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Archives anarchistes

Archives anarchistes

Archives Mensuelles: novembre 2017

BOUVRET Edmond, Henri

28 mardi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Biographies

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Né le 22 août 1864 à Paris. Distributeur d’imprimés, anarchiste parisien.

Edmond Bouvret, célibataire, fit d’assez bonnes études mais l’insuffisance des ressources dont disposait sa famille, ne lui permit pas de les achever.

Il fit son service militaire au 29e régiment d’artillerie de Laon. Il fut condamné à un an de prison par le Conseil de guerre d’Amiens le 5 novembre 1889, pour vol d’effets militaires. Cette condamnation lui valut d’être cassé du grade de maréchal des logis.

Il collabora à l’Ami du peuple, publié à Liège en 1885 ; à la Révolte des Affamés qui parut à Calais en 1886 et au Tocsin, publié à Paris en 1885, dont il fut secrétaire.

Depuis le 17 avril 1892, il distribuait des imprimés pour la maison Dufayel, boulevard Barbès.

En février 1894, Bouvret sollicita un emploi à la Préfecture de police. Il fut convoqué à la Brigade des recherches où on lui demanda s’il avait eu des relations anarchistes et s’il pouvait renouer avec eux, il répondit affirmativement.

Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre pour association de malfaiteurs.

Le 1er juillet 1894, le commissaire de police du quartier Saint Georges se présenta à son domicile, 17 rue Laferrière. Il habitait chez ses parents, le père exploitait un commerce d’ébénisterie et la mère celui de blanchisseuse. Ils occupaient deux boutiques contiguës au rez de chaussée, avec deux arrières boutiques et une cave. Edmond Bouvret couchait par terre dans la boutique de sa mère, avec son frère, leurs parents couchaient également par terre, dans une arrière boutique.

La perquisition fit découvrir une brochure intitulée Lettre d’une nihiliste par Alexandra et un brouillon d’une lettre de septembre 1891, adressée au journal socialiste Le Prolétaire.

Le 3 juillet 1894, il fut incarcéré à Mazas et mis en liberté provisoire le 7 juillet. Une ordonnance de non lieu fut prononcée par le juge d’instruction le 20 juin 1895, concernant l’association de malfaiteurs.

SOURCES :

Arch. de Paris D.3 U6 50  — René Bianco: Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, Aix-Marseille, 1987.

BOUTTE Raymond, Louis, Etienne

27 lundi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Biographies

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Né le 26 décembre 1868 à Bresne sur Vesle (Aisne). Employé de commerce. Anarchiste illégaliste parisien.

Engagé volontaire en 1886 au 5e régiment de Chasseurs d’Afrique, il fut envoyé dans une compagnie disciplinaire.Boutté était célibataire.

Arrivé à Paris au commencement de 1891, Boutté a été successivement garçon épicier, sommelier, homme de peine, fabricant de cartes de visite, charretier. Mais le plus souvent, il ne travaillait pas. Il pratiquait surtout le vol à l’aide de fausses clés ou par effraction, et aurait fait partie, selon la police, avec Blanc et Vinchon, d’une bande de cambrioleurs anarchistes.

Boutté devint anarchiste au contact de Gustave Babet, ils firent le projet de détruire les maisons de crédit et les bureaux du Mont de Piété. Boutté participa d’un projet d’enlever en pleine rue la sacoche d’un fabricant de chaussures mais la tentative échoua. Quelque temps après, il essayait de déménager les meubles de Mettendorf, ce qui provoqua son arrestation.

Boutté prenait la parole dans les réunions anarchistes, notamment au Groupe de propagande, se vantant de ses vols ou annonçant quelque projet retentissant. Il exhibait un revolver ou un poignard ou annonçait qu’il étudiait la chimie des explosifs.

En juillet 1892, il fut relaxé à la suite d’une arrestation pour tentative de déménagement par la force.

Le 13 janvier 1893, il était condamné à un mois de prison à Paris pour port d’arme prohibée, devant la Chambre des députés.

En mai 1893, il fut compromis dans l’affaire Vinchon de détention d’explosifs. Il comparu devant le juge d’instruction Atthalin : on avait trouvé chez Bondon, l’un des co-inculpés, un panier contenant des produits destinés à fabriquer de l’explosif et divers ustensiles de cambrioleurs. Quelqu’un y avait introduit ses papiers, pour le compromettre. Finalement, il bénéficia d’une ordonnance de non lieu.

Le 5 juin 1893, Boutté fut condamné à 13 mois de prison pour vol, rébellion et tentative de meurtre sur les agents.Il fut libéré de prison le 27 mai 1894.

Il fréquenta alors un autre anarchiste, le menuisier Isidore Guillemard, demeurant 8 rue des Lombards qu’il avait connu dans les réunions.

Le 4 juillet 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre pour association de malfaiteurs. Le 5 juillet, le commissaire de police du quartier Sainte-Marguerite, se présenta à son domicile 92 avenue Philippe Auguste, dans une chambre située au 7e étage. La perquisition fit découvrir un revolver chargé et un couteau poignard.

Le 6 juillet, il fut incarcéré à Mazas. Dans un courrier au juge d’instruction, en date du 9 juillet 1894, Boutté se plaignit de ses compagnons anarchistes qui avaient voulu le compromettre dans l’affaire Vinchon : « mes bons amis mettaient mes papiers dans un panier contenant des bombes et des ustensiles de cambrioleurs. Aucun de ceux qui ont trempé dans cette affaire, n’a voulu me dire : c’est moi ». Il proposa, dans cette lettre, de travailler pour la Sûreté : « Il faut donc, si je tiens à rester en liberté, vous donner des preuves de non participation à ce qui se passe. Veuillez donc me mettre, si vous le jugez à propos, en rapport avec la Sûreté. Je crois lui être plus utile maintenant, que lorsqu’elle est venue me trouver dans mes débuts anarchistes ». Pour gage de sa bonne volonté, il demanda à voir le juge et lui expliqua qu’il avait rendez-vous le 9 août, avec Bertrand, gérant du Pot à colle, à sa sortie de prison, qui devait lui communiquer quelque chose de très sérieux. Il poursuivit en disant qu’il devait également aller chercher à Poissy, Dardare qui devait sortir de prison le 28 août.

