterminé en faveur des prévenus, par les règlements généraux et particuliers applicables aux maisons d’arrêt.

Ils bénéficieront en conséquence des dispositions relatives à la dispense du travail, à l’alimentation, à la faculté de se nourrir à la cantine ou de faire venir des vivres du dehors, à l’usage, des vêtements personnels, au port de la barbe et des cheveux, à la pistole.

Ils restent comme doivent l’être tous détenus, à quelque catégorie qu’ils appartiennent, soumis à la règle du visa, pour l’envoi ou la réception des correspondances, communications et objets quelconques.

Art. 3. — Ils pourront recevoir tous les jours, dans une pièce spéciale affectée à l’usage de parloir et selon les conditions déterminées, avec approbation du ministre, par le règlement intérieur de chaque maison, les visites des personnes qui auront été autorisées à les voir.

Ces visites, spécialement celles de la famille, pourront, en outre, être reçues, selon les .cas, dans la cellule ou chambre individuelle du détenu, pour tels motifs qu’il aura fait connaître et sur autorisation expresse du ministre pour chaque personne ainsi admise à pénétrer dans la prison.

Ces diverses autorisations pourront toujours être retirées, ainsi qu’il en est de toutes facilités spéciales que les règlements généraux permettent d’accorder à des détenus et qui sont subordonnées au maintien du bon ordre et aux conditions essentielles du régime des prisons.

Art. 4. — Ces détenus seront séparés de toutes autres catégories et placés en cellule ou chambre individuelle.
Ils pourront travailler, prendre leurs repas, se promener au préau avec les autres détenus de même catégorie qui se trouveraient dans l’établissement, selon les conditions déterminées par le règlement intérieur, et sous réserve des mesures à prendre en cas d’abus ou par nécessité de. service.

Art. 5. — En cas de placement dans une maison cellulaire, bien que la réduction du quart de la peine soit réservée, par la loi du 5 juin 1875, aux condamnés constamment soumis au régime d’isolement individuel, ne serait pas considéré comme constituant, la vie en commun et comme faisant perdre l’avantage de la réduction de peine, le fait pour des détenus politiques d’être autorisés à se visiter les uns les autres, soit au parloir, soit en cellule, mais seulement aux heures réglementaires de visites.

Art. 6. Il sera pourvu par instructions ou décisions générales ou spéciales du ministre à tous les cas qui n’auraient pas été prévus par le présent arrêté et par les règlements généraux qu’il vise en ce qui concerne le régime et la situation des détenus de ladite catégorie.

Art. 7. — Sont et demeurent sans effet tous règlements particuliers d’établissements pénitentiaires en ce qu’ils auraient de contraire aux présentes dispositions, et notamment le règlement qui avait été arrêté le 9 avril 1867, sur le régime du quartier spécial de la prison de Sainte-Pélagie, qui ne spécifiait pas les facilités actuellement accordées et qui n’a d’ailleurs pas reçu, en réalité, force d’application.

Art. 8.—Le conseiller d’État, directeur de l’administration pénitentiaire est chargé de l’exécution du présent arrêté.

Fait à Paris, le 4 janvier 1890.

CONSTANS.

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Arrestations à Guise (Aisne). 2 octobre 1887

25 jeudi Avr 2019

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Mathieu, Basse et Jason ont été incarcérés à la prison de Vervins.

(De notre correspondant)

Guise, le 2 octobre, 11 h. matin.

Nous sommes ici en pleine terreur tricolore.

Trois arrestations viennent d’être opérées; ce sont celles des compagnons G.Mathieu, Basse et Jason,qui ont été emmenés, menottes aux mains, à Vervins, où ils sont enfermés. On ignore ce qui a pu motiver ces rigueurs.

Pareille aventure est arrivée au compagnon Bal, mercredi dernier, mais le procureur l’a mis en liberté, le lendemain, après un court interrogatoire.

Pendant son absence et à son insu, la police s’est procuré des clés (fournies, paraît-il, par le sieur Godin, le fameux philanthrope du Familistère) et ouvrant son logement, qu’on a mis à sac.
Le compagnon Bal se propose de poursuivre le sieur Godin et le commissaire de police en violation de domicile.

P. C.

Notre camarade a raison de mettre le nez de ces gens-là dans leurs ordures; mais il se trompe fort s’il croit obtenir satisfaction de la magistrature bourgeoise aux ordres, il devrait le savoir, des gros patrons et de la police.

E. D.

Le Cri du peuple 4 octobre 1887

La section de l’Internationale de Bruxelles. 22 mars et 9 avril 1877

24 mercredi Avr 2019

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Bruxelles le 22 mars 77. Internationale. Congrès de Gand.

Le comité des travailleurs, Internationale de Gand a décidé que le 8e Congrès international aura lieu le 1er et 2 avril prochain à Gand.

Ils ont fait appel aux différents comités belges et étrangers.

Le docteur Depaepe, les nommés Brismée, Pélerin, Flahaut, et une députation de proscrits français y assisterons.

Une réception sera faite aux délégués étrangers à la gare, une tombola est organisée aux fins de venir en aide aux travailleurs.

Internationale 9 avril 1877

La section bruxelloise de l’Internationale s’est réunie le 9 avril 1877, à 10h. du soir, au Cygne. 19 membres étaient présents. La séance a été présidée par Standaert.

