Document Éphéméride anarchiste
Neufchâtel, le 5 mars 1881
Nous avons eu réunion jeudi soir, et la première question agitée a été celle de l’organisation d’un banquet pour le 18 mars ; les quelques présents qui sont restés dans nos localités formeront un Comité qui invitera le plus possible d’étrangers faisant partie de la Fédération.
Cette réunion paraît devoir être de peu d’importance car nos compagnons des sections italiennes en Suisse sont très occupés de ce qui se passe en Italie, et les souvenirs de la Commune de 1871 à Paris sont de peu d’intérêt pour eux.
Une lettre, lue jeudi soir venant d’Imola où nous avons comme correspondant Belloti, annonce que de nouveaux groupes collectivistes révolutionnaires viennent de se former à Matella, Baratella, Gatéo, Cesame, Saraceno et d’autres localités.
Ce Belloti a été rédacteur au journal L’Ateo de Livourne ; ce journal n’existe plus aujourd’hui.
Une autre lettre, signée des compagnons Rava et Pentiroglio, et venant de Bologne, nous dit que cette ville, comme Livourne marche très bien, que l’on a recueilli de l’argent pour envoyer à Lugano, où le mouvement s’organise secrètement, bien que la police italienne entretienne des agents secrets dans le Tessin, enfin quoique les publications révolutionnaires très surveillées, il s’en imprime chaque jour, qui passent en Italie et principalement à Milan.
De la Belgique, nous n’avons eu qu’une lettre venant de Govaerts, qui nous répète que le congrès de Cuesme est définitivement fixé au dimanche 20 mars, et qui invite le Comité de la Fédération jurassienne à y envoyer des délégués.
Ce Congrès aura son côté très dangereux parce qu’il organisera les ouvriers du Borinage afin d’en faire une masse puissante, pouvant tenir en respect les exploiteurs des mines et les membres du gouvernement belge, tout en correspondant avec les sociétés révolutionnaires en Suisse, en Italie, en Angleterre, en France.
Benoit Malon a écrit particulièrement à Pindy ; il annonce que les lyonnais marchent mieux que les parisiens et qu’ils sont d’accord dans la formation des groupes anarchistes, ils feront un grand banquet pour vendredi, 18 mars et Malon le présidera.
Quant à Paris, les révolutionnaires s’endorment, une lettre d’Eudes dit que le gouvernement de Gambetta a été assez adroit pour opérer la division chez les révolutionnaires et que d’ici aux élections, ils n’ont aucun espoir d’un mouvement violent.
Droz
Source : Archives de la Préfecture de police de Paris Ba 438
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