Boutté fut mis en liberté provisoire le 16 juillet. Un ordonnance de non lieu fut délivrée le 22 juin 1895, pour l’accusation d’association de malfaiteurs.

SOURCES : Arch. de Paris D.3 U6 50 — ANOM COL H 592.

La Dynamite à Marseille en 1893

26 dimanche Nov 2017

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11 rue Armény

L’hôtel du général commandant le 15e corps d’armée, 11 rue Armeny à Marseille

Une explosion de dynamite, nouveau crime des anarchistes, vient de se produire à Marseille, où elle a jeté une très vive émotion.
Le retour de ces odieux attentats qui, on s’en souvent, attristèrent Paris à plusieurs reprises, attire de nouveau toute l’attention du gouvernement aussi le Ministre de l’Intérieur vient-il de faire savoir qu’il avait donné des instructions en vue d’exercer sur toute l’étendue du territoire la plus étroite surveillance sur les anarchiste».
(De notre correspondant particulier)

Marseille, 16 novembre.

Une tentative criminelle qui, venant au lendemain de l’odieux attentat de Barcelone, produira une profonde émotion dans le public a été commise la nuit dernière dans notre ville, avec cette circonstance aggravante qu’elle avait pour objectif l’hôtel du général commandant le 15e corps d’armée.

Il était exactement minuit moins douze minutes lorsque sur divers points de la ville une formidable explosion retentit. Les promeneurs, bien que rares, étant donné le mauvais temps et l’heure avancée, s’interrogeaient, cherchant à savoir à quelle circonstance il fallait l’attribuer; mais personne ne savait répondre.

Les uns disaient que le bruit pouvait provenir de quelque navire en détresse, d’autres d’une explosion de chaudière.

On ne tardait pas cependant à apprendra la vérité un ou des criminels avaient tenté de faire sauter la résidence du général de Vaulgrenant, rue Armeny*.

Immédiatement informés de ce qui venait de se passer, M. Pellefigue, procureur de la République; M. Courdavaut, commissaire central, arrivaient sur le théâtre de l’événement, où les rejoignaient bientôt M. le capitaine Troin, les pompiers du poste de la rue Montgrand, M. le préfet et son chef de cabinet, M. Barthou.

La matière explosible avait été placée dans la guérite pratiquée dans la muraille même de la maison attenante à la salle où dans la journée se réunissent les plantons du général.

On pénètre dans cette salle de corps de garde par le couloir qui donne accès aux bureaux des officiers d’ordonnance. Etant donné le poste voisin du boulevard du Muy, depuis longtemps les divers généraux qui se sont succédé à Marseille ne plaçaient pas de factionnaire devant leur hôtel. Cette circonstance a permis aux criminels de pouvoir perpétrer leur attentat.

L’explosif était renfermé dans une botte en fer-blanc de trente centimètres de diamètre environ, dont on a retrouvé le couvercle, à peu près intact, et les débris. Le tout a été soigneusement recueilli et un expert sera, dans la journée, chargé de déterminer exactement la nature de la matière qui a été employée.

LES EFFETS DE L’EXPLOSION

La commotion produite a été formidable, mais très heureusement pas autant que l’espéraient sans doute les auteurs de l’attentat. Le mur néanmoins a sauté et, dans la salle de garde, c’était un amoncellement de plâtras. Rien n’est resté debout.

Par miracle il n’y a pas eu de victimes et un planton, qui était là couché sur un lit de camp, s’en est tiré sans une égratignure, mais on juge de l’émotion du pauvre garçon qu’on a dû transférer ailleurs plus mort que vif.

Dans la maison, toutes les vitres ont été brisées, de même que des glaces, et les mêmes dégâts ont eu lieu dans les immeubles voisins, au lycée de jeunes filles par exemple.

Les bureaux de l’octroi, situés en face de l’hôtel de la division, ont eu particulièrement à souffrir.

M. Bonifay, directeur de cette administration, qui occupe les appartements du premier étage, nous a raconté la profonde émotion des siens au moment où la détonation retenti. Réveillés en sursaut, ses enfants se mirent à pousseur des cris désespérés et on a eu toutes les peines du monde pour remettre de sa frayeur sa fille ainée, qui croyait que la catastrophe s’était produite dans la maison même.

Dans l’appartement, c’était lamentable ; des morceaux de verre jonchaient le sol, et M. Bonifay a été réveillé lui-même par les éclats qui l’ont frappé au visage. Son lit en était recouvert.

La seule personne connue qui ait assisté à l’explosion est M. Inglesi, négociant, rue de Rome,
Il passait rue Armeny au moment où elle s’est produite.

Epouvanté, il se prit à courir, traversa la place de la Préfecture en poussant des cris d’effroi, mais ne s’expliquant pas exactement ce qui venait de se passer.

Au coin de la rue de Rome il fut rencontré par M. Barthou chef de cabinet de M. Deffès. Celui-ci courait de son côté, car il avait entendu l’explosion et il appréhendait qu’elle se fût produite à la Préfecture.
C’est M. Barthou qui prévint le préfet. Tels sont les faits dans leur constatation matérielle.