Paterson lut un procès-verbal. Brismée demanda quel est l’ordre du jour ; Paterson répondit que la question en suspend était celle de savoir quelle est l’attitude à prendre vis à vis du mouvement qui se produit concernant l’Union ouvrière belge et le Congrès que l’on (L’Internationale) tiendra à Jemappes, les jours de Pentecôte. Brismée demande quelles sont les questions portées à l’ordre du jour de ce Congrès. On ne sut que répondre, alors Standaert fit ressortir l’effondrement prochain de l’Internationale qui n’existe, en quelque sorte, plus que de nom ; comme il existe une dette de 1.700 frs. Due à l’impression du journal « L’Internationale », il propose que la dissolution se fasse honorablement ; le Congrès de Jemappes doit inviter tous les membres encore adhérents, à verser une quote-part aux fins de liquider la dette contractée. Brismée proteste contre ce discours. On doit trouver les moyens de relever la société, en exclure les membres qui oublient leur mission ; ensuite, si l’on envoie un ou deux délégués au Congrès, il est inutile de continuer cette discussion. La question principale à traiter au Congrès, est celle de l’attitude que devra prendre l’Internationale vis à vis de l’Union ouvrière. Goetschalck dit que ce sont les membres de la section bruxelloise qui sont cause de la décadence de la société ; ils ont cherché noise au conseil régional d’Anvers, alors que celui-ci n’a fait que son devoir. Les sections devaient se réunir à Gand pendant le Congrès de l’Union ouvrière, et l’on n’a pu y donner suite parce que les bruxellois ne s’en étaient pas occupés. Ces paroles ayant été prononcées en flamand, Brismée déclare n’y rien comprendre ; Paterson sur demande de Bertrand, allait les traduire, lorsque Steens irrité du discours de Goetschalck, reproche à celui-ci de vouloir défendre le conseil régional, parce qu’il est anversois ; on a vu les membres de l’Internationale se mettre à l’œuvre pour faire crouler l’association et ces membres étaient affiliés à la Chambre du travail. Or, ce sont les Internationalistes bruxellois qui ont pénétré leur dessin. Revenant à la lettre adressée à Bertrand, en réponse à celle envoyée et dont on ne possède pas la copie, l’orateur dit qu’elle ne répond nullement aux vœux des bruxellois qui désiraient tenir un congrès extraordinaire avant celui de l’Union ouvrière. Le Conseil régional n’avait pas le droit de s’y opposer et devait en informer les sections ; donc, il est en défaut. Goetschalck répond vivement et maintient ses allégations. Enfin Steens et Brismée se lèvent et disent que Goetschalck n’a pas à incriminer la section bruxelloise. Bertrand déclare que la section, comme les corporations, avait été invitée à participer au Congrès, qu’il avait remis la circulalire reçue à cette fin, ainsi que le compte-rendu du 10 décembre, les statuts et le programme socialiste, à Paterson. Celui-ci entre dans quelques détails au sujet de la correspondance échangée avec Coenen d’Anvers, et dit qu’au lieu de recevoir une réponse à la deuxième lettre, ce dernier venu lui rendre une visite. Paterson demande s’il doit rendre compte. Brismée et Steens disent qu’il leur fallait un écrit. Il y a eu des tripotages entre les membres de la Chambre du travail et d’autres de l’internationale, dit Steens ; il est du devoir de ceux qui remplissent des fonctions, telle que celle de secrétaire de l’Union ouvrière, de resigner (?) la pareille qu’il remplit dans l’Internationale.

Sur ces paroles et pour terminer ces discussions, Bertrand donne sa démission de secrétaire-correspondant de la section bruxelloise.

Verrycken prononce quelques paroles, protestant contre la manière d’agir du Conseil régional d’Anvers. De Paepe parlant de la section bruxelloise dit qu’elle aurait dû s’occuper davantage de propagande, et les ouvriers n’auraient pas éprouvé le besoin de faire une nouvelle organisation. Il est du devoir de l’Internationale de se rallier au mouvement de l’Union ouvrière, vu que ce n’est qu’une transformation. Sur son invitation Paterson entra dans quelques détails sur les motifs qui lui avaient dicté la résolution de ne pas convoquer la section bruxelloise aux fins de la faire représenter au congrès ouvrier de Gand, étant persuadé des résultats négatifs que l’on obtiendrait. Il est soutenu par Brismée et Steens, mais ceux-ci protestent contre les membres de l’Internationale qui ont fait le mouvement sans consulter les sections. De Paepe propose que l’on mette au vote la question de savoir si la section adhère à l’Union ouvrière. Il est persuadé ajoute-t-il, qu’elle le fera. Brismée désire qu’elle soit mise à l’ordre du jour et discutée dans huit jours, avec les deux autres questions qui ont occupé le commencement de la séance. Cette demande est adoptée.

De Paepe rappelle qu’un congrès des socialistes de toutes nuances aura lieu dans le courant de l’année. Comme il sera universel, on pourra savoir quel est vraiment le parti auquel on appartient et quelle sera la conduite que l’on devra tenir. Brismée ajoute à l’ordre du jour, d’accord avec Verrycken, le point de connaître l’endroit où se tiendra un congrès socialiste belge. Alors Paterson offrit sa démission de secrétaire de la section, l’étant dans la Chambre du travail. De Paepe se récria et proposa de discuter dans la séance prochaine, la démission des deux secrétaires. On devra examiner, dit-il, s’ils ne peuvent garder leurs fonctions dans les deux sociétés. Personne ne s’y opposa et la séance fut levée à 11h1/2 h.

Source : Archives de la ville de Bruxelles POL 195

De Fourier à Godin. Le Familistère de Guise par Stephen Mac Say. 1928

23 mardi Avr 2019

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Document Anarlivres.

Cliquer sur l’image pour lire la brochure.

Biographie de Stephen Mac Say dans le Maitron et dans le Dictionnaire des militants anarchistes.

Les anarchistes et l’association du Familistère par André Godin. 11 juillet 1886

22 lundi Avr 2019

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Conférence faite par M. Godin au Familistère.
Amis et coopérateurs,
Les circonstances m’ont paru favorables à une conférence entre nous.
Les articles des journaux anarchistes auxquels Le Devoir a répondu dans son dernier numéro ont éveillé l’attention parmi vous; il m’a donc semblé opportun de saisir cette occasion d’examiner avec vous quels rapports il peut y avoir entre les idées vraiment sociales et les idées anarchiques telles qu’elles se manifestent à nous.
Mais il me semble utile de définir, par quelques indications générales, les idées sociales conçues depuis le commencement du siècle. Elles se distinguent surtout à ce caractère principal de vouloir l’avènement des classes laborieuses à tous les avantages sociaux.
Notre époque, plus que toutes les autres, est en travail pour arriver à ce résultat.
Dès le commencement de ce siècle, des penseurs et des philosophes se sont préoccupés du sort des classes laborieuses ; ils ont affirmé que la science sociale devait avoir pour objet le bonheur du peuple, et, par conséquent l’organisation du gouvernement et des nations dans ce but.
L’amélioration du sort du plus grand nombre, du sort des classes ouvrières, a donc été surtout le fond de leurs préoccupations et de leurs écrits.
Mais en toutes ces choses les nouveautés ont peine à se faire jour.
Travailleurs de la main, vous savez mieux que personne quelle distance énorme sépare l’idée en germe de l’idée devenue pratiquement utile. Il en a été de même des idées sociales ; les premières conceptions des penseurs socialistes furent des jalons posés pour servir à l’étude du bonheur du genre humain tout entier. Ces premiers travaux continués par d’autres penseurs ont subi des modifications dans les sens divers tendant à leur réalisation pratique ; mais il faut reconnaître, nous touchons presque à la fin du siècle et ces conceptions premières n’ont été réalisées nulle part en France, ni en Europe. Néanmoins, elles ont considérablement influencé le mouvement des idées.
Saint-Simon, Fourier, Cabet, Pierre Leroux, Auguste Comte, Colins, Proudhon ont fait, en leur temps un grand et utile travail. Leurs idées ont été une première ébauche des réformes que la marche du temps rendrait nécessaires pour l’amélioration et l’émancipation des masses ouvrières ; leurs écrits ont mis en relief les divers aspects des abus sociaux ; les réformes sociales qu’ils ont proposées ont engendré des idées nouvelles et surtout fait comprendre qu’il ne suffit pas d’écrire, qu’il faut agir et réaliser. Les insuccès des tentatives faites particulièrement aux États-Unis ont surtout démontré la nécessité d’expérimenter les systèmes.
C’est dans cet esprit que j’ai abordé les études sociales. J’ai suivi les travaux des penseurs de ce siècle et employé ma vie à tirer de ces travaux les idées propres à donner aux familles ouvrières, le bien-être, la sécurité du lendemain, dans la mesure pratiquement possible au milieu de la société présente. D’un autre côté, j’ai, par mes écrits, engagé le pouvoir public à faire des lois en faveur des réformes sociales.
En étudiant les penseurs socialistes je me suis préoccupé des idées pratiques et applicables, j’y ai ajouté ce qui m’a paru nécessaire pour les compléter.
De là a surgi la construction du Familistère d’abord, puis les institutions qu’il m’a permis d’inaugurer et, enfin, l’association du capital et du travail, sur des bases conçues de façon à ce que l’ouvrier devienne possesseur de ses ateliers, outils et instruments de travail, de son palais d’habitation et de toutes les institutions nécessaires au bien être de sa famille.
Maintenant, remarquez-le mes amis, au milieu du mouvement d’idées engendré par les écrits des socialistes depuis 80 ans, bien des théories se font jour, bien des doctrines se sont accumulées, non-seulement en France mais aussi en Allemagne, en Angleterre ; des expériences ont été faites aux États-Unis.
Un seul fait pratique réunissant toutes les données socialistes existe aujourd’hui dans le monde, c’est la Familistère et son association.
Je n’ai pas la prétention de montrer l’association du Familistère comme le dernier mot du progrès social ; mais je puis affirmer qu’elle a inauguré et pratiqué en son sein, depuis 25 ans, une multitude de réformes qui ne sont encore dans le monde politique et social qu’à l’état d’aspiration.