L’AUTEUR DE L’ATTENTAT

Il reste maintenant à découvrir le ou les auteurs de la tentative criminelle. Cette tâche incombe à la police et nous nous garderons bien de l’entraver par la moindre indiscrétion. A ce propos, M. Courdavault et M. le Procureur de la République ont recueilli sur les lieux mêmes de précieuses indications.

C’est ainsi que des jeunes gens, MM. Vialled frères, demeurant rue Armeny 15, rentrés chez eux un quart d’heure avant l’explosion, au sortir d’une séance la société de gymnastique la Phocéenne, assurent avoir vu un individu assis sur les marches de la grande porte d’entrée de l’hôtel du général.

Ils remarquèrent ses allures indécises, mais sans se préoccuper davantage ils passèrent.
Aussi n’ont-ils pu donner aucune indication sur lui.

Arrivés dans leur chambre, après avoir mangé un morceau, ils allaient se coucher, et l’un d’eux fit cette réflexion en regardant la pendule :
– Il est bien tard.

C’est à ce moment précis que se produisit l’explosion.

Nous le disons plus haut, il était; minuit moins douze minutes.

Les magistrats ont continué leur enquête pendant toute la nuit et ils la continueront aujourd’hui.
Il est probable que, à l’heure où paraîtront ces lignes, des arrestations auront été opérées.
Ajoutons que les officiers d’ordonnance du général et de nombreux officiers de l’état-major n’ont pas tardé à venir se rendre compte de ce qui s’était passé.

Disons également, ce qui a son importance, que le général de Vaulgrenant est en ce moment à Paris où il prend part aux travaux de la Commisaion de classement.

Marseille,16 novembre.

Dès une heure du matin, tous les commissaires de police, ont été convoqués dans le cabinet de M. Courdavault, commissaire central, et sur l’ordre de ce dernier, ont opéré, à partir de six heures du matin, des visites domiciliaires et des perquisitions chez une soixantaine d’individus, tant Français qu’étrangers, réputés anarchistes.
Dix-sept arrestations ont été opérées, comprenant quatre Français et un Suédois.

De nombreux placards, des brochures anarchistes et incendiaires ont été saisis.

Les mesurée les plus rigoureuses sont prises.
L’hôtel de la division est gardé par la police et la gendarmerie.

L ‘avis du maire, M. Flaussières, est que l’auteur de l’attentat ne serait pas un Français mais plutôt un Italien. Il est persuadé que pareille tentative ne se renouvellera pas tant les précautions ont été prises minutieusement.

Selon M. Gassau, expert, appelé sur les lieux, la matière explosible contenue dans la boite en fer-blanc paraît être de 1a nitro-naphtaline.

Le Petit Parisien 17 novembre 1893

LA DYNAMITE A MARSEILLE

Marseille, 18 novembre

A la suite de nouvelles perquisitions opérées, cinq individus réputés pour être des anarchistes dangereux, ont été arrêtés ainsi que la femme Marie Andrieux, exerçant le métier de somnambule sous le nom de Mme de Saint-Rémy.

On a trouvé chez cette dernière des liasses de lettres anarchistes préconisant la propagande par le fait.

En même temps que cette femme, on a arrêté un nommé Lemelle-Vérité, qui vivait avec elle.

Les témoins interrogés aujourd’hui ne parlent qu’avec force réticences et à la condition que leur nom ne soit pas révélé, dans la crainte de représailles.

Chez un nommé Zuvio, on a trouvé toute une bibliothèque anarchiste et des lettres très compromettantes pour cet individu ; chez an autre, de nombreux modèles de bombes explosives.

Tous les anarchistes étrangers arrêtés, contre lesquels aucun délit n’est relevé, seront expulsés par la sûreté générale.

Le Petit Marseillais raconte une très jolie anecdote.

Le commissaire central, M. Bonnand, opérait dans le quartier de Saint-Louis, où il était allé s’assurer d’un individu qui fait de la photographie, mais qui doit avoir peine à en vivre; en l’interrogeant sur son état-civil et ses origines, il apprit que son prisonnier était le frère de lait de Ravachol, dont il vénère la mémoire et les hauts faits.

Cet individu est vaguement marié et sa compagne, qui est, paraît-il, au courant des us et coutumes des maisons d’arrêt, fît observer, d’un ton gouailleur, à son mari, au moment où las agents l’amenaient

– Au moins, dimanche, tu mangeras la soupe grasse !

Il parait que les prisonniers mangent la soupe grasse le dimanche, ce qui n’arrive pas tous les jours au photographe en question.
Autre anecdote intéressante :
M. Bonnaud avait appris par ses agents que, le soir de l’explosion, dans un bar de la rue de Lodi, quatre consommateurs attablés là, vers dix heures du soir, devisaient politique.

Le groupe se composait de deux cordonniers et d’un ébéniste, Italiens tous les trois.
Le quatrième était un Français.

A certain moment, l’un des cordonniers se livra à une virulente tirade contre les mesures prises, ces temps derniers, contre les grévistes ; sa fureur venait surtout de ce qu’on avait fait descendre dans la rue, pour les réduire, les soldats de la ligne et les cavaliers. Il ne pouvait, vraiment, accepter semblable menace de la force armée.

Puis, en manière de conclusion, le cordonnier ajouta « Heureusement que les anarchistes sont là qui veillent pour venger leurs frères de misère et je me ferais couper le cou si, avant que ne se soient écoulées vingt-quatre heures, quelque malheur n’arrivait pas à Marseille. »

A onze heures environ, les quatre hommes se séparèrent et trois quarts d’heure après l’explosion de la rue Armény se produisait.
D’après une opinion assez généralement répandue, l’attentat aurait eu lieu plus tôt, si la force armée n’avait pas été mise sur pied lors de la grève des tramways.

Marseille, 11 h. soir.

Les arrestations continuent les perquisitions ont fait découvrir un stock de brochures anarchistes dont les plus incendiaires sont l’œuvre d’Italiens.

Un Suédois, qui entretenait des relations avec des nihilistes russes est activement recherché.

Le voilier espagnol Ternerano, arrivé aujourd’hui, avait deux passagers qui se sont esquivés rapidement au moment du débarquement.

La police les recherche, car on a tout lieu de croire qu’ils sont compromis dans l’attentat de Barcelone.

La surveillance redouble dans tous les ports et aux frontières.

Le préfet est toujours à Paris.

Le Gaulois 19 novembre 1893

*Au n° 11 se trouve un hôtel édifié sur des terrains vendus par les frères Armény en 1757. Ce bâtiment a été acheté par le négociant Dominique Audibert puis vendu à l’administration qui y installe le mess des officiers transféré ensuite au fort Saint-Nicolas.

(source Wikipédia)

La presse anarchiste en 1892

25 samedi Nov 2017

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L’ACTION ANARCHISTE.

LA PRESSE

Les groupés, anarchistes ne bornent pas leur action à la propagande parlée ou à la propagande par le fait. En moins de dix années; ils ont fondé une presse, une véritable pressa internationale, c’est-à-dire un nombre important de journaux publiés un peu partout; dans l’ancien et le nouveau monde. Au premier coup d’oeil, nous reconnaissons dans cette presse les catégories, les genres divers qui distinguent la nôtre. Les amis de Ravachol ont le choix entre l’organe grave comparable au Journal des Débats et les petits pamphlets qui rappellent par leur format et leurs allures la Lanterne de Boquillon. Ils ont le journal boulevardier « essentiellement parisien », et le grand papier américain édité là-bas par quelque Gordon Benett de l’anarchie. Ces feuilles s’échangent régulièrement et leurs relations, purement postales, constituent pour ainsi dire; l’unique lien de groupe à groupe.

Nous allons tracer ici, en grandes lignes, un tableau de la presse anarchiste. A cette fin, nous sommes obligés d’adopter une classification spéciale. Ces associations révolutionnaires antipatriotes, n’ont naturellement fondé aucun journal « national »; nous ne trouvons ici ni presse anglaise, ni presse française, ni presse allemande, — mais seulement des journaux imprimés en anglais, en français ou-en allemand, et s’adressant à tous les lecteurs d’une même langue sans distinction de nationalité. Il va sans dire que nous ne ferons figurer dans cette nomenclature que les organes principaux et non les éphémères, les canards supprimés après quelques numéros. Tous les journaux cités ci-dessous paraissent sans interruption, depuis, plusieurs an nées.

Les journaux anarchistes en langue française sont :

Document Ephéméride anarchiste.

La Révolte, journal scientifique, philosophique et littéraire. — Publié à Paris.

Document Ephéméride anarchiste.

Le Père Peinard. — Publié à Paris.

Document Ephéméride anarchiste.

L’En-Dehors, journal plus spécialement littéraire, — Publié à Paris.

Document Ephéméride anarchiste.

L’Homme libre. — Publié à Bruxelles.

Les journaux anarchistes publiés en langue allemande sont:

Document Ephéméride anarchiste.

Die Autonomie, organe doctrinaire et philosophique, fondé par Most et le prince Kropotkine, abandonné ensuite par Most. — Publié à Londres.

Document Ephéméride anarchiste.

Freiheit (La Liberté), fondé et dirigé par Most. Publié à New-York.

Le Socialiste, L’Ami du travail. L’Anarchiste, Le Travailleur libre, La Révolte, L’Homme libre, L’Esclave. Publiés à New-York.

Aucun journal anarchiste ne peut être imprimé ou introduit en Allemagne. Les feuilles anarchistes allemandes publiées en Amérique ou en Angleterre parviennent aux Allemands par voie postale et sous enveloppe, ce qui accable la propagande de frais écrasants. Le plus souvent ils se répandent sous forme d’extraits autographiés imprimés secrètement à Leipzig et à Berlin.

Les feuilles anarchistes en langue anglaise sont:

Document Ephéméride anarchiste.

Freedom (La Liberté) fondé par Parsons*, l’un des anarchistes pendus à Chicago —Publié à Chicago.

Document Ephéméride anarchiste.

Freedom. Edition anglaise illustrée. Publiée à Londres.

Document Ephéméride anarchiste.

The Commonweal, dont les rédacteurs subirent il y a trois mois un procès retentissant. Publié à Londres.

Document Ephéméride anarchiste.

Le Réveil des mineurs, publié en double édition à New-York et à Londres pour le pays de Galles. Deux journaux, seulement sont rédigés en langue portugaise : L’Ecco socialista et le A Tribuna, organe des ouvriers du tabac, publié à Porto.

Les journaux anarchistes de langue espagnole sont :

El Despertad (Le Désespéré), publié à New-York.

El Communista, publié à Madrid.

Document Ephéméride anarchiste.

El Productor, publié à Barcelone.

El Productor, publié à Cuba.

Enfin, un petit journal, La Tramontana, sorte de pamphlet rédigé moins en espagnol qu’en patois catalan et que l’on pourrait comparer à une sorte de Père Duchêne.

La langue italienne compte trois journaux** :

Anarchia, publié à Rome.

El proletario de Marsala, publié en Sicile.

El Revoluzionare, publié â Naples.

El Anarchista, publié à Venise.

Deux journaux, anarchistes sont rédigés en patois argentin. Ce sont :

Document Ephéméride anarchiste.

El typografo et El Perseguido, publiés tous deux à Buenos-Ayres.