Que ceux qui critiquent l’œuvre du Familistère sachent donc se rendre compte des difficultés inouïes au milieu desquelles elle a été édifiée ; qu’ils se représentent que c’est sous Napoléon III, lorsque ce gouvernement cherchait à étouffer toute pensée sociale, que j’ai agi ayant contre moi toutes les préventions de ma famille et de l’opinion publique.
Ve n’est qu’en observant la plus grande prudence et en m’armant d’une patience soutenue que j’ai pu surmonter les obstacles placés devant moi, et me consacrer à assurer à la population ouvrière que j’avais autour de moi, les palais sociaux pourvus de tous les avantages domestiques dont vous jouissez aujourd’hui, en même temps que je lui donnais la sécurité du travail qui vous est assurée à vous-mêmes.
Si j’y avais mis moins de prudence, si j’avais moins tenu compte des ménagements exigés par les circonstances extérieures, j’eus été immédiatement arrêté et n’aurais rien pu faire pour améliorer
votre sort. Le gouvernement despotique de l’empire eut immédiatement arrêté et détruit l’œuvre du Familistère.
Il ne suffit donc pas d’avoir des idées absolues, ni des théories frondeuses qui ne tiennent compte d’aucune des conditions sociales. Si l’on veut faire œuvre réellement utile aux familles laborieuses, il faut au contraire comprendre les exigences du milieu où l’on vit, et savoir distinguer dans quelles limites on peut agir afin de faire réaliser à la société les progrès réclamés par l’avancement des esprits et des mœurs.
Ce fut donc en tenant compte des nécessités sociales et en usant de la plus grande patience que j’ai pu fonder l’œuvre du Familistère, et faire de vous mes associés comme vous l’êtes aujourd’hui.
Tel est le fruit de mes études en science sociale.
Est-il raisonnable que ceux-là dont tout l’effort se borne à concevoir dans le silence du cabinet ou dans l’emportement des passions, des théories infructueuses ou propres à bouleverser le monde, s’en viennent attaquer une œuvre qui assure aujourd’hui les conditions du bien-être à une communauté de 1. 800 personnes, et du travail à de nombreux ouvriers du dehors ?
Cela suffit-il pour réaliser le bonheur des classes laborieuses ? Cependant, ils s’en tiennent là, se bornant à préconiser la révolution sociale, sans indiquer à quoi elle. conduira. Il se peut que l’incurie des classes dirigeantes rende cette révolution prochaine, mais a près? Que mettra-t-on à la place de ce qui est? Les antagonistes de la société du Familistère devraient au moins indiquer aux ouvriers en quoi doit consister l’ordre nouveau qu’ils attendent.
Et, s’ils entraient dans cette voie, je leur prédis que nous aurions la satisfaction de voir qu’ils ne feraient qu’emprunter les réformes que nous préconisons depuis longtemps en les mettant en pratique.
Quel sentiment les guide dans leurs attaques contre la seule expérience vraiment socialiste existante aujourd’hui?
On connaît d’eux une phrase fameuse, base probable de tous leurs arguments : Ni Dieu, ni maître. C’est bientôt dit, mais si c’est là toute leur science et tout leur programme; ils ne pourront aller bien loin avec cela.
C’est de celle formule qu’ils s’inspirent d’abord dans leurs réunions où ils prétendent que nulle présidence ne soit établie, chacun parle quand il lui plaît, situation commode pour les orateurs qui n’aiment pas à céder la parole aux a11tres ; mais si plusieurs parlent en même temps on ne s’entend plus ; alors on se bat jusqu’à ce qu’on ait expulsé ses adversaires. Tel est le régime de la fraternité anarchiste.
N’est-il pas évident qu’au contraire pour faire de la discussion utile il faut mettre de l’ordre dans les débats, aborder chaque question à son tour, faire respecter le droit de chaque orateur; or, tout cela ne s’obtient pas sans la constitution d’une présidence et d’un bureau.c’est-à-dire d’un pouvoir élu ou acclamé par l’assemblée.
Les anarchistes ne veulent pas même de pouvoirs élus. Certains parmi eux veulent même détruire le suffrage universel ; aussi, dans toute réunion où ils se présentent, faut-il le plus souvent commencer par des luttes avant de pouvoir organiser la séance.
La société humaine est-elle réellement faite pour de telles mœurs ? N’est-elle pas au contraire destinée à réaliser en toutes choses l’accord et l’harmonie des relations ?
Si la constitution d’un pouvoir dirigeant est indispensable dans une assemblée pour la fertilité des débats, à plus forte raison faut-il en constituer un pour la direction et le gouvernement de toutes les choses humaines dont les opérations sont autrement compliquées que celles d’une simple réunion publique.
Certains anarchistes ne l’entendent pas ainsi. L’industrie sans chef, sans direction, l’ouvrier ne relevant que de lui-même: voilà leur idéal.
Ceux qui parient ainsi ne sont pas sincères, car leur premier mouvement consiste à s’imposer partout, à prendre immédiatement la première place et à concentrer les pouvoirs sur eux-mêmes, sauf ensuite à se dévorer entre eux, le jour où ils seraient plusieurs compétiteurs pour une même fonction. Mais comment l’industrie marcherait-elle avec de tels usages ? Qui achèterait les matières premières ? Qui déciderait de la mise en œuvre?
Qui recevrait les commandes des clients ? Qui en ordonnerait l’exécution? Comment s’établiraient les prix de vente ? Qui ferait l’expédition des produits? Comment s’en feraient l’inscription comptable?