Enfin, il nous reste à citer un journal égyptien, publié à Port-Saïd, dont le titre peut se traduire par le Libertaire.

Document Ephéméride anarchiste.

Et le Travailleur libre, organe des groupes ; judaïques révolutionnaires, publié en hébreu pour les juifs, russes.

Au total : trente et un journaux principaux, comptant, tous plusieurs années d’existence et une immense clientèle de lecteurs.

Document Dictionnaire international des militants anarchistes

A côté de ces feuilles importantes, d’autres feuilles paraissent au second plan. Noua citerons par exemple pour la France : Le Falot cherbourgeois fondé à Cherbourg par un contre-maître de l’Arsenal et qui compte son tirage par 5.000 exemplaires hebdomadaires; puis le Libertaire, une feuille autographiée publiée à Alger et répandue sur toute, la côte africaine nord, d’Oran à Sfax.

Document Ephéméride anarchiste.

D’autres feuilles ont vécu après une existence parfois brillante, comme par exemple le Pot-à-Colle, organe des ouvriers du meuble, dont il se vendait chaque semaine 12.000 numéros autour du faubourg Saint-Antoine : et le Cri Typographique, qui ai disparu subitement, après avoir atteint un tirage de 8.000 numéros. La plupart de ces éphémères, dont l’étude offre un pittoresque intérêt, ont vu passer leur clientèle au Père Peinard.

Ce dernier est, parmi les journaux anarchistes rédigés en langue française, de beaucoup le plus notoire et le plus répandu. Son tirage constaté est de 15.000 exemplaires, dont 6.000 environ vendus à Paris. Il est au au lendemain de l’organisation par les anarchistes du syndicat des hommes de peine en vue de prendre place à la Bourse du Travail. De là son nom. Un des manifestants s’avisa de placardée une affiche signée « le Père Peinard », et à huit jours de là, le journal paraissait, d’abord sous forme d’une brochure qui fut comme la « lanterne » de l’anarchie. Puis le format fut doublé, puis doublé encore. Depuis deux ans, le Peinard se publie sur huit pages, dont une réservée aux dessins d’impressionnistes très connus. Il est en passe de devenir quotidien. Cela à travers des vicissitudes multiples. Le journal en est à son neuvième gérant sacrifié, à son neuvième gérant frappé invariablement de deux années d’emprisonnement et de trois mille francs d’amende. Six ont réussi à dépister la police et à se réfugier en Angleterre ou en Belgique. Trois subissent leur peine à Sainte-Pélagie. Et dès qu’au lendemain d’une condamnation la gérance se trouve vacante, c’est à qui s’offrira pour occuper cet emploi tout gratuit et si fatalement dangereux. Il y a dans les bureaux une liste de candidats, attendant leur tour, et sortis de tous les milieux sociaux; les uns semblables à Dejoux, le maçon, qui comparaissait en blouse devant le jury, les autres semblables à Gardrat — le dernier frappé — qui promène dans les foyers anarchistes de la plaçe Maubert ses deux diplômes de licencié ès-lettres et de licencié ès-sciences. Tant il est vrai que l’Ecole normale mène à tout, voire à répondre devant le jury d’articles rédigés en argot de faubourg et destinés à répandre parmi les classes laborieuses la doctrine du pillage, de l’incendie et de l’assassinat. Au reste, le Père Peinard compte des collaborateurs bien inattendus : par exemple un ancien sous-officier de gendarmerie spécialement chargé de fignoler les articles excitant au meurtre des officiers!

En somme, le journal d’action le plus avancé du parti.

La Révolte a d’abord paru en Suisse sous les auspices et la direction d’Elisée Reclus C’est seulement après l’amnistie de 1881 que le journal se transporte à Paris et installe ses bureaux dans la rue Mouffetard, qu’il n’a plus quittée depuis.

Ici nous sommes loin du ton, des manières et des doctrines du Peinard. La Révolte se targue légitimement de préoccupations philosophiques, scientifiques et littéraires. C’est l’organe des vieux anarchistes, des rêveurs; de sociétés futures, des lettrés, des intellectuels — comme on dit dans le parti — les quels ambitionnent de répandre le goût des: lettres et des arts dans les groupes de mineurs: et d’ouvriers des manufactures.

A considérer la liste des abonnés, il est vraisemblable que ce résultat précieux ne sera pas très prochainement atteint. En effet, la Révolte est lue surtout par des hommes graves, des membres de l’Institut, des savants, des médecins, des chimistes, des sénateurs; curieux d’y trouver la dernière idée, la théorie neuve d’Elisée Reclus ou de Kropotkine. C’est l’organe doctrinaire en relations constantes avec le Die Autonomie de New-York et El Productor de Barcelone qui représentent l’anarchie modérée, théorique en Espagne, aux Antilles, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Il a été plus particulièrement question de la Révolte, il y a trois mois, à propos de son conflit avec la société des Gens de Lettres sur le droit de reproduction d’une œuvre d’Emile Zola.

Le tirage de la Révolte ne dépasse pas 7.000.

Le véritable organe purement littéraire de l’anarchie est L’En-Dehors, fondé il y a cinq mois, par un rentier ( !), Gallaud, et auquel vinrent bientôt collaborer Paul Adam, Darien, Malato, Cholin et Sébastien Faure. Paul Adam y a publié sa curieuse série intitulée : Demain; et Darien : le Roman anarchiste.

C’est là enfin qu’Octave Mirbeau a donné un article sur Ravachol qui fit quelque bruit le mois dernier.

L’En-Dehors n’a encore subi qu’une condamnation.

L’Homme Libre, de Bruxelles, est le dernier des grands journaux anarchistes en en langue française. Fondé il y a huit ans par un étudiant belge nommé Paul Gilles, dont le frère compte parmi les écrivains de ce pays, l’Homme libre a connu des vicissitudes et subi des éclipses. Il lui a fallu interrompre parfois sa publication et chercher un imprimeur à Mons, à Liège, à Verviers. Sa périodicité, semble mieux assurée depuis que la direction en est aux mains d’un ouvrier cordonnier qui l’emploie à lutter contre le socialisme autoritaire représenté par Anseele, de Gand, et Jean Volders, de Bruxelles.

Tirage : 4.000 exemplaires vendus en Belgique, à Londres et dans nos départements du Nord.

Un examen complet de la presse anarchiste en langues étrangères exigerait beaucoup de place et beaucoup de temps. Gomment cependant ne point signaler certaines publications bizarres. Par exemple :

Anarchy, journal anglais publié à Smithfield par l’anarchiste Andrews sur une presse de sa fabrication et avec des caractères en bois qu’il a façonnés lui-même, tout seul.

Le Rothschild, pseudo-organe de la classe dirigeante, publié à Londres par Weil, le premier des gérants condamnés du Père Peinard.

D’autres encore…

The Anarchy, feuille anarchiste de quatre pages, mesurant huit centimètres de hauteur sur six de largeur, et contenant huit colonnes de tout petit texte.

En résumé, on estime que la presse anarchiste se compose de plus de deux cents journaux achetés par une clientèle de 300 à 350.000 lecteurs et qui comptent tous des abonnés.

FLOR O’SQUARR.

L’Echo de Paris 30 juin 1892

*Albert Parsons était déjà mort, c’est sa compagne Lucie qui fonda le journal.

** Concernant les journaux italiens, le Bettini et Nettlau indiquent qu’il n’y a pas de journal « Anarchia » publié à Rome, le seul qui ait existé a été publié à Naples et Florence mais en 1877. Idem pour « L’ Anarchista » à Venise, le seul qui existe avec ce titre a été publié à Catania mais en août 1893 (pas de trace à Venise).
« Il (et non El) Proletario » à bien été quant à lui publié à Marsala mais du 4 sept. 1890 au 19 jan. 1892.
Pas de trace du « El » ou plus tôt « Il Revoluzionare » à Naples. (précisions communiquées par l’Éphéméride anarchiste)

Iconographie :

L’Éphéméride anarchiste

Dictionnaire international des militants anarchistes

Maurice Barrès défend son mur contre l’affichage anarchiste

25 samedi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Neuvième chambre correctionnelle Bagarre électorale. Un propriétaire qui défend son mur.

M. Maurice Barrès était candidat dans l’arrondissement de Neuilly aux dernières élections législatives, et la lutte a été chaude entre tous les candidats, notamment entre MM. de Pressensé, Houdard, Lefoullon, qui fut l’heureux vainqueur, et M. Maurice Barres, l’écrivain bien connu.

IL faut dire que bien souvent M. Maurice Barrès trouvait ses affiches couvertes par un papier publiant des théories anarchistes plus ou moins subversives,

M. Barrés rongeait son frein en silence, quand un jour deux anarchistes, les compagnons Rousset et Bastard, viennent se mettre en demeure d’apposer leur fameuse affiche, Le Père Peinard au populo, sur les murs mêmes de la propriété de M. Barrès.

Des amis de M. Barrès qui se trouvaient là s’y opposeront et notamment son secrétaire, M. Sylvain, sortit dans la rue et intima l’ordre aux colleurs d’affiches d’avoir à cesser leur besogne. Ceux-ci refusèrent plusieurs colloques s’engagèrent qui bientôt dégénérèrent en une rixe violente, d’autant plus que des camarades venaient de se joindre au groupe anarchiste. Au cours de cette bagarre la bonne de M. Barrès était descendue et, apprenant de quoi il s’agissait, défendit vaillamment son mur et se jeta dans la mêlée. Pendant que M. Sylvain était terrassé et battu, la bonne eut la main traversée par un instrument pointu que l’on soupçonna être un couteau, mais personne n’a vu l’arme, pas même la blessée,

En raison de ces faits, Jules-Louis-Etiènne Rousset et Michel Joseph Elysée Bastard comparaissaient hier devant la neuvième chambre correctionnelle, présidée par M. Bastid, sous l’inculpation de coups et blessures.

M. le substitut Seligman soutient l’accusation et Me Lagasse, assiste les deux compagnons.

Bien loin de faire jaillir la vérité, les dépositions des nombreux témoins ne font qu’embrouiller l’affaire, ainsi qu’il arrive souvent. Toutefois, après la plaidoirie de Me Lagasse, le tribunal condamne les deux compagnons chacun à 50 francs d’amende et aux dépens. Merci pour l’anarchie s’écrie, en sortant et remerciant le président, l’anarchiste Bertrand.

Le Matin 24 septembre 1893

BOSSARD Célestin, Félix, Onésime, Marie

24 vendredi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Biographies

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Né le 5 mars 1861 à La Gaubretière (Vendée). Cordonnier. Syndicaliste et anarchiste parisien.

Metropolitan museum of art. Alphonse Bertillon. Albumens silver prints. Photographs.