Comment s’en régleraient les comptes? Tout cela ne constitue-t-il pas des fonctions subordonnées les unes aux autres ayant besoin d’une hiérarchie bien ordonnée ?
Si dans tous les services chacun n’en faisait qu’à sa tête, sans entente avec les autres, sans plan et sans règle, vous pouvez juger du désordre et de la ruine que cela produirait.
Même dans 1es établissements gérés avec soin comme le nôtre, les frais généraux atteignent encore un chiffre que, certainement, on diminuerait en introduisant plus d’ordre encore dans tous les détails des services.
L’ordre est la condition essentielle à la prospérité des choses humaines. Une· usine conduite d’après les doctrines anarchiques ne donnerait que la misère aux ouvriers. Nous en avons l’exemple par les méfaits récents d’un anarchiste parmi nous. Ces méfaits nous auront coûté plus de deux mille francs pendant un seul mois. Une direction habile soigneuse et vigilante peut seule donner au travail une impulsion féconde et assurer la prospérité de l’atelier. Une telle direction est la première des choses à réaliser pour garantir à l’ouvrier du travail et des salaires pouvant assurer le bien-être dans la famille.
Jamais la théorie anarchiste n’atteindrait un tel but !
Je vous ai parlé des socialistes qui ont marqué en ce siècle. Pour ces hommes, comme pour moi, le socialisme a été conçu comme étant la science de l’organisation sociale, la science des lois naturelles d’après lesquelles les sociétés devraient s’organiser pour réaliser le bien de tous les membres du corps social, sans exception.
Il n’y a donc pas de socialistes anarchistes.
Le véritable socialisme, le socia1isme pur, cherche à réaliser l’union et le bonheur des hommes et jamais leu division ni leur perte.
Mais déblatérer dans les journaux, calomnier les œuvres de progrès, semer le mensonge et la haine parmi les citoyens n’a jamais été du socialisme. C’est faire de la Révolution violente et non de l’organisation.
Celle Révolution les socialistes aussi en indiquent la possibilité, seulement ils y ajoutent, ce qui est bien plus important pour le bien des familles, les moyens de la prévenir et d’en empêcher l’explosion.
Depuis sa fondation notre journal Le Devoir ne cesse d’indiquer à la fois le péril et les remèdes possibles. Malheureusement les classes dirigeantes font trop la sourde oreille, tandis que le peuple poursuit sa marche en avant, talonné par la misère qui peut le pousser demain à l’insurrection.
Que puis-je faire de plus que d’exposer et mettre en pratique les mesures sociales par lesquelles on parerait à la misère des masses, en donnant à tous le bien-être et en assurant l’activité du travail.
Combien les anarchistes feraient œuvre plus utile an peuple en m’aidant à propager les idées de mutualité nationale, d’hérédité de l’État, et dans le domaine de l’initiative privée en poussant partout à l’association du capital et du travail, qu’en attaquant à tort et à travers une fondation qui assure aux ouvriers qui y sont attachés les garanties de l’existence dont sont maintenant privés tant d’ouvriers !
Au lieu d’égarer les classes laborieuses par des déclamations violentes, combien il serait plus utile et plus fécond de les éclairer sur ce qui est à faire pour organiser te travail et les conditions du bien-être, de les pousser à adresser aux Chambres des pétitions qui éclaireraient le pouvoir sur ce qui est à faire à l’intention des travailleurs.
Cela obligerait nos gouvernants, nos députés, vos élus et vos mandataires, à entrer réellement dans une voie pratique de réformes sociales.
Vous feriez en cette voie une besogne autrement féconde et rapide que par la Révolution.
Car, si personne ne sait ce qui est à faire pour réaliser le bien de tous, ce n’est pas la révolution qui en elle-même le fera connaître.
Après avoir fait table rase de tout ce qui est, il faudra édifier.
Comment le faire sans plans étudiés à l’avance?
Les ambitieux, les hâbleurs reprendront les positions qu’on avait cru détruire et rétabliront les anciens abus; les mêmes douleurs se renouvelleront pour le monde du travail, pour les ouvriers.
Ce n’est ni par le désordre ni par la violence que les institutions sociales seront édifiées sur de nouvelles bases; c’est par la science de l ‘économie sociale et par la connaissance des réformes utiles à tous.
Il ne suffit donc pas de se dire anarchiste pour être en état d’instituer rationnellement l’ordre nouveau; l’examen, l’étude, l’expérience des réformes sont les premiers pas indispensables en pareille matière pour découvrir ce qui est à faire.
Il m’a donc paru profondément étrange de voir des gens se prétendant socialistes s’attaquer à une œuvre d’avant-garde comme celle du Familistère.
Ces Messieurs·ne sont pas satisfaits de la réponse que leur a faite le Devoir, nous ne nous en tiendrons pas là. La présente conférence elle-même sera publiée dans le double but de faire voir, d’un côté les procédés des anarchistes se prétendant socialistes, l’iniquité de leurs procédés à l’égard du Familistère et, de l’autre, les périls sociaux auxquels la misère des ouvriers doit conduire, si nos gouvernants restent incapables d’y porter remède.