Célestin Brossard, marié, sans enfant, demeurait 13 rue Lavieuville ( XVIIIème arr.) depuis le 21 novembre 1892. Il vivait séparé de sa femme, Antoinette Rigaud, épousée le 1er mars 1892.
Il travaillait depuis 1891, à domicile pour le compte du bottier Guitaux, 23 Faubourg Saint-Honoré.
Très bon ouvrier, son salaire aurait pu lui permettre de vivre mais il se trouvait toujours dans la gêne car il dépensait son argent en secours aux compagnons anarchistes et en cotisations diverses aux groupes.
Il était anarchiste-communiste et recevait chez lui de nombreux anarchistes. Il faisait partie de la chambre syndicale des cordonniers à la Bourse du travail.
Le 30 juin 1894, le préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs.
Le 1er juillet, le commissaire de police du quartier de la Chapelle, se présenta à son domicile, situé au 2e étage, chambre n°12, où il travaillait avec un autre cordonnier. La perquisition fit découvrir L’Almanach de la question sociale  de 1893, 5 procès-verbaux de réunions de la Chambre syndicale des cordonniers, deux numéros de la Révolte de février et mars 1894 et deux cartes électorales de l’année 1893, remises par Bossard, qui tenait à montrer qu’il votait.
Le 3 juillet, il fut incarcéré à Mazas et mis en liberté provisoire le 9 juillet.
A l’automne 1900 il faisait partie avec notamment François Liegeois et Pierre Louvet du petit groupe de cordonniers anarchistes qui se réunissait chaque semaine Aux Lions Caulaincourt, Port Caulaincourt. Puis en 1902 il fit partie avec entre autres Boulun, Liegeois, Saulnier et Louvet de la coopérative communiste de production de cordonnerie dont le siège se trouvait 18 rue Molière.
Il y a sans doute identité avec le militant anarchiste Bossard qui succéda définitivement à Delalé en 1907 au secrétariat du syndicat de la cordonnerie parisienne, poste qu’il avait occupé antérieurement en alternance avec lui.

SOURCES :
Arch. Préf. pol. BA 1498, 1500 — Arch. de Paris D.3 U6 50

Joseph Eyglier, un anarchiste en correctionnelle à Marseille en 1893

23 jeudi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Les anarchistes au comptoir de l'injustice

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Anarchiste en Correctionnelle.

Joseph Eyglier, ancien gérant de l’Agitateur, est anarchiste ou du moins il reconnaît l’a voir été. Aujourd’hui il déclare « ne plus se mêler d’anarchie ». Qu’est-ce qui l’amène devant le tribunal? Travaillant, 11 y a quelque temps, pour le compte de MM. Savon frères, il a fait un effort en chargeant un sac et il en est résulté pour lui une hernie. Il s’est rendu chez M. Menc, commissaire de police du 15e arrondissement, pour lui remettre une liste de témoins dans son affaire et comme ce fonctionnaire avait transmis cette liste à la Compagnie des Docks, Eyglier qui est d’un naturel violent, s’est fâché :

— Vous faites du fourbi avec les Docks! s’est-il écrié. Mais je les ferai sauter. D’où une double poursuite en outrages à un magistrat administratif et menaces de destruction d’un édifice, à laquelle il avait à répondre hier, devant la 4° chambre. — vous avez seize condamnations? lui de mande M. le président Chamand.

— Vous vous trompez, réplique Eyglier; et puis ce sont des condamnations politiques. Le compte fait, il se trouve qu’il n’y en à que quatorze, dont plusieurs à Toulon pour coups; une de 8 mois à Aix pour vol; plusieurs à Marseille pour rébellion, outrages a magistrats, etc.

— Vous avez dit n’avoir subi que des condamnations politiques, or, je n’en trouve que deux de cette nature sur quatorze. Expliquez-vous sur l’outrage et la menace de destruction qui vous sont reprochés?

— J’avais dû cesser mon travail, J’avais faim. J’étais égaré et j’ai dit: «Si on ne me fait pas justice, je fais sauter les Docks ! » Mais c’était une façon de parler, j’avais l’esprit surexcité.

— Il faut calmer votre esprit, lui conseille M. le président. M. le substitut Gheerbrant fait connaître que le prévenu se présente toujours devant les magistrats la menace à la bouche. « J’ai été obligé, dit l’organe du ministère public, de le mettre à la porte de mon cabinet, Sa femme a dû se séparer de lui et aller vivre avec sa fille. »

Me Raoul Brion présente avec beaucoup de modération la défense du prévenu. Le tribunal accorde à celui-ci les circonstances atténuantes et, vu sa bonne attitude à l’audience, ne le condamne qu’à 2 mois de prison (la détention préventive ne comptant pas.)

Le Petit Marseillais 29 décembre 1893

Conférence anarchiste à La Seyne en février 1893

23 jeudi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Documents

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La Seyne.

Une conférence anarchiste a été faite mardi soir, dans la salle des Folies-Seynoises, par un groupe de compagnons venus de Toulon, an nombre de dix-sept; trois pour parler, les autres pour former le bureau ; 228 personnes (chiffre exact), y assistaient. Ont pris la parole, les compagnons Riemer, Daumas et Montant. Ce dernier, qui s’exprime avec aisance et bien, a été particulièrement écouté. La réunion a été des plus calmes. Les théories sont ce que l’on connaît: le procès de la société actuelle, par un tableau outré des misères du peuple. Les orateurs ont été relativement modérés, plus d’un candidat à le députation en a dit parfois bien davantage et de plus carabinées. A signaler la déclaration d’un compagnon, ancien journalier dans nos ateliers, qui dit avoir été renvoyé parce que l’on s’était aperçu qu’il était trop intelligent. Ce qui est sans doute modeste de sa part, en même temps que flatteur pour les deux ou trois mille ouvriers qui n’ont pas encore été renvoyés, évidemment parce qu’ils en sont pas intelligents. La réunion s’est terminée paisiblement par la présentation d’un ordre du jour, qui faisait adhérer l’assemblée au programme anarchiste. Ce programme, bien que suffisamment édulcoré par les discours tout à fait pacifiques des orateurs anarchistes, l’ordre du jour n’a guère été adopté que par cinq ou six mains. Les orateurs ont levé la séance en criant : Vive la révolution sociale !