Depuis dix ans, je réclame et j’expose dans le Devoir les réformes urgentes à réaliser en faveur des classes laborieuses. J ‘indique les moyens d’inaugurer, au profit de tous, la mutualité nationale, les garanties du nécessaire à la subsistance, des secours en cas de maladie, des pensions de retraites à l’invalide et au vieillard, l’instruction pour tous. Vous, membres de l’association, au nombre de 1800 personnes logées dans les Palais sociaux, vous jouissez de l’intégralité de ces avantages.
Vos 542 enfants reçoivent aux frais de l’association, depuis le berceau jusqu’à l’apprentissage, des soins et une instruction dont nulle ville en France ne donne un second exemple.
Habitués à jouir de ces choses, vous ne vous en occupez guère plus que de l’action du soleil qui fait mûrir les moissons. Vous en profitez sans y réfléchir.
Mais, songez au moins que vous êtes les seuls qui possédiez ainsi le travail organisé de manière à vous en laisser le bénéfice, que vous avez la sécurité de l’existence pour vous et vos enfants, et demandez que l’on commence par doter des mêmes avantages tous les autres ouvriers.
Cependant, c’est cette fondation même que les anarchistes veulent d’abord détruire. En vue de quel résultat ? Moi, je dis que si dix anarchistes se trouvaient dans nos rangs pour cette œuvre de destruction, 500 parmi vous se lèveraient pour les écarter. (longs applaudissements.)
Je n’aurais pas relevé les attaques de ces journaux si je n’avais cru devoir à la vérité de redresser cette affirmation absolument mensongère de la diminution des salaires. Malgré le démenti formel que j’ai donné à cette allégation le Cri du Peuple n’en persiste pas moins dans son dire.
J ‘en suis fâché pour lui et ne puis que continuer, moi aussi, à faire la lumière sur les calomnies qu’il affirme de nouveau à ses lecteurs.
Les membres du conseil de gérance et les membres du conseil de surveillance que vous élisez chaque année librement, savent et vous disent au besoin, puisque c’est l’un d’eux qui remet chaque mois au conseil de Gérance un rapport à ce sujet, que la moyenne générale des salaires a suivi la marche ascendante suivante dans ces dernières années :
En 1880 elle était de…..4 fr. 38
En 1884 ………………………4 fr. 62
En 1885 ………………………4 fr. 76
En 1886………………………..4 fr. 85
Donc, il y a eu augmentation constante. N’est-il pas déplorable, quand une association du travail, de la capacité et du capital tient une pareille ligne de conduite au milieu des difficultés si graves dont toutes les entreprises ressentent aujourd’hui les atteintes, de voir de prétendus socialistes, au lieu de s’appuyer sur l’élévation même des salaires qui existe ici pour réclamer pareille chose ailleurs, venir nous combattre en inventant de prétendues grèves et de prétendues diminutions de salaires, quand rien de pareil ne s’est produit.
Et ce n’est pas tout. Car, à votre taux de salaires croissant, il faut ajouter les parts de bénéfices dont chacun de vous est titulaire et qui constituent, même pour les ouvriers ayant le moins de droits dans l’association, une épargne précieuse en cas de chômage. En ce moment, par exemple, où l’état des affaires nous a condamnés à congédier quelques-uns de ces travailleurs, la plupart n’en ont pas moins, déjà, une épargne de mille francs, douze cents francs, et, en outre, la possibilité de se voir allouer par le conseil de Gérance, sur la proposition de vos comités, des secours extra-statutaires. Vous savez tous combien de familles ont déjà joui de ces secours exceptionnels.
Voilà donc ce qu’est cet établissement où le Cri du Peuple affirme qu’on a opéré une diminution de 25 % des salaires, soutenant et répétant son dire après mon démenti. Nous verrons qui, du mensonge ou de la vérité aura le dernier mot.
Au fond, ces attaques ont peut-être un côté utile; elles ont le mérite de vous entraîner vous-mêmes à examiner plus attentivement les bienfaits de notre association et les avantages dont vous jouissez sous sa protection. Si c’est en raison de ces avantages que Le Révolté me menace des étrivières ; je lui prédis que les événements pourront bien se charger de les donner à qui veut me les appliquer.
(Applaudissements).
Je vous ai dit, mes amis, que vous étiez la seule population ouvrière dans le monde jouissant des garanties que vous confère notre association; je ne dis pas que ces avantages sont tout ce que l’idéal peut concevoir, et j’espère bien que l’humanité future en assurera de supérieurs à tous ses membres ; mais, pour vous en donner ici même aujourd’hui plus que vous en avez, il faudrait au moins que le monde extérieur me vint en aide au lieu de me contre-carrer et de m’attaquer. Quoi! c’est coutre l’association du Familistère qu’on crie, quand le régime industriel extérieur est tel que les simples caisses de secours elles-mêmes, neuf fois sur dix, ne sont pas encore gérées par les ouvriers, mêmes lorsque ceux-ci en font les frais ! L’administration de ces caisses est encore le plus souvent laissée à l’arbitraire des chefs d’industrie ; elles n’ont aucune protection légale.
Où sont les établissements qui ont reconnu, comme ici, au travailleur la qualité d’associé?
Où sont ceux qui ont fait place dans les conseils de Gérance à des travailleurs élus par leurs pairs? Où sont les associations industrielles dont les ouvriers nomment chaque année le conseil de Surveillance comme vous le faites ici? Conseil de Surveillance qui peut tout entier être composé de membres pris dans vos rangs et auquel les statuts donnent mission et droit de tout voir et de tout vérifier.
Que vous n’ayez pas jusqu’ici tiré tout le parti possible des droits que vous confèrent les statuts, cela se peut; les ouvriers, sauf exception, ne sont malheureusement guère en état de s’occuper d’affaires administratives; mais ce n’est pas ma faute. Vos délégués ont tout pouvoir de vérification pour accomplir à fond leur mission ; si les connaissances nécessaires leur font défaut, cette situation n’est que temporaire, car vos propres enfants avec l’instruction qu’ils reçoivent dans nos écoles auront toutes les connaissances et capacités voulues pour remplir ces postes; ils sauront, en outre, comprendre l’association et en tirer tous les avantages qu’elle comporte.
(Applaudissements.)
En attendant, vous n’en nommez pas moins trois membres du conseil de Gérance et le conseil de Surveillance tout entier à votre gré. Ces conseillers surveillent et contrôlent toutes choses chaque mois ils déposent conformément aux statuts un rapport sur leurs opérations respectives et sont au courant de tout ce qui se fait dans l’association.
Où sont les anarchistes qui aient constitué pareille chose pour les ouvriers ?
Un centime serait-il détourné de son légitime emplois que vos élus en auraient connaissance et vous le diraient. Mais, les comptables ne sont ils pas associés comme vous? Vos intérêts à tous ne sont-ils pas identiques ?
N’est-ce pas vous qui réglez toutes choses, moi ne m’occupant en rien de ces détails?
Où donc les anarchistes ont-ils jamais réalisé fondation semblable?
Voyez-vous maintenant quelle est la différence entre ceux qui prêchent uniquement la révolution et ceux qui veulent réellement inaugurer les réformes sociales?
Je dis donc aux anarchistes qui critiquent notre association, commencez par mieux faire que nous, donnez le bien-être aux familles, assurez-leur le nécessaire à l’existence, établissez la mutualité de manière à ce que personne ne soit jamais abandonné, donnez au plus pauvre une instruction égale à celle du plus riche, donnez aux travailleurs un palais avec ses dépendances pour l’habitation. Voilà ce que logiquement vous devez faire avant de venir attaquer l’association du Familistère.
Si les anarchistes demandaient pour les ouvriers qui eu sont privés tous les avantages dont vous jouissez, je les reconnaîtrais pour socialistes ; mais, nous combattre et chercher à nous créer des embarras, c’est le fait de gens qui n’ont aucune idée, aucun sentiment vrai de ce qui est à faire pour l’émancipation et le bonheur des ouvriers.
Devant leurs persistances à soutenir des allégations mensongères, je dois croire qu’ayant commencé à attaquer le Familistère ils n’arrêteront pas; qu’ils continuent donc et l’on verra de quel côté est la véritable préoccupation du bien des classes laborieuses.
(Applaudissements).
Je ne dois pas m’appesantir davantage aujourd’hui sur ces questions, il vous est facile de vous familiariser avec elles en lisant Le Devoir.
On a parlé de conférences contradictoire, je serais tout disposé à en faire avec vous, soit pour vous donner des éclaircissements sur certaines questions ou pour m’éclairer moi-même sur vos besoins.
Quels que soient les efforts des agents révolutionnaires qui font la guerre aux véritables socialistes, en se parant eux-mêmes de ce nom, jamais ils ne pourront assez égarer l’ouvrier, membre de l’association du Familistère, pour porter celui-ci à travailler contre son bien propre, à se jeter lui-même dans la mêlée du malheur.
Inventer l’existence d’une grève dans notre association est quelque chose, mais la produire est plus difficile.
Chercher à empêcher de faire le bien est une triste besogne, et propre à détourner de ceux qui s’y emploient tous les hommes de tète et de cœur.
D’où sont venues les tentatives de désordre que je relève aujourd’hui? D’un homme* que j’ai accueilli, alors qu’il était dans des conditions où toute porte se fût fermée devant lui, je suis intervenu en sa faveur; et qu’est-il venu en retour faire ici ? Chercher à semer le découragement parmi les ouvriers, à compromettre le travail qui lui était confié, puis à calomnier l’association dans la presse. Il n’y a qu’un seul parti à prendre à l’égard de tels hommes : les repousser de nos rangs.
Je ne dis pas que la nation française plus que les autres nations pourra échapper à la Révolution sociale, car le Gouvernement n’a pas la prévoyance ni la sagesse d’inaugurer les mesures propres à prévenir les dangers ; mais le jour. Où la Révolution se lèverait, savez-vous où je chercherais la sécurité? J’ai une telle confiance on votre bon sens et et votre union pour la défense de l’intérêt commun que ce n’est pas ailleurs que dans vos bras que je me jetterais pour trouver un refuge contre les anarchistes.
(Vifs et longs applaudissements.)
L’association du Familistère resterait calme au milieu du désarroi public, et elle serait le point de mire de tous les esprits restés capables de direction et de sagesse, lesquels verraient chez nous un exemple pratique des garanties à instituer au bénéfice de tous pour inaugurer la pacification sociale.
(Applaudissements.)
C’est à votre sagesse à tous que l’association devrait d’apparaître au monde comme un phare de salut, et c’est vous qui donneriez l’exemple pratique d’une institution assurant le bien-être de tous dans l’ordre et la fraternité, même au milieu du bouleversement social.
(La voix de l’orateur est couverte par des applaudissements enthousiastes et répétés.)