Le Petit Marseillais 9 février 1893

DECKER Joseph dit DECKER Jeune

23 jeudi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Documents

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Né le 31 décembre 1847 à Krautergersheim (Bas-Rhin). Ouvrier tailleur, anarchiste et syndicaliste parisien.

Metropolitan museum of art. Alphonse Bertillon. Albumens silver prints. Photographs.

Joseph Decker avait subi plusieurs condamnations : 1 mois de prison à Belfort le 27 novembre 1865 pour vol ; 3 mois à Colmar, le 27 juin 1867, pour escroquerie ; un mois à Schlestadt, le 19 octobre 1867, pour vol ; 6 mois à Paris le 16 janvier 1869, pour vol ; 15 jours à Paris le 4 mai 1891, pour port d’arme prohibée, lors des manifestations pour le 1er mai. A cette occasion une souscription fut organisée à son bénéfice qui rapporta 103, 45 francs.

Decker avait opté pour la nationalité française à Paris le 8 juillet 1872. Il était veuf, sans enfants et demeurait 1 rue Bachelet.

Il avait travaillé chez MM. Constient et Auché, 6 rue Louis Legrand, puis chez M. Weil 46 rue Lafayette. Il se retrouvait sans emploi depuis le mois de décembre 1893.

On le nommait Decker Jeune, pour le distinguer de son frère aîné Louis, né en 1840 qui professait aussi des opinions anarchistes.

Il était signalé comme anarchiste depuis 1885. Il fit partie du groupe La Panthère des Batignolles, des groupes La Sentinelle, Les Deshérités de Clichy, les Antipatriotes et de la Chambre syndicale des hommes de peine.

En 1889, il fut trésorier de la Chambre syndicale des tailleurs.

Le 1er mai 1891, il était arrêté rue Royale, au moment où il manifestait ses opinions anarchistes sur la voie publique. Lors de son arrestation, il était porteur d’un manifeste anarchiste et d’un revolver.

Il fréquenta ensuite les réunions des groupes anarchistes de Montmartre où il était moins assidu qu’auparavant.

Decker assista à trois réunions anarchistes chez Duprat les 8, 22 et 29 janvier 1894. Il connaissait Duprat depuis 1885.

Le 8 mars 1894, il fut arrêté chez Duprat. Le commissaire de police du quartier du Mail perquisitionna à son domicile. La perquisition fit découvrir une chanson Germinal, des talons de mandats qu’il avait fait parvenir à Jean Grave, alors qu’il était dépositaire de son journal, antérieurement à 1891, un reçu de la souscription faite à son bénéfice en 1891, le livre de compte de la Chambre syndicale des tailleurs, des brochures et une gravure Les Martyrs de Chicago.

Le 9 mars, il fut incarcéré à la prison de Mazas et mis en liberté provisoire le 7 mai 1894.

Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra un nouveau mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs. Le 1er juillet, le commissaire de police du quartier de la Chapelle se présenta au 22 rue Lambert au domicile de sa compagne, concierge de l’immeuble, où il trouva Decker qui protesta contre son arrestation, alors qu’il venait d’être mis en liberté par le juge d’instruction Meyer. Le commissaire saisit un carnet contenant divers papiers appartenant à Decker.

Le 5 juillet, il était incarcéré à Mazas et remis en liberté le 10 juillet.

Le 10 juin 1895, le juge Meyer prononça une ordonnance de non lieu dans l’affaire d’association de malfaiteurs.

Decker figurait sur les états d’anarchistes 1900-1912 de la préfecture de police. Il demeurait 17 rue Boudeloque et son dossier portait le n°136.396

SOURCES :
Arch. de Paris D.3 U6 49 — Préf. de Pol. Ba 1500.

BORLA Jean, Michel

22 mercredi Nov 2017

Posted by fortunehenry2 in Biographies

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Né le 29 septembre 1847 à Cirié (province de Turin. Italie), ajusteur, anarchiste de Saint-Denis (Seine).

DR

Jean Borla avait travaillé comme ouvrier d’armurerie à Saint-Etienne, le 28 juin 1875, il avait condamné à Lyon à 8 jours de prison, pour outrages à agents.

Depuis 1877, il était employé comme ajusteur à la fabrique de canons Hotchkiss à Saint-Denis. Il vivait maritalement depuis la même année, avec Elisa Royer, blanchisseuse avec laquelle il eut un enfant.

Borla fut en relation avec les anarchistes en 1891-1892, puis cessa de les fréquenter. En 1894, il semblait ne plus s’occuper de politique.

Borla figurait sur la liste des anarchistes du 20 février 1894, établie par la Préfecture de police. Son dossier portant le n° 214.980.

Le 28 février 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs.

Le 2 mars, le commissaire de police de St Denis Nord, se présenta à son domicile, 5 rue de Strasbourg à St Denis où il occupait un logement situé au premier étage, composé de trois pièces et d’un atelier. La perquisition fit découvrir le numéro du 24 décembre 1890 de la Riscossa, celui du 26 février 1891 d’Il Proletario, un numéro du journal satirique ‘L Birichin et une brochure La société future. Borla expliqua que la brochure avait été distribuée à la porte de l’usine. Il reconnut qu’il lisait le Père Peinard à l’usine Hotchkiss. Il fut emprisonné à Mazas le 3 mars 1894 et mis en liberté provisoire le 6 mars.

Le 6 juin 1895, le juge d’instruction Meyer, délivrait une ordonnance de non lieu dans l’affaire d’association de malfaiteurs.

SOURCES :
Arch. de Paris D.3 U6 49 — Préf. de Pol. Ba 1500.

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