Le Devoir 11 juillet 1886

*André Godin fait ici allusion à Jules Sibilat mais il reste assez évasif sur les raisons du conflit entre les deux hommes. Le Devoir du 11 juillet 1886 avait promis de répondre sur ce point : « F . – Un sous-directeur modèle, soupçonné d’avoir dénoncé cette exploitation a été renvoyé. » Mais le journal interrompit ses réponses, à la suite de la conférence d’André Godin, peut-être à cause de l’incendie d’août 1886 ? Si André Godin était persuadé que cet incendie avait été provoqué par les anarchistes, il a pu considérer qu’il n’y avait plus de raisons de poursuivre la discussion.

La section de l’Internationale de Bruxelles. 19 février 1877

21 dimanche Avr 2019

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Le 19 février 1877

La séance de la section bruxelloise de l’Internationale qui devait se tenir le 19 février 1877 en la salle du Cygne, n’a pas eu lieu, en raison du nombre très restreint des membres qui avaient répondu à l’appel. Cependant, quelques uns des principaux membres, réunis à l’entresol, vers 10 heures, donnèrent au secrétaire et au trésorier, l’autorisation de signer les listes de souscription en faveur des victimes de l’insurrection espagnole. C’étaient Steens, Brismée, Paterson, Standaert et Bertrand. Ce dernier remit une lettre qu’il avait reçue de Coenen, secrétaire du conseil régional à Anvers.

Steens en donna lecture, elle répondait à celle écrite par Bertrand et avait trait à la réunion d’un congrès extraordinaire, avant celui de Gand, pour la constitution d’une Union ouvrière belge. L’auteur de cette lettre ne trouvait aucune nécessité de provoquer cette réunion, vu les frais que cela occasionnerait et attendu que ce sont les sections de l’Internationale de Gand et d’Anvers qui en ont pris l’initiative, les autres sections y ayant adhéré. L’Internationale doit s’astreindre au moins de dépenses possibles, afin que les sections puissent liquider la dette due à l’impression du journal L’Internationale et qui s’élève à 1700 fr. ; à la suite de ces motifs, le conseil avait résolu d’attendre le jour de Pentecôte, date fixée pour le Congrès ordinaire. Ces résolutions du Conseil régional d’Anvers ont soulevé de vives critiques de la part de Steens et de Brismée. Celui-ci disait que de la manière dont marche le Conseil, il tue l’Internationale et la rend impuissante à liquider sa dette ; il propose la réunion en séance extraordinaire, pour le 26 du mois, de la section de Bruxelles, afin de discuter le contenu de cette lettre et, vu que le Conseil paraît être autoritaire, voir si la section, elle-même ne convoquera pas les sections à un congrès tenu à Bruxelles. Cette proposition fut acceptée et les membres se retirèrent après avoir reçu chacun une liste de souscriptions pour les espagnols.

Beaucoup de membres se plaignaient d’être sans travail.

[Sans date]

A la séance de la section bruxelloise de l’Internationale, une quinzaine de membres étaient présents. Parmi les absents figuraient plusieurs habitués tels Brismée, Standaert, De Paepe, Schoy, etc… Dans la salle de l’estaminet du Cygne, une discussion s’éleva entre Steens et Paterson au sujet du retard dans l’ouverture de la séance, en ce moment il était 91/2 h.Enfin vers 10h. On monta à la salle de l’entresol où l’on fit la réunion ; Frix fut nommé président. Paterson lut le procès-verbal et Steens donna lecture, en flamand et en français, de la lettre du Conseil d’Anvers (dont il est parlé dans le rapport précédent). Paterson déclara que cette lettre ne répondait nullement à la demande concernant la réunion à Bruxelles d’un congrès extraordinaire afin de pouvoir mettre les sections de l’Internationale au courant du projet de « l’Union ouvrière belge ». Steens fit ensuite ressortir les allures autoritaires que prend le Conseil régional d’Anvers et que celui-ci n’a pas le droit de s’opposer à l’organisation du congrès ; mais un anversois, Goetschalck, qui habite Bruxelles, défendit énergiquement le Conseil. Cependant Steens maintint ses dires, à moins, dit-il, que Bertrand ait mal formulé la demande. Paterson, partageant l’avis de Steens, désire que la demande soit renouvelée et propose d’écrire lui-même à Anvers. Goetschalck prétendant que le Conseil d’Anvers avait rempli ses devoirs, Steens quitta la salle. On adopta ensuite la proposition de Paterson qui écrira au Conseil dont Coenen est le secrétaire, à l’effet de connaître le contenu de la lettre de Bertrand et de demander à ce que les sections du pays décident de la possibilité d’une réunion d’un congrès avant celui de l’Union ouvrière belge, qui se tiendra à Gand, le 1er avril prochain. La séance est levée à 11 heures.

Source : Archives de la ville de Bruxelles POL 195

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